Beaucoup d’entre nous le souhaitaient mais peu, certainement, auraient parié sur un deuxième album de HAIL OF BULLETS aussi rapidement. En bons métallurgistes de l’Enfer, les Hollandais savent cependant battre le fer quand il est chaud et un an après la sortie du mini « Warsaw Rising », chargé à bloc, c’est donc ce fameux deuxième album qui débarque. Trois sorties en trois ans, il se pourrait bien que cette aventure, malgré son côté « supergroupe », soit bel et bien une histoire d’hommes et de passionnés plus qu’un moyen pour de vieilles gloires en pleine crise de la quarantaine de se faire dorloter l’égo… Ceci étant, la partie n’est cette fois pas gagnée d’avance.

Si le CV de la troupe a en effet indéniablement joué en sa faveur à la sortie du premier opus, la sortie quelques mois plus tard d’un nouvel album d’ASPHYX et plus récemment d’un live a en partie comblé les fans qui désespéraient de réentendre à nouveau Martin van Drunen, certainement le membre du groupe le plus adulé, se déchirer les cordes vocale sur du Death Metal à l’ancienne. Cette fois, bien qu’attendu, « On Divine Winds » n’arrive donc pas en terrain conquis, d’autant que le projet Doom d’Ed Warby (GOREFEST, DEMIURG, AYREON), THE 11th HOUR, n’a pas fait l’unanimité. « Il ne suffira pas de balancer trois riffs Death bien gras et old school et de vomir quelques borborygmes pour s’en sortir cette fois ! »… Qu’on aurait pu se dire. Et pourtant…

Et pourtant, avec toute la morgue que leur autorise leur statut de personnages cultes de la scène, les Hollandais nous resservent à peu de choses près ce qu’ils nous ont servi en 2008, et le plus fort c’est que ce qui a marché à l’époque puis en 2009 avec le EP fonctionne toujours aussi bien en 2010 ! Le thème, à savoir la Seconde Guerre Mondiale, est le même avec une variante : l’action se déroule cette fois dans le Pacifique, comme le suggère l’artwork, et débute avec l’attaque de Pearl Harbour par les Japonais pour se terminer avec la reddition de l’armée impériale suite aux bombardements intensifs du Japon par les Américains. Le livret comporte à ce propos quelques lignes précisant le contexte historique choisi pour chaque morceau et permet de parfaire sa culture tout en prenant son pied !

Parce que son pied, on va le prendre sur « On Divine Winds » ! Légèrement moins rapide que « Of Frost And War », il n’en est pas moins belliqueux, voire même plus quand il s’aventure sur le terrain du Doom (la première partie de « Full Scale War », « To Bear The Unebearable », que n’aurait pas renié MY DYING BRIDE) comme aux meilleures heures d’ASPHYX ou, justement, de THE 11th HOUR. La recette n’a pas changé vous disais-je, et « On Divine Winds » est donc fait d’assauts brutaux et rapides bien old school et de progressions lentes mais implacables, le tout soutenu par une production énorme qui conserve et amplifie ce grain si particulier des guitares qui a fait le succès du Death Suédois. Dan Swanö a encore fait du bon boulot à ce niveau et a également pris soin de ne pas pousser le volume trop loin au mastering, ce qui surprend de prime abord puisqu’il faut plus monter le volume que sur la majeure partie des prods actuelles, mais qui est un régal au final puisque les enceintes ne saturent pas. Basse grondante, voix tranchante et sèche, batterie qui cogne comme il faut, pas grand-chose à redire au niveau son…

Mais revenons aux morceaux qui composent l’album : les mélodies sont plus importantes que sur « Of Frost And War », notamment en fin d’album et soulignent parfaitement la dimension dramatique des évènements relatés, comme la boucherie qu’a dû être le bombardement de Tokyo au napalm (« Tokyo Napalm Holocaust ») et la tragédie pour cette nation conquérante qu’a été la décision de l’Empereur de se rendre afin d’épargner les vies de ses sujets (« To Bear The Unbearable »). HAIL OF BULLETS réussit avec ce deuxième album à peaufiner encore un peu plus son Death Metal tout en restant on ne peut plus brut et en conservant toute son agressivité. Sans faire de démagogie à deux balles du genre « La guerre c’est pas bien », le groupe parvient à nous faire ressentir toute la violence et la douleur induites par un conflit comme celui qui a mis l’Europe et le Pacifique à feu et à sang il y a quelques dizaines d’années seulement. « On Divine Winds » est un album brutal, composé à l’ancienne, destiné à nous faire secouer furieusement la tête (« Kamikasé », « Guadalcanal », « Strategy Of Attrition ») mais pas seulement. HAIL OF BULLETS est un groupe décidément beaucoup plus fin qu’il n’y paraît et même si la trop grande proximité avec le premier disque m’a un peu bloqué au début, elle est devenue par la suite un atout et sa principale force. Parce que ce GROUPE s’est construit un style et qu’il a écrit de très bons morceaux qui contiennent quelques éléments montrant qu’il sait, sinon se renouveler en profondeur, tout au moins apporter un grand soin dans la finition.

En conclusion, si vous avez craqué sur « Of Frost And War », « On Divine Winds » vous séduira tout autant. Si vous n’êtes pas spécialement fan de Death Old School mais amateur de grosses prods, cet album peut être la porte d’entrée vers un style que vous vous en voudrez de ne pas avoir exploré avant. La liste des raisons qui devraient vous faire aimer cet album est très longue, donc disons pour abréger que comme il y a deux ans, HAIL OF BULLETS vient de signer l’un des albums de l’année !


Rédigé par : Dungorpat | 17/20 | Nb de lectures : 15635