Oui, je sais, le visuel de l’album dont il va être ici question laisse présager le pire en matière de pouet pouet métal mitonné au poil à gratter et pourtant. GORG & CIE nous présente ici un disque véritablement atypique et non dénué d’intérêt de « narrative Horny death core ». Bon autant vous le dire tout de suite, il n’y a pas grand-chose de réellement death core dans cette galette. Rien à voir donc avec cette flopée de groupe à mèches pour la plupart davantage concentrés sur la diversité de leur t-shirt (j’adooooore la rose avec les manches violettes) que sur la qualité, somme toute relative, de leur musique.

Non, GORG & CIE est un projet très original issu de quelques cerveaux, de cerveaux visiblement déviants, fans de métal qui ont arpenté la majeure partie des festivals teutons durant la dernière décennie et donc vécu toute une série d’anecdotes plus ou moins cocasses. De là à enregistrer un album pour raconter tout cela il n’y avait qu’un pas à faire que Gorg et ses complices ont allègrement franchi pour nous servir le premier volet d’une série déjà largement entamée, j’ai nommé « Welcome to the Nuts ».

Et je dois admettre qu’ils ont plutôt bien fait les choses avec, tout d’abord un mini « The Gruik-gruik metal Fuckers EP » faisant office de carte de visite avec une présentation détaillée de chacun des personnages de cette tartuferie métallique. Car oui, « Welcome to the Nuts » met en scène toute une série de protagonistes incarnant leur propre rôle sous le couvert de pseudos (car certains sont bien connus de la scène parisienne) avec comme principal vedette : Gorg, un métalleux ayant dépassé la trentaine aux goûts culinaires hautement discutables, amateur de sirènes (traduisez : mi-femme, mi-thon) de chemin boueux (les initiés comprendront) et surtout de métôooool.

Ceci étant dit, le métal est ici un prétexte, un fil conducteur qui lie chacune des 53 saynètes avec les autres et il se limite tout au plus à quelques chansons souvent parodiques parfois sublimées par les gruiks de pseudo-gorets amateurs de grind quand il ne s’agit pas de dindes chantantes (note pour la SPA : aucun animal n’a été blessé ou maltraité pendant l’enregistrement du disque). De même, le disque n’évite pas quelques longueurs avec des sketchs qui s’étirent douloureusement alors qu’ils auraient gagné en efficacité à être écourtés d’une minute ou deux. Le Gorg n’est pas un poète. Il a un franc parlé et cultive le mauvais goût comme d’autres l’acné. Il est un peu ce vieux pote métalleux attachant abonné à la lose la plus totale. On aime le charrier mais un festival sans lui n’est jamais totalement réussi. Bref, tout ce petit monde semble bien s’amuser sur ce disque autobiographique imprégné par le métal et les années 80.

Le hic, c’est qu’on a un peu le sentiment de rester sur le quai de la gare alors que le train démarre. La complicité des personnages est telle qu’on se sent un peu étranger dans tout ce petit monde. Le trait comique est parfois trop grossi. De même, « Welcome to the Nuts » n’évite pas un côté «private joke » entre potes même si l’histoire demeure on ne peut plus simple. Du coup, on a quelques difficultés à embarquer dans le van sur la route des festoches teutons et de leurs matrones peu farouches (encore que…). Le plaisir jubilatoire des personnages est bien là mais ils ne sont pas tous aussi convaincants et authentiques jusqu’aux aisselles, que ce gros nounours de Gorg.

Ceci dit, même si je ne suis pas véritablement rentré dans le truc, je me demande quand même quel sera la suite des festivités dans le prochain épisode du feuilleton. Est-ce que tout finit bien au moins ?

(fin de l’épisode)


Rédigé par : Tonton | 93.1 mhz/ | Nb de lectures : 10867