Prince de Lu: Gorefest is back !! Annoncée en octobre 2004, la reformation du quatuor hollandais est venue s'ajouter à la longue liste des groupes qui remettent le couvert après quelques années de silence radio. "Chapter 13", dernier méfait en date, est tout de même une cuvée de 1998. Il y avait donc de quoi être soupçonneux, étant donné que les come-backs n'ont pas souvent été source de bonheur, autant pour les vieux fans qui retrouvent leur combo défraîchi que pour les plus jeunes qui découvrent un groupe qui ne peut rivaliser avec les sorties récentes.

Mais c'est plutôt bien reparti pour Gorefest. Tout comme Obituary et récemment Bolt Thrower, les bataves ont repris leurs guitares sans même en changer les cordes. Si changement il y a, il est pondéral ou capillaire selon les membres du groupe. Pour le reste, c'est comme si "Chapter 13" avait été enregistré l'année dernière et non pas il y a sept ans. Gorefest balance sans complexe son death'n'roll intemporel, au travers de onze titres bien groovy. Ca fait déjà une paire d'albums qu'on est loin de "Erase" (et a foriori de "False") et que Gorefest a tracé sa voie dans un gros death/rock gras. Force est de constater qu'ils n'ont pas revu leur copie d'une seule virgule. Des titres comme "Malicious Intent" ou "Exorcism" sont remplis raz le museau de groove et d'énergie. La grosse voix de Jan-Chris est de retour, appuyée par les mélodies et solos rock de Boudewijn (dont le prénom est toujours aussi rigolo). Du Gorefest, quoi.

Ayant retrouvé leur son de prédilection, bien lourd et bien gras, le combo n'a plus qu'à dérouler ses compos roulées sous l'aisselle avec amour. Pour notre plus grand plaisir, ils ont pris le temps de nous mitonner des petits brûlots bien tripants. Si "Chapter 13" sentait l'essoufflement, la pause s'est clairement avérée salutaire. Les morceaux sont majoritairement pêchus, mêlant double motivée et blasts à headbangs assurés, comme dans "For the Masses" ou "Man to Fall". Certains titres sonnent bien un peu "faciles" et déjà faits pour le groupe et le milieu de l'album manque un poil de patate, avec sa série de titres plus posés. Mais globalement, voila un album bien plaisant pour un retour. On y trouve même de vrais morceaux bien ambiancés comme le mélodique "You could make me kill" ou "Rogue State" ou le long final "La Muerte".

On pourra reprocher au groupe, comme à beaucoup de nouveaux anciens, de ne pas faire avancer le schmilblick. Mais voila une reformation que se doivent de suivre ceux qui écoutaient Gorefest. Le groupe a pris des risques dans sa carrière, sans rencontrer dame fortune. Tout ce que je leur souhaite, c'est que cette fois le succès soit au rendez-vous. Et mon unique regret est de ne pas disposer du promo qui est chez ce fourbe de Tonton. Et alors, il est comment l'artwork, vieux crabe ??

Tonton: Qu’il n’est pas bon de dévier de sa trajectoire lorsque l’on joue dans un groupe au zénith de sa carrière ! GOREFEST en fit les frais alors qu’il sortait « Chapter 13 » en 1998, un album qui confirmait une orientation plus seventies déjà pressentie sur « Soul Survivor », vivement controversé par une bonne partie de leurs fans. Une levée de boucliers tellement vive qu’elle conduisit GOREFEST au split à peine quelques mois plus tard, prouvant par la même occasion que certains revers ne sont pas toujours aussi gérables qu’on se l’imagine.

Mais le métal reste et demeure une histoire de cycle, comme en témoignent tous ces come-back plus ou moins opportunistes. Dans le cas de GOREFEST, « La Muerte » n’est pas un coup d’épée dans l’eau puisque, comme le salivait le petit Prince quelques lignes plus haut, le quatuor batave revient avec un disque fort à propos qui réchauffera le cœur des anciens fans déçus. Contrairement aux références que brandissait le plus royal des p’tits beurres, je trouve que « La Muerte » s’inscrit davantage dans la continuité du légendaire diptyque « False / Earase » que dans la lignée d’un « Chapter 13 ». Certes, GOREFEST ne cherche pas vraiment à dissimuler ses attirances pour les 70’s comme en témoignent par exemple le break de « ‘till fingers bleed » qui a un air de parenté très marqué avec un certain « Whole lotta love » du grand ZEPPELIN ou ces quelques passages à tendances progressives.

Pour le reste, GOREFEST reste fidèle à son bon gros death métal au feeling très rock’n’roll. Entre riffs épiques, accords catchy et soli sévèrement burnés, GOREFEST nous offre une visite du propriétaire d’un métal dans lequel il a toujours excellé. La voix de Jan-Chris, au timbre pourtant assez proche de celui de LG Petrov, est toujours aussi crispante dans son approche façon « muppet » hargneux mais comme elle m’a toujours irrité, je gage que certains y verront une précision de bonne augure. En guise de final, les Néerlandais se payent même le luxe d’un exercice de style entièrement instrumental avoisinant la dizaine de minutes, sans pour autant perdre en « fraîcheur ».

Non vraiment, qu’on en fasse le tour en large et en travers, qu’on soit fan ou pas, « La Muerte » est décidément un disque bien torché qui rallumera une petite flamme nostalgique dans le cœur des vieux fans. C’est donc sans hésitation que j’appuierai les arguments du p’tit LU. Pour une fois qu’il se montre généreux, je m’en voudrais de jouer les pisse-froids dans cette harmonie de jugements aussi inhabituelle qu’inopinée.

Quant à l’artwork, petit scarabée, il est exactement dans le genre vilain pas beau déjà infligé avec « False ». Preuve est faite, une fois de plus, qu’on peut très bien faire de la bonne musique et avoir des goûts de chiotte quand il s’agit d’y apposer un visuel…


Rédigé par : Prince de Lu et Tonton | Prince de Lu 14/20 - Tonton 15 | Nb de lectures : 13869