Après une brillante démo « Cyanide Echoes », sortie en 2003 et commentée dans nos pages, il n’y avait aucun soucis à se faire quant à l’avenir musical d’HACRIDE. Et voici donc « Deviant Current Signal » premier album de ces éminents membres de KLONOSPHERE, l’association regroupant un bon chapelet de solides espoirs de la scène française (KLONE, TREPALIUM, ANTHURUS D’ARCHER, SCARR, GTI).

Avec cet enregistrement, HACRIDE confirme tout le bien que suggérait la démo de 2003, dont on retrouve d’ailleurs ici les trois titres. C’est également l’occasion de découvrir cinq nouveaux morceaux et de constater que le quatuor poitevin a conservé toute son inspiration pour nous proposer une première œuvre de qualité. Des écoutes distraites auraient tôt fait de classer, injustement, HARCIDE dans la catégorie des groupes à tendances métalcore. Même si les hurlements éraillés de Samuel Bourreau ont des accointances avec les vocalises HxC, HACRIDE est indiscutablement un groupe de métal. Difficile cependant de cataloguer plus précisément le style pratiqué sur « Deviant Current Signal » car HACRIDE a pris à son compte la célèbre doctrine des Shadoks : « Pourquoi faire simple lorsqu’on peut faire compliquer ? ».

En effet c’est un album incroyablement riche que voilà. Les influences diverses qui se partagent l’inspiration du groupe nous amènent à un véritable tourbillon métallique orchestré de main de maître, en l’espace de huit titres. Les réminiscences musicales déjà présentes sur « Cyanide Echoes » sont toujours d’actualité et c’est à juste titre qu’ HACRIDE clame ses affinités avec MESHUGGAH, S.Y.L., DEATH. Pourtant il n’y a guère que quelques passages sur lesquels ces empreintes sont véritablement visibles. Le véritable fil conducteur de ce disque ne réside pas dans les quelques ressemblances émaillées tout au long de sa durée. Non, la trame de cet album se situe dans un goût très prononcé pour les structures alambiquées ou les ossatures faussement simplistes. HACRIDE se fait, en l’espace de quelques 40 minutes, le chantre d’une certaine dissonance pourtant incroyablement accessible. En fait, « Deviant Current Signal » demande un réel effort d’écoute pour percevoir toutes les subtilités. Inutile de préciser que ce skeud est l’œuvre de musiciens émérites qui ont dû plancher d’interminables heures sur leurs compos pour arriver au résultat présent. Le métal d’HACRIDE se veut hybride, riche d'ascendances digérées qui ne remontent que rarement à la surface. Certes, des morceaux comme « Typo », « Human Monster » ou « The Flesh lives on » laissent apparaître le spectre des rythmiques pachydermiques et décalées de MESHUGGAH, alors que le superbe travail des guitares sur « This Place » ressemble à un vibrant hommage à Chuck Schuldiner. Cependant, ces clins d’œil prennent tout leur sens au sein du style d’HACRIDE, mêlant dissonance, technicité et finesse. Quelques petites originalités viennent enrichir une paire de compositions comme le break arabisant de « This Place » ou le magnifique saxophone hystérique de « Protect ».

Enfin, les deux derniers titres tirés de la démo (« Deviant Current signal » était un mini album à l’origine), loin de dépareiller avec le reste de l’album, mettent en évidence les progrès impressionnants, notamment au niveau du chant qui a pris un sacré coup de fouet, à force de travail. Mon seul regret sera dans la petite différence de production qui tire un peu cette fin de disque vers le bas. Pour une démo, c’était plus que respectable mais face à l’énorme son des six premiers morceaux, impossible de tenir la comparaison.

Pour conquérir la France, il ne reste plus à HACRIDE qu’à sortir de son local de répétition dans la sueur et l’adrénaline de la scène.




Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 16611