Je ne comprends pas.
La langue humaine regorge de sonorité, d’accords, de mots, de syllabes, d’onomatopées, d’assemblages de lettres totalement uniques et infinies. Et le cerveau humain possède cette incroyable faculté d’assimilation, d’imagination, d’association thématique, permettant de donner vie à des associations de mots.

Alors pourquoi affubler son groupe d’un nom aussi peu attirant et original ?

Il en va de même avec la musique.
La possibilité de création harmonique, musicale, stylistique, est immense, presque infinie. Alors pourquoi se contenter d’utiliser et d’appliquer un style vu et revu, usité et revisité, tel que le Death Old-School ?

Malgré tout, il y a une bonne nouvelle : contrairement au nom, le résultat sonore provoque sur notre encéphale une réaction musculaire positive et irrésistible. Un enchaînement de spasmes au niveau des cervicales, qui fait osciller la tête en rythme, sans lassitude, et avec entrain.
Oui, "Desechos Humanos" est furieusement bien foutu. Suffisamment en tout cas, pour faire oublier la carence patronymique.

Rugueux jusqu’au bout des médiators, les 9 titres de "Desechos Humanos" crachent et grincent, ponctuant le Death Metôl des Teutons d’accélérations à tendance Grind. Ou Brutal, comme vous voulez. Toujours est-il qu’en plus d’apporter un peu de variété à l’ensemble, cela réussit à insuffler une grösse dose d’énergie supplémentaire. Comme s’il n’y en n’avait pas assez, peut-être...!
Car même sans ces pointes de vitesses, "Desechos Humanos" dégueule toute sa hargne, sa violence salvatrice, dans un reflux sonore ahurissant. Gras, souillé, purement Old-School. Que les amateurs de prod’ lisse et propre sur elle aillent donc voir ailleurs, GOREGAST œuvre dans le découpage de tripes, et cela passe par un son crasseux, mais puissant.

Cette énergie est retranscrite par les rythmes, rarement mous, souvent dynamiques, toujours percutants. Et variés, bien entendu.
Cette énergie s'exprime également par les hurlements graves et profonds, faisant passer Tonton Benton pour un jeune ado prépubère à la voix hésitante. L’ours qui officie derrière le micro module fréquemment ses interventions dans des tonalités plus aiguës, criardes, donnant une coloration ‘Grind/Core’ à l’ensemble. Pas dégueu du tout, au passage.

Musicalement perfectible, "Desechos Humanos" n’en reste pas moins très envoûtant, et décapant. Un peu comme si le CARCASS des débuts fricotait avec DISMEMBER. Ou bien comme si PAGANIZER avait trop bouffé de GENERAL SURGERY, et décidait d’ajouter du Grind dans son Death abrasif. Le résultat, encore très linéaire, est tout de même surpuissant, et écrasant.
Mention spéciale à la prod, bien évidemment, puissante et dont les guitares grésillent et suintent d'une crasse appréciable.

Passez outre ce patronyme peu inspiré, ne vous arrêtez pas au premier titre, totalement lent et lourd, montez le volume et appréciez.
GOREGAST a trouvé sa voie : son Death Old School teinté de Grind est une petite réussite sans prétention. Varié et bien gras, il devrait vous retourner la tête avec frénésie.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 13,75/20 | Nb de lectures : 12152