GUTBUCKET a voulu son troisième album éponyme, peut-être pour bien signifier que malgré un changement de vocaliste intervenu en 2006, le groupe est resté le même. Peut-être parce qu’après neuf ans d’existence, deux disques et une flopée de concerts, les Allemands ont estimé qu’il était temps de faire passer la frontière à leur heavy rock graissé au stoner. Peut-être parce qu’ils n’ont pu se décider sur un autre nom d’album ou qu’ils ont eu la flemme d’en chercher un. Peu importent pourtant les raisons qui ont conduit « Gutbucket » à être éponyme, le principal étant ce qu’on y trouve et les portes qu’il est susceptible d’ouvrir à la formation venue de Kiel, au nord de l’Allemagne.

« Short Goodbye » pose d’emblée le ton : les quarante minutes à venir seront chaleureuses et énergiques, on ne s’embarrassera pas de fioritures inutiles… elles seront rock’n’roll quoi ! L’ombre du PEARL JAM des années 2000 plane sur l’ensemble de « Gutbucket » et lui donne ce toucher rugueux, spontané et parfois sauvage qu’avait la scène de Seattle il y a quinze ans. Le timbre de voix rocailleux du nouveau chanteur Peter colle parfaitement aux riffs secs de Dr Uwe et aux rythmes simples de Schröderone, qui claquent comme un vieux coup de santiags dans le dersch (« Ain’t Got Time », « Gimme Some Action », le motörheadien « Engine Burning »). Les quatre rockers balancent riff après riff avec une régularité déconcertante, parvenant à maintenir une tension constante pendant les douze morceaux du CD. On se surprend souvent à taper du pied et hocher la tête en rythme, prendre selon ses aspirations son micro ou son médiator imaginaire et filer un coup de main à Peter au chant ou voler la vedette à Dr Uwe pour un solo d’anthologie, comme sur « Burn The Radio » : Burn The Radio - Burn The Radio - Burn The Radio ooo – Burn The Radiooo Yeah !

Malgré toutes ces qualités, « Gutbucket » n’a malgré tout pas la carrure pour tenir sur la durée ; on l’écoutera en boucle pendant quelques temps, mais on le remplacera sans remords par un autre disque dès que l’occasion s’en présentera. Il lui manque le grain de folie, le sentiment d’urgence que véhiculaient des groupes comme MOTÖRHEAD, PEARL JAM, AC/DC ou leurs jeunes affamés compatriotes AIRBOURNE, qui atterriront bientôt sur notre vieille Europe. On ne le remisera pas définitivement pour autant, et il effectuera sans nulle doute quelques rotations supplémentaires dès lors qu’on aura envie de se sortir la tête du cul après un réveil difficile, par exemple.


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 11407