Vous êtes sujet à la migraine ? Allez voir ailleurs. Vous souffrez de névroses/paranoïa/schizophrénie ? Passez votre chemin. Vous aimez rire ? Faites ctrl+alt+suppr. C'est une expérience terriblement éprouvante qui vous est présentée ici et si le sentiment de désespoir ultime devait être retranscrit en musique, c'est peut-être à Halo que l'on confierait cette mission. Dans le genre industriel/post-hardcore, on atteint des sommets et la lenteur, l'oppression, la frustration, la panique, la terreur, le malaise à fleur de peau sont tous des sentiments que Halo se plaît à récolter pour en distiller les fruits dans ce "Body of light" déconcertant. C'est terriblement lent, rampant, bruitiste, dissonant et pourtant on peut encore parfois appeler cela de la musique. Un Neurosis sous Prozac, un Godflesh qui s'est levé du pied gauche, un Cult of Luna qui a perdu son sens de la mélodie, voilà ce qu'est Halo et voilà ce qui vous attend ici. On trouvera une batterie d'une lourdeur cataclysmique qui ferait passer tous les doomeux pour des adeptes du ska, une basse ronflante, monolithique, terriblement saturée qui envahit la totalité du champ auditif et un chant à la fois déséspéré et haineux qui devient parfois anecdotique confronté à ce chaos musical. Sans tomber dans le drone, ni le sludge trop dépouillé, Halo peut faire penser à du Scorn, en particulier par son côté détaché, souvent neutre et indifférent à toute la détresse qu'il peut bien engendrer. Quand Halo devient parfois plus rythmé ("Man whore") ou emphatique ("Body of light") c'est uniquement pour nous entraîner encore plus loin dans son délire en nous hypnotisant et une seule écoute de ce disque suffit à se sentir complètement déboussolé et on se pose la question de savoir si l'on n'a pas été victime d'une vile imposture. Ce disque est tellement linéaire, tellement froid et dépourvu de vie qu'on ne peut que s'interroger pour savoir si son géniteur est humain. La seule chose qui m'a rassuré est de savoir que Skye Klein, une des deux têtes pensantes qui composent Halo, est également leader de Terminal Sound System, groupe qui possède quand même quelques vertus mélodiques évidentes. Que les âmes sensibles ignorent catégoriquement ce disque. Les amateurs de toutes les formations citées en vrac dans cette kronik se doivent eux d'essayer cette expérience extrème qui ne peut pas les laisser de marbre. Si le fameux tunnel blanc qui vous transporte de la vie vers la mort avait besoin d'un accompagnement musical, il serait tout trouvé ici. Terrible. http://www.halo.antisound.net


Rédigé par : Loufi | 16/20 | Nb de lectures : 7598