L’un des dommages collatéraux aussi inattendus qu’attristants de la chute sans fin des ventes de disques (60% en cinq ans, allez encore un effort les pirates et il ne restera bientôt plus un seul label) est la disparition progressive des EP. Vous savez ces en-cas que les groupes s’amusaient jadis à mettre en boîte entre deux albums, histoire de donner quelque chose à becqueter aux fans tout en testant à moindres frais deux ou trois trucs. Hélas, manque de rentabilité oblige (de plus en plus de gens rechignent à banquer 10 euros pour ‘seulement’ quinze ou vingt minutes de musique à l’heure où l’on peut gaver un CD trois ou quatre fois plus), il est fort probable que des ‘Cross the Threshold’, ‘Wolverine Blues’ ou autre ‘Haunting the Chapel’ n’auraient aujourd’hui jamais vu le jour.

Heureusement, les membres de HAIL OF BULLETS sont des vieux cons justement élevés au son de pas mal de ces maxis. Dans un élan de générosité, ils ont donc décidé après le succès de leur premier album l’année dernière de nous balancer un ch’tit mini CD de derrière les fagots, histoire de battre le fer pendant qu’il est encore chaud tout en composant, selon eux, un nouvel album attendu pour le milieu de l’année prochaine. Alors pour les cons du fond qui n’écoutaient pas ou les fans d’HAMMERFALL, je rappelle juste que HOB fait fièrement du death à l’ancienne, entre BOLT THROWER et MASSACRE, et est constitué de la fine fleur de la scène death-metal hollandaise (THANATOS, ASPHYX, GOREFEST, etc.). Au premier rang, on y retrouve d’ailleurs le grand, que dis-je, l’énormissime beugleur Martin van Drunen qui a signé là son grand retour après plus de dix ans d’absence et qui d’ailleurs depuis ne s’arrête plus !

Limité à 2,000 exemplaires (futur collector donc), ‘Warsaw Rising’ est sans surprise un EP dans la pure tradition. C’est-à-dire quelque chose d’aussi appétissant que dispensable pour le fan, le genre de truc un peu fourre-tout dont l’on se passerait sans problème mais qui fait plaisir aux cages à miel. Surtout qu’avec trois morceaux-studio et trois live pour une durée totale de près de trente minutes, on en a pour son argent. Les deux nouveaux titres, avec une préférence pour le plus heavy, « Liberators », sont d’autant plus dans la même lignée que ceux de l’album qu’ils se révèlent être des sortes d’appendices de ‘… Of Frost and War ‘ car suivant la même thématique (la Seconde Guerre Mondiale). Si les versions live de « Wolves of Stalin », « Nachthexen » et « The Crucial Offensive » ne se différencient pas des masses de leurs versions originales - sûrement parce qu'elles ont été immortalisés au Party San en août dernier lors de leur tout premier concert, où l’on entend d’ailleurs van Drunen introduire les titres en teuton - la vraie surprise de ‘Warsaw Rising’ reste cette reprise méconnaissable de TWISTED SISTER. Tout comme DIMMU BORGIR avait réussi en 2001 à métamorphoser « Burn in Hell » en hymne satanique, les HAIL OF BULLETS font passer le « Destroyer » du premier album de la bande à Dee Snifer (‘Under the Blade’) sur le billard et le rendent aussi jouissif que quasi-méconnaissable, à la limite du sludge (!) et d’une écrasante lourdeur.

Donc tout anecdotique qu’il soit, non seulement ‘Warsaw Rising’ prouve que HAIL OF BULLETS n’est pas un délire entre potes sans lendemain, mais il confirme aussi brillamment que ‘…Of Frost and War’ n’était pas le fruit du hasard. Woody Allen a dit qu’écouter du Wagner lui donne envie d’envahir la Pologne. Or ce qui est marrant, c’est que HOB me fait le même effet. Et vous ?!


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 4/5 | Nb de lectures : 11528