Après avoir gagné du galon avec « Deviant Current Signal », un premier album qui avait directement placé HACRIDE dans le peloton de tête des formations françaises les plus prometteuses. Après une tournée fleuve qui leur avait fait écumer les recoins les plus secrets de l’hexagone, revoilà HACRIDE sur le chemin des bacs pour seconde offensive avec « Amoeba » (« amibe » en latin). Un album qui va selon toute vraisemblance bouleverser le quotidien de ces Poitevins, éminents membres du KLONOSPHERE qu’il n’est désormais plus besoin de présenter.

Oui, bouleversement pour HACRIDE parce qu’avec « Amoeba » le quatuor de Poitiers va probablement voir les frontières françaises s’évaporer pour songer sérieusement à une carrière internationale.

« The Daily Round », le magnifique titre inédit présent sur la compilation « Revolution Calling ! » laissait entrevoir le meilleur quant à la suite des hostilités et, le meilleur, le voilà : il s’appelle « Amoeba ». Reprenant son ouvrage là où il s’était arrêté, HACRIDE nous brode ici un disque qui s’est éloigné des influences de la première heure. Si l’impact que MESHUGGAH et S.Y.L. ont pu avoir sur le groupe est encore audible, le groupe poitevin a suffisamment gagné en assurance et en conviction pour raffermir une identité musicale qu’on sentait déjà bouillonnante sur leur première galette.

Continuant son chemin vers l’expérimental et, par-là même, vers des prises de risques pas forcément calculées, HACRIDE n’a pas voulu jouer la carte de la facilité en nous proposant un « Deviant Curent Signal 2 » qui n’aurait probablement pas entamé une once de sa crédibilité grandissante. Au lieu de se reposer sur des lauriers mérités HACRIDE s’est radicalisé autant qu’il s’est émancipé.

Délaissant quelque peu les dissonances qu’il affectionnait sans simplifier pour autant sa démarche, HACRIDE a voulu ce nouvel opus plus agressif, plus progressif, plus « organique » mais aussi plus latin. La plus grosse prise de risque de cet album apparaît dès le quatrième titre sous la forme d’influences hispanisantes de guitares flamenco qui font lever un sourcil perplexe dès leur arrivée. Véritable morceau charnière de l’album « Zambra » est, en fait, une reprise d’OJOS DE BRUJO, un groupe de néo flamenco espagnol qui a été invité sur « Amoeba » pour une revisite totale de leur propre morceau. Si la découverte de ce morceau laisse, dans un premier temps, l’auditeur indécis, le groove implacable qui se dégage de cette union contre-nature a tôt fait de séduire définitivement.

A l’aise dans les coups de boutoir rythmiques les plus virils comme dans les passages ambiants les plus délicatement ciselés, HACRIDE engendre une nouvelle fois, un disque dont l’intérêt ne s’étiolera pas après dix écoutes mais qui continuera de surprendre par l’infinie subtilité de ses sinueux enchaînements, par le soucis du détail qui marque chaque morceau de cette nouvelle offrande, par une musique aussi efficace que pointue.

Je citais MESHUGGAH et S.Y.L. en début de chronique mais, en fait, les deux noms qui me viennent plus volontiers à l’esprit seraient désormais TEXTURES pour la similitude qu’on peut trouver dans la démarche des deux groupes et OPETH pour le savoir-faire et l’aspect résolument progressif d’ « Amoeba ».

Un petit mot, tout de même, de la production avant de terminer cet article puisque c’est l’association Frank Hueso (DSK, HELLMOTEL) et Pierre Bouquet qui est une nouvelle fois à l’ouvrage pour un son ronflant et une mise en valeur des détails exemplaire.

Il est fort probable qu’avec ce disque HACRIDE prenne la tête des éventuels dauphins d’un GOJIRA pris d’un ascension vertigineuse depuis une paire d’années. On va donc leur souhaiter la même réussite en attendant de les voir sur toutes les scènes de France et d’ailleurs.


Rédigé par : Tonton | 17,5/20 | Nb de lectures : 22190