GUTWRENCH - Mausoleum... To Dwell & Rot In (Razorback) - 05/10/2012 @ 08h21
Mettez ça sur le dos de l’âge si vous voulez mais comme vous le savez fidèles de VS, Tonton et moi, on adore se palucher (en groupe) sur RAZORBACK RECORDS depuis des lustres. Monté par des fans d’IMPETIGO et de films d’horreur de série Z, il y a quelque chose de hautement sympathique chez ces braves gens qui ont monté un label un peu à la feu WILD RAGS, c’est-à-dire plein de productions un peu fauchés mais qui ont le charme de l‘underground bien rustique et anti-mode qui s’assume tel quel. Le schtroumpf, ce que les années où tout ce qu’ils touchaient se transformait en or semblent derrière eux : rien qu’en 2008, ils avaient par exemple sorti les albums d’ACID WITCH, HOODED MENACE ou encore CRYPTICUS, alors qu’en 2006 et 2007, ils avaient aussi dégoupillé COFFINS, GHOUL ou F.K.Ü. parmi d’autres. Bref, un tableau de chasse digne du Guinness Book des Records presque trop écrasant avec le recul… Car après ses brouilles notoires, d’abord avec GHOUL puis MACHETAZO et encore récemment avec Lasse Pyykkö de HOODED MENACE, cela fait en gros deux ans que cela patine un peu dans la choucroute. Car à part sortir les X projets – pas toujours passionnants d’ailleurs – de la nouvelle femme du propriétaire Billy Nocera (WOODEN STAKE, SCAREMAKER, SKELETAL SPECTRE), c’était un peu comme si RAZORBACK avait perdu son nez et signait un peu au pif des groupes à partir du moment où ils étaient old-school et lo-fi. En bon soldat indéfectible mais aussi en digne chien de Pavlov, j’avoue avoir continué à acheter régulièrement leurs prods (parce que bien sûr, le label ne fait pas de promo) plus par habitude qu’autre chose, découvrant parfois avec le recul que certaines prenaient la poussière de façon effrayante, comme par exemple SEPULCRAL ou le deuxième MAUSOLEUM qui n'est qu'une pauvre resucée d'AUTOPSY sans saveur.

Autant dire donc que GUTWRENCH arrive à point nommé.

Alors, déjà, ‘Mausoleum… To Dwell And Rot In’ confirme la tendance à des disques de plus en plus amateurs rien que sur le plan de la production. Certes, RAZORBACK n’a jamais synonyme d’entreprise hollywoodienne non plus mais là, cela pue plus que jamais le machin réalisé en autoprod’ avec les moyens du bord puis ‘vendu’ tel quel au label. Gentes damoiseaux habitués à des sonorités disons plus policées, vous êtes donc priés de vous détourner presto de cette décharge purulente. Surtout que GUTWRENCH est sûrement l’un des groupes les plus primitifs de leur catalogue, du death-metal néanderthalien, pas tant à cause de ses racines qui, comme par hasard, remontent toutes à la scène du tout début des années 90 que par ses sonorités régressives.

Comme leur potos de ZOMBIEFICATION, dont le chanteur fait d’ailleurs ici une apparition (remarquée) sur le titre d’ouverture, voilà encore des Mexicains grands fanas de la scène suédoise antédiluvienne. Sauf qu’eux ont creusé leur niche dans la niche même. Vu que cela serait trop simple de ne faire ‘que’ du Swedeath à l’ancienne ou de ne s’inspirer ‘que’ de DISMEMBER ou d’ENTOMBED, eux ont choisi de ne se focaliser en tout et pour tout que sur deux vieilleries obscures, ETERNAL DARKNESS et MOONDARK. Et lorsque que l’on sait que la seconde était ouvertement influencée par la première…

Comme ces éphémères combos qui n’ont laissé derrière eux qu’une poignée d’enregistrements bien UG, GUTWRENCH pratique un death-metal ultra-morbide se mouvant de façon quasi-exclusive au ralenti. Attention, je ne parle pas d’un groupe de doom/death mais bien donc d’un groupe de death bien lent (nuance) et dont tous les attributs ont été affinés pour abonder dans ce sens-là.

Les riffs, ultra-simplistes, sont joués sur des guitares accordées de façon ultra-grave et au son granuleux à l’extrême, comme si la distorsion dégoulinait de partout comme un gâteau de chocolat bien gras qui aurait lentement fondu au soleil. Quant au chanteur, sa voix a beau être ouvertement pitchée artificiellement, cela donne le genre de pulsations subsoniques à la Will Rahmer de MORTICIAN qui collent au final très bien à un disque qui semble faire la guerre à tout ce qui se rapproche de près ou de loin à des fréquences aiguës. Seul les quelques solos que l’on retrouve parsemés ici et là osent un semblant de mélodies qui aboutit d’ailleurs un beau contraste, même si lesdits solos, en plus d’avoir l’intelligence de ne surtout pas en faire trop, ont toujours quelque chose de profondément morbide et glauque. Et puis, prod RAZORBACK oblige, ces huit titres parlent bien sûr d’un monde en pleine déliquescence envahi par les zombies et aux eaux jaunâtres contaminées par des produits toxiques, samples donnant envie de ne plus jamais reprendre de tripes à la sauce de Caen au petit déjeuner à l’appui.

Pas besoin de se lancer dans de grands débats philosophiques, je serais le premier à dire que la durée de vie de ce genre de madeleine de Proust pleine de vers est des plus courtes et que le meilleur de RAZORBACK reste définitivement derrière eux (quelqu’un aurait-il d’ailleurs des nouvelles de Maniac Neil, tiens ?!). Mais voilà, en choisissant un créneau ultra-ciblé et en ne s’astreignant à ne garder que cela en tête le long de ces trente-quatre minutes régressives, GUTWRENCH finit par avoir les yeux enfiévrés et la bave aux lèvres du disciple dévoué prêt à mourir pour sa cause.

http://www.reverbnation.com/gutwrench - 164 visite(s)

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Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 | Nb de lectures : 13059




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