Oyez oyez, amis pathologistes et fossoyeurs voilà de quoi réjouir vos heures supplémentaires sur votre lieu de travail avec la sortie du deuxième album depuis le début de l’année de Ibères d’HAEMORRHAGE. Comme c’était déjà le cas pour « Haematology » sorti depuis déjà quelques semaines, « The Kill Sessions » n’offre aucune nouveauté particulière et la totalité des titres présents sur ce disque trônent déjà en place d’honneur sur les albums du groupe.
Deux albums en six mois et presque uniquement des titres déjà bien connus. On en serait presque tenté de clamer haut et fort qu’HAEMORRHAGE s’obstine à faire du neuf avec du vieux. Tout ça pour claquer leurs royalties dans l’acquisition d’instruments médico-légaux ou d’un nouveau corbillard flambant neuf.

En fait, il n’en est rien. Oui ce disque ne contient que des standards du groupe et non ce n’est pas une escroquerie mais un cadeau destiné aux fans, délivré sous forme d’hommage.

Vous avez du mal à comprendre ? Laissez-moi éclairer votre lanterne en remontant quelques mois plus tôt. C’est la fin de l’année 2006 que l’idée d’une compilation un peu spéciale germe dans l’esprit des Espagnols dérangés du bulbe. Profitant du contact privilégié offert par myspace, HAEMORRHAGE va demander à ses fans de voter pour choisir eux-même les dix titres qu’ils souhaitent voir figurer sur « The Kill Sessions » qui sera en fait un clin d’œil et un hommage aux célèbres Peel Sessions de la BBC1.

Petit rappel historique pour les plus jeunes et pour les aspirants métalleux. John Peel, animateur vedette de la BBC1, hélas décédé en 2004, a fait les beaux jours de sa station de radio pendant plus d’une trentaine d’années. Le principe des Peel Sessions était de faire venir les groupes dans les studios de la BBC1 pour enregistrer quelques titres en live (entendez par-là, tous les instruments à la fois comme pour un concert) avec les moyens techniques et matériels de la radio en vue de futures diffusions à l’antenne souvent suivies du pressage desdites sessions. Outre le fait d’être un véritable amoureux de la musique sous toutes ses formes, John Peel était également connu pour ses goûts hétéroclites d’où un certain penchant pour le grind et le death metal. Ainsi les plus grands noms du métal extrême anglais se sont succédés dans les studios de la BBC1 à la fin des années 80 pour y graver des enregistrements d’anthologie. Je ne sais pas si vous imaginez un peu le truc. Pour vous mettre ça à un niveau français, c’est un peu comme si Jean-Pierre Foucault avouait subitement ses attirances pour le grind et faisait venir les BLOCKHEADS ou SUBLIME CADEVERIC DECOMPOSTION dans les studios de RTL pour enregistrer quelques titres de leur cru. L’idée vous fait rire, John Peel l’a fait dans un pays bien plus conservateur que la France. Au passage, si cette large parenthèse vous a interpellé, je vous conseille de fouiner dans les dossiers de VS pour en apprendre davantage sur l’oncle John (RIP).

Frustrés et admiratifs devant ces Peel Sessions de légende qu’ils n’auront pas eu le temps d’enregistrer sauf en rêve, les pathologistes taquins d’HAEMORRHAGE se sont donc mis en tête de faire ça tout seuls comme des grands. Une liste de « classiques » du groupe, un jour unique d’enregistrement dans l’un des plus grands studios de Madrid, la détermination de se défoncer pour leurs fans et pour la mémoire d’oncle John et voilà « The Kill Sessions » et son lot de titres cradingues à souhait ; un hymne aux clapotis sanguinolents dicté par les fans et enregistrés pour les fans. Faut-il faire le procès d’HAEMORRHAGE qui refait encore une fois du neuf avec du vieux ? Faut-il se plaindre de la spontanéité avec laquelle les Espagnols nous vomissent à la face des « Mortuary riot », « Disgorging Innards » ou « Exquisite eschatology » avant de nous éventrer d’une énorme version de « I’m a Pathologist » digne d’un CARCASS au sommet de son goregrind ?

Les fans savent ce qui leur reste à faire. Les autres peuvent garder leurs deniers pour des acquisitions plus vitales.


Rédigé par : Tonton | Compilation/ | Nb de lectures : 10811