Règle n°1 : Ne jamais sous-estimer le travail accompli.
Ce n’est pas parce qu’un album semble, de prime abord, naïf, qu’il l’est vraiment. La preuve avec le 3ème album des Nîmois de GRAZED : en dépit d’apparences trompeuses, derrière les compos basiques et parfois redondantes, peuvent se cacher des structures ou compos plus travaillées qu’il n’y paraît. Ou pas...
Mais le travail de composition est indéniable, en témoignent ces 12 morceaux variés, et à l’envie palpable.

Sur une ossature orientée Death Metal, se sont greffés de multiples influences et dissonances typiquement Thrash, le tout agrémenté de soli ou de leads d’intérêt divers. Techniquement affutés, les Sudistes maîtrisent leurs instruments, mais oublient parfois de privilégier l’aspect 'In your face'. Non pas que cela soit trop technique, loin de là. Mais certains titres ne sont pas assez percutants, tant de part les rythmes que l’impulsivité.

Règle n° 2 : Conserver une certaine subjectivité, afin de mieux cerner les qualités.
Car si malheureusement certains titres demeurent trop basiques, tant de par la structure que le contenu musical, il faut admettre que d’autres sont clairement plus attractifs. Oui, le Thrash/Death de GRAZED sait aussi être foutrement plaisant et efficace, sans exubérance, mais juste avec des tripes et de l’envie.
Les amateurs ne manqueront pas de souligner les régulières variations de rythmes bienvenues, des alternances de growls et de cris aigus plaisants mais pas toujours pertinents, ainsi que ces riffs thrashisants, mélodiques ou acérés, qui dynamitent et ornementent avec talent la plupart des titres. Oui, certains morceaux sont vraiment réussis, plaisants et accrocheurs.

Règle n°3 : Ne pas rechercher à tout prix de l’innovation.
L’innovation n’est pas systématiquement proportionnelle avec le plaisir auditif. Et inversement. On peut se contenter d’utiliser des ficelles usées et connues, pour produire des morceaux très plaisants. Et même si le résultat sur 'Dragonsneeze' est disparate, ce n’est pas l’absence d’originalité qui nuit finalement au groupe.
Car malgré une approche musicale basique et standard, le groupe ne se prend pas trop au sérieux, et se jette corps et âme dans son envie de jouer du « Metal qui tue ». Matérialisé par une pochette, des titres et des textes risibles mais sonnant très frais et second degré. Une bouffée d’air avarié dans une scène qui se prend trop souvent au sérieux, ça fait toujours du bien.

Règle n°4 : Ne jamais dire "c’est de la merde", mais dire "J’aime pas".
J’avoue. J’aime pas 'Dragonsneeze'. Enfin, pas des masses.
En dépit des qualités citées, entre leads mémorables, rythmes variés, et beuglements plaisants, je trouve que ça manque terriblement d’énergie, et de rebondissements musicaux. Pour un style aussi percutant que le Death/Thrash, il faut bien avouer que c’est quand même dommage.
Il est vrai que 'Dragonsneeze' n’est pas aidé par sa production, un poil trop faible et ‘sous-mixée’ – bien qu’il ne s’agisse aucunement d’un aspect répulsif.

Non, le problème se situe, à mon avis, sur cette absence d’énergie retranscrite musicalement. Le groupe alterne le chaud et le froid, avec des morceaux vraiment plaisants, et d’autres beaucoup trop mous ou plats.

Au-delà de mon opinion, je pense que GRAZED est un groupe porté avant tout par et pour l’énergie des concerts. Et si le support matériel est un passage quasi indispensable pour se faire connaître, GRAZED est à mon sens typiquement le genre de groupe qui laisse indifférent sur album, mais qui doit prendre tout son sens en concert, dans l’obscurité des caves et la sueur des pogos, où l’envie et la puissance musicale sont à leur paroxysme.
Allez les voir s’ils passent près de chez vous, quelque chose me dit que la débauche d’énergie et l’explosion d’efficacité sera inversement proportionnelle à mon enthousiasme rédactionnel...


Rédigé par : ..::Ju::.. | 10/20 | Nb de lectures : 12400