Qui a dit que les combos de Death étaient incapables de proposer quelque chose d’étonnant et de différent? Certes, on voit pléthore de formations alignant les uns après les autres riffs et blast beats déjà entendus des centaines de fois. Néanmoins, quelques irréductibles réussissent à sortir du cliché du chevelu-braillard, à l’image des Bordelais de Gorod, qui sont désormais de plus en plus suivis par une nouvelle génération de groupes attirés par l’idée de mettre de l’intelligence dans leur Metal. Formé en 2005, les Français nous ont jusqu’à présent abreuvé d’un Death technique et brutal, mais aussi aérien et progressif avec leurs trois premiers albums. Alors qu’ils se préparent aujourd’hui à entrer en studio pour enregistrer leur quatrième effort, les cinq musiciens ont eu la bonne idée de proposer un EP afin de faire patienter leurs fans.

Jusqu’ici, rien d’original dans la démarche. Quatre titres sur cinq ne sont d’ailleurs pas des compositions réalisées spécialement pour cette sortie, puisque « Transcendence » comporte une reprise des géants du Death technique, j’ai nommé Cynic, et des morceaux déjà endisqués de Gorod revus au goût du jour.

La galette s’ouvre sur « Earth Pus », un des titres phares des Bordelais, joué très régulièrement sur scène. Loin des nombreuses rééditions n’apportant rien à la composition, cette nouvelle version du morceau se révèle de bien meilleure facture au niveau de la production. Le son est clair, précis, et beaucoup moins brouillon que sur la version originelle de la piste, présente sur le premier opus du groupe, « Neurotripsicks ». Notons par ailleurs que le titre a été légèrement raccourci pour l’occasion, mais ne s’en révèle pas moins riche et plein d’intérêt.

La véritable surprise vient de la suite dudit EP, puisqu’il contient des reprises presque intégralement acoustiques, une du titre précédemment cité, ré-intitulé « Earth Pus : Salvation », et une de « Blackout », extrait du deuxième album du groupe, « Leading Visions », et renommée « Blackout : Renewed Souls ». Le passage de ces instrumentaux originellement assez énergiques à un pur acoustique crée une ambiance calfeutrée, et l’on ne s’ennuie à aucun moment de ces deux reprises. Les Bordelais offrent de plus un cover à la fois fidèle et relativement personnalisé du « Textures » de Cynic, et permettent ainsi de redécouvrir l’énorme instrumentale composée par les Floridiens pour leur premier opus il y a près de vingt ans.

Mais le plus intéressant sur ce « Transcendence » est sans doute son dernier titre, l’éponyme, qui dure plus de quinze minutes, soit la moitié de la durée de la petite galette à lui tout seul. Julien "Nutz" Deyres, chanteur du combo, donne de la voix entre les longs et sinueux passages instrumentaux laissant apercevoir la virtuosité de leurs compositeurs. Cet impressionnant morceau de bravoure réussit à conserver l’attention de l’auditeur de sa première à sa dernière note, et donne diablement envie d’écouter les prochaines compositions de Gorod. Avec cet étonnant EP, les Français prouvent que l’on peut faire du neuf avec du vieux et que les musiciens officiant dans le Death peuvent utiliser leurs neurones pour produire quelque chose de fin et de raffiné, le tout sans perdre une goutte d’authenticité.


Rédigé par : Aris3Again | 16/20 | Nb de lectures : 15388