Et hop, v’là-t-il pas qu’un nouveau groupe français pointe le bout de son nez. Il se nomme GRAVITY, il a été formé en janvier 2009, il vient de Montpellier, il comporte 5 membres dont une chanteuse, il fait du Metalcore : c’est donc un jeune groupe français qui fait du Metalcore à chanteuse. Eh oui ! Et voici donc leur premier album Syndrome chez le jeune label M&O Office.

Bon, du moment que j’ai dit « Metalcore », je suppose que bon nombre de lecteurs ont dû fuir cette chronique sans plus attendre. Ils auraient dû attendre un peu, car GRAVITY fait bien du Metalcore, mais du bon Metalcore, et pas seulement. Explications…

Le groupe nous dit qu’on peut retrouver dans sa musique « des bases mélodeath ou encore Metalcore, mais aussi certains passages rappelant le Black Metal (ndzs : je n’en ai pas trouvé, mais bon…), et GRAVITY ne renie pas pour autant ses origines Heavy, le tout créant une musique écrasante tant par ça puissance que par son ambiance (ndzs : la faute d’orthographe provient de la fiche promo, hélas…) ». Histoire de faire plus concret, je dirais que GRAVITY pratique un Metalcore plutôt mélodique, tantôt death, tantôt thrash et catchy, et souvent appuyé par des rythmiques très lourdes. Le tout est accompagné de la voix d’Emilie, la chanteuse du quintette, qui alterne une voix death très convaincante et un chant clair d’obédience opératique mais dont les apparitions sont plutôt discrètes dans l’ensemble (mieux vaut que je le dise sinon je vais encore perdre des lecteurs…). Si sa voix death fait penser à celle de Candice de ETHS (d’autant que les parties de chant sont intégralement interprétées en français), l’alternance entre les growls et le chant haut perché fait surtout penser à ce que Alissa White-Gluz fait dans THE AGONIST, et le Metalcore classique mais efficace des Canadiens constitue une comparaison habile à la musique de GRAVITY. Mais ce n’est pas tout, car les Montpelliérains ont aussi quelques autres influences notables. Et outre le Metalcore gonflé à l’américaine, on pourra aussi déceler une influ GOJIRA très présente dans les leads mélodiques et dans certains passages lourds. Et pis Christian, le guitariste de GOJIRA, les a personnellement « félicités ». Donc…

Ceci dit, Syndrome prend un départ assez timoré. "Evasion" qui ouvre l’album s’avère être un titre de Metalcore trop classique, facilement mémorisable mais très convenu. Il nous permet néanmoins de découvrir l’excellente voix agressive d’Emilie (la langue de Molière ne perturbe absolument pas) ainsi que ses envolées opératiques (qui sont encore mieux amenées au sein des morceaux suivants, notamment "Obsession"). Malgré l’ambitieux "Souffrance" (qui dépasse les 10 minutes (!) mais qui n’a rien de vraiment exceptionnel à proposer), les choses sérieuses commencent à partir de "Part 1 : Espace" : le côté mélodique des leads hérité de GOJIRA et les grosses rythmiques font mouche, ainsi que les structures aériennes et les passages mélodeath. La suite, "Part 2 : Déphasé", éblouit l’auditeur de par ses riffs percutants, et constitue un morceau entraînant à souhait, notamment grâce au chant et aux passages quasi-progressifs : le tube de l’album pour bibi. La suite de Syndrome est constituée de brulôts Metalcore très sympathiques et accrocheurs, à la fois sombres et mélodiques voire épiques (les montées et breaks de "Elle"), classiques mais efficaces ("La Constante Aléatoire"), sans tomber dans l’extrême du « tube ultra-facile 3 minutes couplet-refrain ultra-catchy breakdown ». L’album dure d’ailleurs 60 minutes pour des morceaux en faisant 5 en moyenne, ce qui est peut-être un peu long pour un disque du style, même si on ne s’ennuie pas et que les structures sont suffisamment variées pour retenir l’attention (et "437" conclut l’album en apothéose avec une partie finale détonante). Les quelques solos sont très bons, plutôt tendance heavy ce qui fait qu’ils sont parfois un peu longuets ("Souffrance"). La prod envoie du bois, surtout pour un premier album, mais elle a peut-être tendance à en mettre un peu trop la vue. Le principal défaut est tout de même l’influence GOJIRA qui est peut-être mal intégrée, car trop voyante, trop flagrante sur les rythmiques écrasantes de "Le Monde d’à Côté" et surtout sur le début de "437" qui est carrément repompé de "Global Warming" sur From Mars To Sirius.

Mais malgré les petits accrocs inhérents aux premiers efforts discographiques, Syndrome est un premier album solide, un très bon album de Metalcore plutôt varié dans ses influences et dans ses approches musicales, et très bien équilibré entre les parties mélodiques et les passages plus rentre-dedans. Le point fort de GRAVITY est assurément sa très bonne chanteuse (je parle de son chant, hein, je vous vois venir mais c’est vrai qu’elle est jolie) qui maîtrise déjà ses chants harsh et clair. Les musiciens assurent derrière, mais GRAVITY doit encore acquérir un peu plus de personnalité et digérer ses influences. Syndrome est un album pas révolutionnaire, qui est vite assimilé et pas forcément inoubliable, mais plutôt accrocheur et prometteur pour la suite, à condition d’être un minimum réceptif au style. Il en faut pour tous les goûts !


Rédigé par : ZeSnake | 14.5/20 | Nb de lectures : 13451