ZeSnake : Bon et bien on dirait que c’est moi qui a charge d’ouvrir le bal. En temps normal devoir chroniquer un album de GOJIRA devrait me rendre très enthousiaste mais concernant ce 5ème album des frenchies, il y a quand même un tout petit peu d’amertume. Tout simplement parce que L’Enfant Sauvage n’est à mon sens pas à la hauteur des deux précédents opus du groupe, et à fortiori l’album complet n’est pas à la hauteur des 2 singles "L’Enfant Sauvage" et "Liquid Fire", qui m’avaient mis une belle baffe et qui me faisaient dire, pour paraphraser un VSeur, que « cet album va être une tuerie... c'est obligé! », et que GOJIRA allait livrer son manifeste. Je m’explique, en 2 points principaux.

Première chose, L’Enfant Sauvage n’est ni plus ni moins qu’un copié-collé de From Mars To Sirius et The Way Of All Flesh, empruntant la lourdeur et le côté écrasant du premier, et les velléités plus progressives et mélodiques du second. GOJIRA fait un petit retour en arrière, qui aurait pu être salutaire tant j’adule From Mars To Sirius, mais malheureusement L’Enfant Sauvage n’a pas d’âme propre pour se distinguer suffisamment de ses deux prédécesseurs, avec un air de déjà-entendu, en dépit d’une prod qui défonce tout (bien que moins abrasive que celle de From Mars To Sirius). Du lourd dans la forme, mais dans le fond c’est un peu léger en définitive.
J’en arrive donc à mon deuxième point, c’est que globalement les morceaux sont décevants, et les 2 singles "L’Enfant Sauvage" et "Liquid Fire" sont pour moi carrément au-dessus du lot, si vous les aviez apprécié rien ne dit que vous apprécierez l’album entier. Album dont le début demeure correct, avec le puissant mais aéré "Explosia", sorte de "Ocean Planet" v.2012, et le sympathique "The Axe". Mais dès qu’on a passé l’interlude (inutile) "The Wild Healer", je trouve que les choses se gâtent. Certes, GOJIRA nous assène des rythmiques particulièrement percutantes avec l’enchaînement "Planned Obsolescence" (qui rappelle un "All the Tears"), "Mouth of Kala", "The Gift Is Guilt" et "Pain Is A Master", mais ces morceaux sont tout simplement plombés par les divers breaks, abaissements de tempo ou envolées plus mélodiques, avec un chant devenant plus chanté qu’hurlé (c’était la volonté de Joe), le tout sans grande saveur, voire montrant carrément une certaine mollesse du bulbe à mon sens, à force de prendre trop de place par rapport aux assauts rythmés (même si ce sentiment s’estompe au fil des écoutes). A cela on ajoutera un "Born in Winter" semi-acoustique pas franchement fameux et bien loin d’un "Global Warming", et un final plus sombre et peu convaincant avec "The Fall", où Joe s’essaie au chant plus growlé. Un final qui ne me touche pas le moins du monde, surtout après un début plutôt prometteur en définitive.

Au final je ne parviens à retenir que les passages les plus efficaces de L'Enfant Sauvage, très réussis, plutôt que les morceaux complets qui sont par ailleurs assez répétitifs. Du mi-figue mi-raisin qui nuit à la cohésion de l’album, le rendant inévitablement décevant pour du GOJIRA, qui évolue à sa manière mais je n'adhère pas. Peu de nouveauté (je n’en demandais pas spécialement), une inspiration qui se cantonne à certains endroits, et un album globalement inégal, jusqu’au sein même des morceaux. Attention, L’Enfant Sauvage est loin d’être une catastrophe, car le talent des basques est bien là pour nous faire quelque chose qui poutre un minimum, mais cet album manque d’arguments par rapport aux deux précédents opus (le moins bon album de GOJIRA restant pour moi The Link, je n’ai jamais pu l’encadrer). Un disque tout juste correct au fil des écoutes, dont je retiens surtout les 2 singles précités (géniaux) et quelques passages cognant menu ici et là. C’est quand même assez maigre pour du GOJIRA… le groupe est porteur d'exigences, et pour ma part j'en attendais un petit peu plus. Tant pis pour moi…
Note : 13/20

