Trop souvent, les réunions et autres supergroupes ne sont finalement viables que sur le papier, soit parce qu’une idée qui semblait bonne un soir de biture s’avère beaucoup moins pertinente quand il s’agit d’écrire un album, soit parce que les prises de têtes qui ont conduit certains groupes à la séparation reviennent bien vite, soit tout simplement parce que chacun a ses obligations avec sa/ses propres formations et que la survie du supergroupe en question ne tient qu’aux news régulièrement postées dans les médias spécialisés et à l’indéfectible passion des fans.

Et bien tout cela va changer mesdames et messieurs! Tout cela va changer parce que HAIL OF BULLETS a concrétisé un projet qui fait saliver tous les fans de death old school depuis la parution de sa démo quatre titres l’an dernier. Une revue des troupes s’impose tout d’abord : Martin van Drunen (ASPHYX, ex-PESTILENCE) – vocaux, Paul Baayens et Stephan Gebédi (THANATOS) – guitares, Theo van Eekelen (ex-HOUWITSER) – basse et Ed Warby (GOREFEST) – batterie… Ouais, je sais, ça m’a fait le même effet. Ajoutons Dan Swanö, le génie suédois auteur de quelques-uns des meilleurs albums de death mélodique avec EDGE OF SANITY et producteur culte des années 90 (MARDUK, DISSECTION, etc.), qui donne encore plus de cachet à un album déjà jouissif à la base.

JOUISSIF, le mot est dit. « … Of Frost And War », c’est l’assurance de choper une trique à démonter les pneus, le death metal dans son essence nord européenne originelle. Même si la prod est particulièrement claire, Dan Swanö a conservé ce grain caractéristique des guitares, cet effet tronçonneuse pas toujours intelligible mais immanquablement guerrier, cette puissance destructrice que les Suédois ont érigée au rang d’art. Bien sûr, il ne faudra chercher absolument aucune innovation chez HAIL OF BULLETS, et le faire serait une insulte au travail de restauration effectué par le groupe. On ne remet pas en état une Mustang pour lui mettre un GPS, des écrans DVD derrière les appuie-tête et un diesel à injection haute pression sous le capot, c’est la même chose pour HOB. Hormis une concession aux normes de productions actuelles, tout est issu de ces années où le death révolutionnait l’extrême. Il ne faut cependant pas réduire le groupe à une pompe de ce que la Suède a produit, « … Of Frost And War » étant plutôt un condensé de ce qui s’est fait de mieux ces années-là, avec la lourdeur d’OBITUARY, les tempos rapides et le jeu limite punk à la suédoise, l’imagerie guerrière de BOLT THROWER (l’album est d’ailleurs entièrement consacré aux combats sanglants qui eurent lieu sur le front de l’Est lors de la deuxième guerre mondiale) et les fulgurances mélodiques de GOREFEST comme le final épique de « Berlin », qui clôt l’album sur une ligne de guitare lancinante et triste qui se détache douloureusement du mur de guitares… Et je n’ai pas encore parlé de Martin van Drunen ! De sa voix aussi ravagée qu’à la bonne époque et de son aura sur le disque ; parce qu’on peut bidouiller un son de guitare, imiter un batteur, mais qu’on ne peut reproduire à l’identique les sons déchirants produits par les cordes vocales torturées des Schuldiner, Tardy, Grewe et bien entendu van Drunen. Il est le lien audible entre HAIL OF BULLETS et l’Histoire, que lui et Ed Warby ont écrite, il y a près de vingt ans et quel meilleur hommage à ces années et aux groupes cultes de cette époque que cet album de bout en bout irréprochable, qui fera chialer les nostalgiques et donnera peut-être aux ptits jeunes l’envie d’aller écouter ce qui se passait avant même qu’ils ne soient nés.

La Hollande du death metal, avec les reformations d’ASPHYX et de PESTILENCE et la bonne santé de GOREFEST et de THE MONOLITH DEATHCULT est en train de refaire surface, laissant les nouvelles modes aux autres et se concentrant sur ce qui a fait sa renommée dans le passé. Avec « … Of Frost And War », HAIL OF BULLETS confirme la tendance et s’impose d’ores et déjà comme la plus belle surprise du genre cette année… et pour 2009, un MORGOTH ce serait sympa non ?


Rédigé par : Dungorpat | 18/20 | Nb de lectures : 14729