La formation de San Fransisco HAMMERS OF MISFORTUNE fait partie de ces groupes qui fascinent et rendent dingues certains fans de metal... mais qui laissent toute une flopée de metalleux complètement circonspects quant à l'originalité du groupe et de ses albums.

Les chroniques dithyrambiques de leurs opus parues sur Blabbermouth ou Terrorizer ont fini par attirer l'intérêt du label Metal Blade qui vient de signer le groupe de John Cobbett (Ludicra/ex-The Lord Weird Slough Feg) qui sortira un nouvel opus en 2011.

En attendant cette sortie, le label américain en profite pour rééditer les 4 premiers albums du groupe : "The Bastard" (2001), "The August Engine" (2003), "The Locust Years" (2005) et "Fields/Church of Broken Glass" (2008). Vous retrouverez ci-dessous les chroniques de "The August Engine" et "The Locust Years" publiées il y a quelques années sur VS et qui démontrent les différences de sensibilités de Dungorpat et Dark Tranquilou vis-à-vis de la musique de HAMMERS OF MISFORTUNE.

The August Engine

dark tranquilou : Un nom plus que convenu, une vilaine pochette à l’opposé de la musique du groupe : voilà la recette idéale pour passer à côté un bon groupe qu’on ne connaît pas ; et franchement ce serait bien dommage de ne pas laisser sa chance à Hammers of Misfortune tant le groupe fourmille d’idées. En fait je serai même tenté de dire qu’il a peut-être trop d’idées justement, ce dernier semblant se perde à vouloir aller dans toutes les directions à la fois.
Cet album est loin d’être mauvais, c’est le contraire en fait, cependant il est quand même difficile de trouver un fil conducteur tant on trouve de choses dessus. Tout commence par un morceau instrumental proposant un métal très technique rempli de breaks et de changements de rythmes. Ce n’est toutefois pas chiant comme peut l’être un morceau standard de métal progressif instrumental, c’est pourquoi je préfère employer le terme de métal technique (surtout qu’il n’y a pas claviers rébarbatifs et stériles pour alourdir la musique). En fait ce morceau fleure bon le techno thrash d’il y a quelques années, aidé en cela par une production rappelant elle aussi le début des 90’s. Après cette entrée en matière le groupe s’amuse à brouiller les pistes en changeant quasiment de style à chaque morceau (je vous rassure tout de suite ça reste du métal). Gratte sèche, notes fugaces au piano, murmures féminins, tels sont les ingrédients constitutifs du deuxième titre « Rainfall » où l’on constate la disparition de la saturation. Retour des riffs thrash et des amplis qui pleurent sur le troisième et découverte du chanteur officiant dans un registre clair qui ma foi n’est pas déplaisant, une sorte de Lemmy sans le côté rauque. Bref, il y en a un peu pour tous les goûts sur cet album. On peut se retrouver aussi bien avec un morceau qui commence calmement et qui s’accélère progressivement : « Insect » (qui propose sur le refrain une ligne de chant très motorheadienne) ; ou avec un morceau purement doomesque : « The trial and the grave » où la voix de la chanteuse fera merveille. L’éventail entre les deux styles est plutôt large mais le groupe passe tout en revue avec une certaine aisance. Comme vous avez pu le lire, ils sont deux à se partager le chant suivant les morceaux et l’humeur du moment, un coup c’est le chanteur qui s’y colle, un coup c’est la chanteuse et parfois les deux ensemble le temps d’un duo. Diversité instrumentale et diversité vocale sont associées tout au long de l’album.
On ne peut donc pas leur reprocher de manquer de variété mais ce qui peut être un point positif pour les uns peut également être un point négatif pour d’autres. Il ressort de cette écoute que le groupe possède un fort potentiel créatif qu’il exprime sous plusieurs formes « métalliques » si je puis dire, mais il faut quand même s’accrocher pour le suivre dans ces expérimentations. Résultats des courses : il faut être ouvert musicalement parlant pour adhérer complètement à cet album, si tel est le cas, vous allez vous régaler. Cela n’a pas empêché les précédentes réalisations du combo d’être plébiscitées par le public outre-Atlantique (cet album a été enregistré en 2001/2002, la suite ne devrait plus trop tarder). Et puis de l’ouverture d’esprit (ou ouverture du porte-monnaie vous allez voir), si les fans n’en ont pas, l’ancien bassiste en déborde ! Ce dernier est parti voir s’il fait meilleur chez Pink, la star pop/punk.
16/20


The Locust Years

Dungorpat : Si on en croit la biographie de HAMMERS OF MISFORTUNE, ses deux premiers albums ont été acclamés par la critique… Un chroniqueur aurait même été jusqu’à dire que ne pas aimer HOM revenait à ne pas aimer le métal… Autant dire que même si je n’avais jamais entendu parler du groupe, j’étais curieux de découvrir leur troisième opus, « The Locust Years ». Contre toute attente, en à peine quarante-cinq minutes il remit en cause quinze ans de totale dévotion au Heavy Metal ! Et moi qui pensais être un vrai hardos, fier de mes cheveux longs et de mes t-shirts à têtes de mort et signes de SATAN ! Je découvrais n’être en fait qu’un imposteur, je n’aimais donc pas le heavy metal… M’enfin !?

Qu’allais-je donc faire des posters qui recouvrent encore les murs de ma chambre d’adolescent, comment allais-je annoncer cela à mes parents ? « Bon ben voilà, toutes ces années à supporter ces mecs qui braillent et ces musiques de décérébrés… ben c’était pour rien, jm’ai trompé, désolé… ». Et dire que ma mère aimait MAIDEN et n’était pas loin du headbanging quand je lui mettais du DEICIDE ! Non, décidément je ne pouvais pas abandonner tout cela, la seule solution, soumettre la réflexion du journaliste évoquée ci-dessus à une contre analyse : peut-être que ne pas aimer HAMMERS OF MISFORTUNE ne signifiait pas qu’on n’aimait pas le métal, mais tout simplement qu’on jugeait que ce groupe n’était pas à la hauteur de ses prétentions.

Pourtant, les Américains ne manquent pas d’ambition et font ce qu’ils peuvent pour enrichir leur heavy typé années 80 : double chant (masculin et féminin), longues chansons, ambiances travaillées… Mais sauf en de rares occasions comme la mélancolique « Window’s Wall » ou l’instru « Election Day », bien sympa avec son orgue à la RAINBOW/DEEP PURPLE, leurs efforts restent vains. « The Locust Years » est monotone, les plans progressifs sont tirés par les cheveux, le chant de Mike Scalzi (également guitariste) est plat, seule la charmante Jamie Myers (chant et basse) remonte le niveau avec des interventions pleines de sensibilité, dans un registre souvent plus proche du métal atmosphérique moderne que du heavy d’antan. Et on se dit qu’avec des chansons plus simples et moins longues, HAMMERS OF MISFORTUNE s’en sortirait beaucoup mieux, d’autant qu’on décèle quelques références à « Powerslave », l’un des chefs-d’œuvre d’IRON MAIDEN, et que la comparaison n’est évidemment pas à l’avantage des plus jeunes.
08/20


Rédigé par : VsGreg | Discographie/ | Nb de lectures : 12949