Dans le black metal il n’est pas rare, tempérament individualiste oblige, de voir les groupes se monter autour d’un projet solo initial. Grey a pour sa part connu un cheminement inverse puisque son leader Santhem a lourdé un par un ses trois collaborateurs afin d’avoir la mainmise sur un créatif qu’il jugeait menacé par la dispersion des influx. Cette version des trois titres de « … My Next… », destinée seulement au démarchage des zines et des labels, est malheureusement biaisée par l’absence de basse et l’emploi contraint d’une boîte à rythme qui, de l’aveu même de Santhem, est « pauvre », ce en quoi on ne peut que lui donner raison. Le garçon se propose d’ailleurs de réenregistrer le matériel avec l’aide d’un batteur dans le cas où un label se montrerait intéressé pour sortir « … My Next… » en EP. Il est donc pour l’heure difficile de pousser l’analyse au-delà d’une extrapolation de ce que devrait être la musique de Grey avec une réalisation exhaustive. L’apparat visuel adopté renvoie au nihilisme auto-destructeur de groupes comme Abyssic Hate ou Shining, parallèle qui se confirme pronto à l’écoute, de même qu’on aperçoit par intermittences le spectre du Burzum pré-carcéral qui ne plane jamais bien loin de ce type de réalisations. Enchaînée à une saturation délibérément repoussante quoique académique pour le genre, la guitare joue à se convulser d’accès de colères fulgurants en atmosphères chauves et amorphes, une concomitance qui traduit parfaitement la dualité schizophrénique propre au style. Maintenant, si la conviction de la démarche ne se dément pas, et si Grey est bien à sa place dans le contingent black dont il s'est ouvert les portes, le catalogue des réglages à effectuer est encore loin d’être épuisé, mais cela Santhem en a certainement pleinement conscience. Ce n’est pas parce que sa mission n’est pas techniquement la plus exigeante qui soit qu’il est pour autant aisé de capturer d’emblée les mélodies (ou anti-mélodies) et les enchaînements qui poignardent les organes vitaux. « … My Next… » a tout de l’entreprise noire et venimeuse, mais a beaucoup à prouver pour ce qui est du côté hypnotique, qui n’est pas le moins important en vue de gluer l’auditeur dans une toile de malveillance insidieuse dont il n’a pas loisir de s’échapper avant la fin du temps de jeu. Les passages d’une partie à une autre sont souvent trop abrupts (comprendre mal justifiés en terme d'enchaînement), ce qui rompt quelque peu l’immersion dans l’ambiance. Par ailleurs, les longs faux-plats uniformes travaillent surtout l’endurance et pas assez la force d’imagination, il sera bon de les approfondir, peut-être en rajoutant l’une ou l’autre note clé, en modulant la réverb’, ou en faisant par moments appel à une ligne supplémentaire offrant pour un temps une deuxième dimension contiguë à la langueur de la trame principale. Ce peut être une autre guitare, en survolant le champ de bataille de quelques légers effets harmoniques ; ce peut être la basse, aujourd’hui arlésienne, en décrochant de la rythmique pour argumenter en autonomie… Pour cause de travail partiel, il m’est impossible de donner une note à une démo qui attendra afin de se représenter à l’examen. Si vous êtes à la tête d’un label et que le descriptif ci-dessus vous a mis en appêtit, n’hésitez pas à prendre contact à l’adresse suivante : sisproductions@free.fr


Rédigé par : Uriel | Pas de note/ | Nb de lectures : 7389