Pamalach : Histoire de faire concis, je vais dire d'emblée que je ne suis pas d'accord avec mon petit serpent des bois et que je trouve que ce nouvel album de GOJIRA tient toutes ses promesses. A l'image du sublime premier morceau "Explosia", GOJIRA fait un joli mix de tout ce qu'ils ont fait avec leurs deux derniers albums et se permettent même quelques petites nouveautés/fioritures qui vont faire le bonheur des fans (cherchez bien, il y en à plus qu'on ne pourrait le croire). Plus mélodique dans le chant et même dans les riffs, le chant de Joe se fait plus "clair", la batterie de Mario plus groovy. Mais on retrouve aussi des attaques sacrément bien plombées et des bastonnades bien sévères qui envoient sacrément le pâté.
Alors certes, point de révolution à l'horizon, mais un album très cohérent et des morceaux qui tiennent tous la route et qui se complètent à merveille. Pour moi, et un peu comme dit Snake, trois morceaux se hissent largement au dessus quand d'autres maintiennent la pression sans atteindre la puissance des hits (en ce qui me concerne, je ne trouve pas forcement que c'est les « singles » qui soient le haut du panier de cet album). Mais pour moi, cela à toujours été comme ça avec GOJIRA, de leurs débuts jusqu'à maintenant... du coup, je trouve que cet album tient la comparaison face à "From..." et "The way...".
J'y retrouve tout ce que j'aime chez le groupe : De gros riffs puissants joués sur un mid tempo pachydermique, une batterie qui sait s'accélérer quand il le faut, du grandiloquent et du dramatique, des lignes de chants que je peux fredonner sous ma douche, de la cohérence et une volonté de tous les instants de maintenir un certain cap artistique... quitte à faire quelques petites « boulettes ».

Comme sur ses deux précédents album, GOJIRA à une certaine tendance à la répétition (leur fameux effet « transe » qui ne fonctionne hélas pas tout le temps) et bien sûr, un certain côté « aventureux » que l'on retrouve un peu moins sur cet album, le groupe semblant avoir largement pris conscience qu'ils ont trouvé « leur » style. C'est un peu court à mon goût, j'aurais aimé plus de parties « Grind »... mais pas grand chose d'autre à redire en fait. On retrouve les oripeaux des groupes que GOJIRA affectionne, mais cela aussi, ce n'est plus une surprise quand on est habitué à leurs albums.
Alors quoi ? Un bon album de GOJIRA, peut être pas le meilleur, mais un bon album supplémentaire et un album qui à mon goût vaut bien ses 16/20... pour moi hein.
Note : 16/20

Choko : Je peux chercher un tas de prétextes qui me donneraient l’envie d’énumérer les nombreux défauts de Gojira, mais il va de soit que ce cinquième méfait saura répondre aux nombreuses attentes qui pèsent sur eux. Sans révolutionner le « style Gojira », le quatuor rassure avec un album captivant, nettement moins sombre que son prédécesseur et renouant avec l’approche musical d’un « From Mars to Sirius ». « Explosia » et son break mélancolique rappelleront l’esprit d’un certain « Ocean Planet », et pour sûr, ce morceau d’entrée réussit très bien à nous mettre dans le bain.

La production de « L’Enfant Sauvage » est d’ailleurs très imposante, le groupe himself et Josh Wilbur (qui a réalisé aussi la prod du « Resolution » de Lamb of God récemment) ont réalisé un travail qui pourrait rebuter ceux qui n’aiment pas les gros murs de son et préfèrent des productions plus fines, moins poussées à l’extrême. En contrepartie de la violence sonore, Gojira n’hésite guère à imposer des chansons plus ambiantes que violentes, comme l’excellent « Liquid Fire », titre véritablement captivant. Plus commun pour le combo, les passages doux qui suivent annoncent contradictoirement plus de violence.

Après le très « Flying Whales » « The Wild Healer », « Planned Obsolescence » résonne plus brutalement et montre une fois de plus que Mario est un batteur complètement dingue. De plus, derrière cet aspect dur et brutal, Gojira affiche un visage différent avec ces parties presque post-core par moments. Le chant de Joe est varié, plus nuancé, et montre les progrès de ce dernier dans des registres chantés, hurlés ou plus susurrés et se marie avec perfection au style des Français. A l’instar du magnifique « The Gift is Guilt », Gojira pond encore des titres « tubesques » qui sauront faire réagir les foules et laisse continuer ce disque avec beaucoup d’intérêt.

L’album est inspiré et montre encore que Gojira n’a pas fini de nous étonner. « L’Enfant Sauvage » ne laisse pas aucun doute quant à la force de la bête, la signature chez RoadRunner n’a rien changé à l’esprit du groupe landais. En apportant de nouvelles idées sur les mélodies, Gojira continue sur sa lancée et ravira les fans. La fin sublime avec « Born in Winter » et « The Fall » ne fait que sublimer ce disque qui ne perd pas l’attention de l’auditeur. « L’Enfant Sauvage » s’inscrit dans une lignée de « From Mars to Sirius » et ne devrait pas troubler les fans de Gojira.
Note : 16/20


Rédigé par : ZeSnake & Pamalach & Choko | 15/20 | Nb de lectures : 27692