S'il est une qualité que l'on peut envier aux Suisses de Gurd, c'est bien l'obstination. 9 albums en 15 ans d'activité, et tout cela sans réellement quitter la seconde (voire la troisième) division, voilà une bien belle leçon de persévérance, de désintéressement, et d'amour de la musique. D'autant que le groupe, jadis signé chez Century Media, doit maintenant composer avec les moyens bien plus restreints d'un label fort modeste comparé au géant teuton. Qu'importe : le quartette helvète poursuit son chemin sans dévier sa trajectoire d'un iota.

C'est donc sans surprise que l'on trouvera sur « Your Drug Of Choice » 12 nouveau titres de thrash mid tempo et groovy directement inspirés de Prong. Et « inspirés » est un doux euphémisme tant par moments, on n'est pas loin du plagiat tel que peut le pratiquer Ektomorf sur Soulfly (pour vous situer le niveau de gravité de la chose)... Ce qui s'avère efficace sur les premiers titres de l'album devient finalement agaçant au bout d'une demi-heure d'écoute. Certes, « Your Drug Of Choice » renferme certains titres d'une qualité égale à celle des derniers albums de Prong (voire supérieure si l'on se réfère à « Scorpio Rising »), mais ce sentiment d'avoir affaire à Laurent Gerra ou à Nicolas Canteloup imitant Tommy Victor est souvent irritant. Les plus sceptiques d'entre vous peuvent se ruer sur la page MySpace du groupe et jeter une oreille au couplet de « Once And For All » (premier prix de mimétisme), ou au riff d'intro du titre éponyme de l'album. On aura beau arguer que Gurd ne pille pas un fonds de commerce aussi fourni que les dizaines de suiveurs qui font rage actuellement au sein des scènes en -core, il n'en demeure pas moins que la démarche reste identique : on s'approprie la démarche artistique d'autrui, on la fait sienne, et le tour est joué.

Dès lors, quel jugement porter sur « Your Drug Of Choice » ? Difficile à dire, car il faut reconnaître de bonne grâce que cet album, s'il n'a vraiment rien de personnel, renferme par ailleurs un sacré potentiel d'efficacité et que « dans l'absolu », en se débarrassant de toute référence, on lui aurait collé un bon 16/20 le sourire aux lèvres. Mais les capacités évidentes de la formation ne donnent pas envie d'être spécialement clément. Gurd serait bien inspiré d'aller se racheter une personnalité propre au plus vite pour nous laisser enfin profiter de son groove rageur sans arrière-pensée. En attendant, il reste ce groupe de classe économique que l'on n'a pas particulièrement envie de défendre, et c'est franchement dommage.


Rédigé par : Rahahaaz | 11,5/20 | Nb de lectures : 10245