Même si ce groupe a vu le jour il y a un peu plus de douze ans, son nom n'était jamais arrivé à mes chastes oreilles... il faut dire aussi que je prends un soin tout particulier m'épargner le Metal allemand... Bref, GOMORRHA vient d'Iéna et propose un agréable mixe de Goregrind poisseux et de Death Metal Old School. Rien de neuf me direz vous. Oui et non.

Bien que pas ou peu révolutionnaire, la musique de GOMORRHA nécessite un certain temps avant d'être appréhendée. En découvrant l'album, on ne sait pas trop de quoi il s'agit. De prime abord, on croit se trouver en face d'un Death Metal banal piqué par les mites qui se contente de barboter dans un archaïsme assez peu avenant. Mais au fil des écoutes (nombreuses) on sent que cette formation offre quelque chose de plus qu'un simple entassement de riffs gras. L'album dégage une atmosphère assez singulière et parvient à créer l'osmose parfaite entre Death vieillot et l'aspect plus gerbouleux d'un Goregrind plus "moderne". Si l'ensemble des titres est imprégné du feeling grésillant de DISMEMBER et du groove des grands classiques de CANNIBAL CORPSE, on remarque une seconde couche mâculée des giclures de pus propres à des groupes tels de DEAD INFECTION. Ce mariage vous semble contre-nature? Il est néanmoins exécuté avec panache. Les onze titres de "Body (P)art" suinte d'une aura assez spéciale qui fait que l'on oscille entre du gluant glaireux digne de LORD GORE et quelque chose de beaucoup plus sec, de plus froid. En cela, on peut rapprocher GOMORRHA de MINCING FURY AND GUTTURAL CLAMOUR OF QUEER DECAY, les deux groupes réussissent à offrir à leurs musiques une dimension personnelle et assez originale.

L'aspect le plus rédhibitoire de cet album aimable réside en sa production très crue, très "suédoise". Les guitares crépitent, la batterie résonne de façon très organique et la basse bave à tout va... faut aimer! Ce grain de son atypique pour un groupe de Death/Grind confère malgré tout un certain charme à l'ensemble qui reste ne se laisse jamais aller dans la brutalité et la rapidité ébouriffante. L'essentiel de la musique de GOMORRHA se concentre sur un mid-tempo dodu lézardé d'interludes basés sur du blast et des structures plus techniques qui raviront les fans de CANNIBAL CORPSE et de HARMONY DIES. Un album plaisant vous dis-je! Et qui contient une reprise du mégatube "Unchallenged Hate" de NxDx.

Une fois l'obstacle du son (faussement) médiocre passé, on peut à loisir se laisser convaincre et séduire par GOMORRHA, ses vocaux cadavéreux qui naviguent entre vocaux Death académiques et couinements porcinets, son groove potelé et son atmosphère émétique.
Pour schématiser, on peut dire: "GOMORRHA/DSK même combat." Derrière un aspect rustique et balourd, GOMORRHA dévoile une musique assez riche qui ne s'apprivoise pas facilement.

Si vous êtes en quête d'un bon petit album de Death Grind pâteux et original, je ne peux que vous recommander ce sympatoche "Body (P)art.


Rédigé par : Cobra Commander | 14/20 | Nb de lectures : 12343