Les groupes comme Grave Flowers ont une utilité énorme pour la scène doom. Ils ont cette capacité à démontrer en un album que le Doom est une musique qui ne pardonne pas la moindre approximation et que finalement on a tôt fait de franchir la ligne qui sépare un véritable album de doom lyrique d’un Titanic musical.
Très timide dans sa composition le groupe a dû perdre la clef de sa boite à idées. Par contre, la clef de la cdthèque était bien rangée, du coup ils ont pu aller piocher de-ci de-là dans l’œuvre référentielle de certains groupes anglais. Si la musique est ultra conventionnelle, l’interprétation est un peu plus personnelle (malheureusement) notamment grâce à ce chanteur qui s’égare parfois on se sait trop ou ni pourquoi, l’énorme point faible du disque ; on croirait entendre le best of des nuls de la Nouvelle Star sur le début de « Freeze the time ». Maintenant tout dépend de votre humeur, on peut y voir un hommage très maladroit de la part d’un groupe pas très expérimenté qui affiche pourtant dix ans au compteur, quelque chose d’émouvant comme un talk show ou des gens viennent se faire foutre d’eux sans en avoir réellement conscience. Si on est moins porté sur la sensiblerie on peut aussi y voir un pillage vain et stérile de monuments classés au patrimoine mondial du métalleux et dans ce cas la sentence risque d’être sévère.
L’album commence pourtant en vous brossant dans le sens du poil, riff lourd dans la grande tradition, piano tristounet qui prend la relève, petits synthés qui tentent d’insuffler un ton dramatique et patatra, le chant arrive après 1’20" pendant lesquelles on pouvait espérer. Du coup tout ce que le groupe fera au point de vue instrumental sera gâché par les interventions du « chanteur » . Dommage, ce premier titre « at night », bien qu’ultra conventionnel, aurait mérité un vrai chanteur. Ce constat est bien sûr valable pour l’ensemble de l’album, la petite guitare sèche en intro de « Lakrosy » n’y changera rien et accentuera au contraire l’impression que donne le groupe de se rattacher à n’importe quelle bouée de sauvetage. A ce titre Grave Flowers en fait énormément et place un peu partout des petites mélodies mais celles ci sont trop légères pour pleinement convaincre ce qui forcément agace encore un peu plus. Mais ce n’est pas tout, le groupe veut par instant incarner My dying Bride (le début de « Fear of Future ») en prenant un ton plus grave et là, ça ne pardonne pas. Idem quand la gratte sèche va lorgner sur les plates bandes de Tristitia sans pour autant en avoir la classe et l’émotion.
Pour résumer on a d’un côté une partie instrumentale qui n’a rien inventé et qui se contente de suivre à la note prés ce qui se faisait il y a dix ans et de l’autre un chanteur qui semble bien seul dans l’univers ou il évolue.
Cependant, comme je le disais en tout début de chronique je leur dis un grand merci, après une semaine d’écoute intensive (j’aime me tourmenter les sens) je me suis replongé dans le « songs of darkness, words of light » des maîtres, et putain, que c’est bon !


Rédigé par : Dark Tranquilou | 06.5/20 | Nb de lectures : 11410