Chouette, un nouvel album de Gorath. Après être passé de Descent Productions à Twilight Vertrieb, gageons que les Belges seront bien mieux distribués par le label fourre-tout allemand. Pour la bio, je vous laisse vous reporter à ma précédente chronique. Peu de choses ont évolué, si ce n'est le départ du batteur Kevin de Leener (qui aura eu le temps de coucher ses patterns sur MXCII malgré son horrible prénom), remplacé par B. Vanderheyden l'année dernière.

Après deux albums bourrés de notes, Gorath avait ajouté une bonne louche d'ambiances à son black progressif dans Misotheism en 2008. Force est de constater que la mise en place des ambiances a cette fois pris le dessus, dans un opus qui prend tout le temps d'étaler ses plages. La montée en puissance de "Tombeveld" et son riff mélodique sont particulièrement réussis et font mouche; le titre fait office d'ouverture parfaite pour l'album.

On ne change pas une équipe qui gagne, et Gorath a à nouveau fait appel au Crestfallen Studio et au Shumcot Studio pour enregistrer et mixer, ainsi qu'à Dan Swanö pour le mastering. Le son est puissant et clair, tout en gardant ce qu'il faut de noirceur pour nous immerger en douceur dans un nouveau concept-album hérétique. A ce niveau, c'est nickel.

Si les enchaînements sont toujours virilement bien trouvés, je reste quelque peu sur ma faim. L'album semble abouti, de la part d'un groupe mature qui a clairement trouvé sa voie. Mais la retenue dans l'agressivité et la préférence donnée au mid-tempo ont tendance à garder l'album cloué au sol, alors qu'on aurait rêvé d'un décollage plus fulgurant. Là où Misotheism picorait ses référence nordiques avec désinvolture, on a l'impression que Gorath s'enfonce désormais plus dans le ronronnement général d'un Satyricon ("Godsgerecht Geschiedde", une fois passé le blast d'entrée).

Je reste bloqué sur Misotheism qui présentait l'équilibre parfait à mon goût entre les ambiances et les riffs débridés. MXCII me semble manquer d'un grain de folie et de gnaque, typiquement le reproche que j'ai adressé au dernier Merrimack. "Quel casse-bonbons, ce Prince de Lu. Les premiers albums trop fouillis, le dernier pas assez." Ben vi, c'est comme ça.


Rédigé par : Prince de Lu | 14/20 | Nb de lectures : 12546