Il est toujours pénible de voir à quel point le destin peut s’avérer cruel pour certains groupes. Prenez l’exemple de Go It Alone, excellent groupe de hardcore canadien, qui a décidé de splitter avant même la sortie de leur second disque « Histories ». Il s’agit donc d’une chronique testament que vous vous apprêtez à lire.

Go It Alone s’était fait un nom sur la scène hardcore nord-américaine en offrant au public le fabuleux « The Only Blood Between Us » il y a deux ans sorti chez Rivalry. Le label californien est réputé pour ces groupes de qualité et ces disques sont toujours attendus au tournant. Assez personnel, « The Only Blood Between Us » était un disque solide et puissant, une sortie hardcore majeure de 2005. 2007 : le combo de Vancouver nous revient avec un nouvel opus sous les bras. Le groupe n’a pas vraiment évolué depuis le précédent disque, pratiquant toujours un hardcore old school rapide mais mélodique, sauvage mais tellement sincère.

La sincérité est ce qui émane le plus du disque. Il suffit de lire les paroles (point fort de « Histories ») pour s’en convaincre. Comme le suggère le titre de l’album, chaque chanson raconte une histoire, une histoire de tous les jours. Simples et tellement proches de la réalité, les lyrics sont criants de vérité. « Observer » narre l’histoire d’une personne trahie, « Love » l’émergence de sentiments autrefois inconnus, « Monastery » de la solitude. Chacun de textes écrits par Mark sent le vécu et parle de choses simples, ayant un impact sur n’importe quel auditeur qui peut se retrouver dans les textes. Là où certains groupes s’enferment dans les carcans clichésques (honneur, crew, gangs), Go It Alone produit une musique sensible avec ses tripes et son cœur… chose qui manque parfois à certains combos de hardcore. A noter également, la superbe voix de Mark, criarde et très expressive, assez unique en son genre.

Venons-en maintenant à l’élément essentiel de toute chronique musicale : la musique en elle-même. Les p’tits gars de Vancouver ne se sont pas vraiment remis en question et la musique du groupe conserve toujours ce mix mélodie-sauvagerie.

Parlons d’abord de la sauvagerie. Rapide et furieux, la première composante du style "Go It Alone" se démarque sur beaucoup de morceaux. Mon préféré « Observer » est celui qui illustre le plus ce constat. Après une intro plutôt dispensable, le titre s’emballe pour laisser exploser sa furie. De bons brûlots sont parsemés tout au long du disque (« Raptures », « Love », « Grey ») et les accélérations parfois brutales et abruptes ne laissent pas indifférents. Quant aux riffs utilisés, ils sont plutôts techniques et nombreux bien que certains soient similaires (« Raptures » et « Observer » notamment).

Abordons maintenant la touche mélodique du combo. Go It Alone est un groupe à personnalité et plutôt que de servir dans le old school basique et linéaire. Donc, nous avons droit à des parties personnelles et riches en arpèges. « Deserter » est un bon exemple : totalement mid tempo et doté d’un refrain accrocheur, il s’agit d’un des titres les plus différents du disque, se démarquant par un feeling mélancolique. Toutes les chansons bénéficient de mélodies et de riffs recherchés même si je regrette qu’elles ne soient pas aussi présentes que dans « The Only Blood Between Us ».

Malgré l’enthousiasme dont fait preuve cette chronique, il y a quand même quelques petits défauts qui empêchent ce disque d’être la parfaite continuité de « The Only Blood Between Us » : une durée plus faible, des compositions un peu moins accrocheuses et surtout des intros qui gachent un peu les chansons (« Observer », « Monastery »). La cuvée 2007 de Go It Alone est bonne mais inférieure à la précédente.

Pour son testament, Go It Alone offre à la population coreuse un bon album, bien que ce soit une demi-déception qui m’habite lorsque j’écris ces lignes. Talent, énergie, sincérité : encore un groupe qui manquera à la scène hardcore nord-américaine…


Rédigé par : Vision Of Beuh | 14/20 | Nb de lectures : 9776