Malgré mon éternelle soif d’old-school et le bon buzz circulant dans les milieux autorisés (vous savez, ces milieux où VOUS n’êtes pas autorisés), j’ai encore du mal aujourd’hui à rajouter dans le besace de GRAVEYARD un xième lot de louanges concernant leur premier maxi, ‘Into the Mausoleum’. C’est que faire du death old-school, cela ne s’improvise pas : il faut le son, le style mais surtout l’état d’esprit. Or on sentait justement il y a deux ans que ces Espagnols ayant fait leurs armes dans d’obscurs groupes de série B (le plus glorieux étant ASGAROTH, où l’un de leurs guitaristes a fait un passage éclair à la fin des années 90, pour dire) étaient encore en phase d’apprentissage et que ces six premiers titres, plus une reprise ‘vintage’ de DEATH pour le cachet, arrivaient trop tôt alors qu’ils n’avaient pas vraiment encore su se décider dans quelle crémerie ils allaient crécher…

Deux ans plus tard, et toujours sur le label de l’ex-chanteur de PRIMIGENIUM, leur choix apparaît désormais clair, pour le meilleur et pour le pire : total Swedish powaaaaaa ! Dès que le premier accord ultra-graisseux de « Pantheon Vulture » nous fout un coup de batte de baseball dans la tronche (merci Mr Dan Swanö pour le mix), on comprend que GRAVEYARD a décidé de suivre les PAGANIZER et autres AXIS POWERS à la recherche du secret perdu du Sunlight sacré. Sauf que si l’on gratte un peu, on se rend compte que ‘One With the Dead’ est dénué de toute influence D-beat, qu’ASPHYX y remplace AUTOPSY en terme de parrain consacré et surtout que si dévêtu de son habillage ultra-connoté (mâtin ce son de gratte !), on aurait l'impression d’avoir affaire à un groupe de death old-school ‘classique’ plutôt que spécifiquement ancré dans le revival ‘made in Stockholm 1992’ actuel, même si leurs structures privilégiant la clarté et le chant ultra-caverneux renvoient ici avant tout à GOD MACABRE ou au premier THERION. Sauf que l’habit faisant le moine… Inutile de crier au génie, GRAVEYARD ne se prend donc pas la tête, torche à peine une poignée de solos et nous fait dans le dans-ta-gueule-sans-fioriture, sa seule vague tentative d’émancipation se révélant être « The Skull », dernier morceau de l’album et gros pavé bien lent et morbide de six minutes quarante-une. Pour le reste, circulez y a rien à voir ! Ces musiciens sont visiblement des gros fans de cette époque dorée où le death-metal faisait encore peur et dont l'odeur sent encore bien le cadavre fraîchement déterrée et on a l'impression de voir défiler leurs disques favoris tout le long de cet album. Ce qui rend 'One With the Dead' sympathique si l'on partage ce genre de fixette mais qui se révèle, aussi, être sa principale limite.

A noter que ceux qui se seront portés acquéreurs de la version digipack auront droit en plus à une reprise méconnaissable d’un titre un peu oublié de CANDLEMASS, « A Tale of Creation », avec Perra Karlsson de NOMINON à la batterie et même un peu de chant clair. Quant aux fans de vinyle, ils auront un second bonus (les veinards) sous la forme d’une nouvelle version du titre « Into the Mausoleum ». Au moins, y a pas à tortiller du cul, on soigne la clientèle ici. Mais pour le reste, c'est donc tout pour l’efficacité et tant pis pour la postérité, où GRAVEYARD ne risque pas de laisser beaucoup de traces à part chez les fans de vieux Swedish qui tache…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 12/20 | Nb de lectures : 10827