HANDFUL OF HATE - Vicecrown (Code666) - 29/10/2003 @ 14h22
Il était une fois un jeune label au nom évocateur (et pourtant tout sauf auto-révélateur) qui fit ses premières armes en mettant le pied à l’étrier de deux futures étoiles montantes de la scène metal avant-gardiste, j’ai nommé Rakoth et Ephel Duath. Code666 était né pour ne plus disparaître du paysage. Au fil des mois et des sorties toutefois, la politique de signatures s’orienta de moins en moins en faveur des petits groupes à démo en quête de premier contrat, et de plus en plus vers des artistes revanchards, à divers degrés et pour diverses raisons. C’est ainsi qu’on vit débarquer des noms déjà connus - mais insuffisamment reconnus - comme Enid, Atrox, Konkhra, Negura Bunget, Manes, Unmoored et tout récemment Canaan (yesss !!!) dans une écurie milanaise joyeusement éclectique et désormais rodée aux joutes impitoyables de l’industrie métallique. Parmi tous ces groupes il manquait encore une véritable arme de destruction massive qui puisse faire concurrence aux pointures les plus sanguinaires de la scène black scandinave. Oubli désormais oublié grâce à Handful of Hate, trio transalpin qui depuis une décennie blasphémait sa mémé dans une quasi-confidentialité à peine chamboulée par deux albums sous Northern Darkness Records (vous connaissiez ? moi non plus…). Bref, toujours est-il que Code666 place de grands espoirs dans cet album, et qu’il est de notre devoir de comprendre pouquoi…
Le démarrage se fait sur les chapeaux de roue. A peine le temps de se relever de la première volée d’uppercuts que Handful of Hate, seigneurs en leur château, ont déjà imposé leur rythme de croisière : celui d’un black metal musclé et suffisamment gréé niveau technique, qui ne rejette pas l’appel du coude de mélodies dark et incisives. Grosse production, grosse valeur ajoutée instrumentale - la complémentarité naturelle des musiciens est immédiatement palpable - « Vicecrown » promeut un chaos bien ordonné, combat la surcharge (zéro synthé, zéro solo) et entame son opération « séduction » sous les meilleures auspices à l’aide d’un excellent tiercé de titres carnassiers et ardents comme le tison qui scarifie les chairs. Puis on en arrive à la quatrième plage, un quasi-mimétisme du morceau « Dreams of Blood and Iron », la mémorable marche funéraire de l’album « Nightwing » de Marduk. Et comme par un déclic, voilà que le disque se met subitement à briller par sa consanguinité avec l’œuvre des Suédois. La musicalité perd du terrain, les arrangements distinctifs se raréfient et au mieux se cumulent à perte aux barrages de barbarie obstinée, au gabarit inflexible pour les nuances. Sans concéder une once de son rendement athlétique, la musique tend à prendre des traits plus grossiers, chose qui n’offusquerait pas en soi si seulement c’était la direction tranchée vers laquelle elle nous avait orientés dès le début. Même le vocaliste vient fréquemment étalonner son débit sur celui auquel Legion accoutume son monde depuis des plombes, alors qu’il ne le faisait jamais au début de l’album. A partir de là Handful of Hate abandonnent en quelque sorte l’utilité de leur musique à un jugement conditionné par l'adhésion ou non à « Panzer Division Marduk » (et à ses dérivés, Marduk-iens ou autres), alors que les Italiens ont manifestement le potentiel pour doubler cette caravane stylistique quelque peu obsolète, pour ne pas dire séquestrée dans ses principes de bourrinage académique. A noter que le pénultième morceau « Catharsis in Punishment » déride la rythmique de façon éphémère en quelque chose de plus sautillant, proche du thrash/death, mais le mal (si j’ose dire) est déjà fait. Dommage… « Vicecrown » n’en reste pas moins un album abouti et sans faux-fuyant, à la réalisation exemplaire, l’une des productions majeures du genre sans problème. Mais pour cette année 2003 je vois plusieurs autres albums à conseiller en première intention aux aficionados du black brutal à gros riffs, parce que plus originaux et au moins tout aussi décapants, en particulier les petites bombes signées Funeris Nocturnum (« Code 666 : Religion Syndrome Deceased ») et Unveiled (« Anti-God Behaviour »).



Rédigé par : Uriel | 13,5/20 | Nb de lectures : 8022




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