Si certains groupes s'intéressent au nombre de Panzers qu'on peut faire rentrer dans le rectum du Messie, GOD DETHRONED dévoile un album inspiré une nouvelle fois par la "Grande Guerre". Après un fort plaisant "Passiondale", la bande à Riton fait péter la grosse Bertha sur un disque tout simplement éblouissant d'une férocité épique toujours empreinte d'une certaine mélancolie… La grande classe.

Depuis sa naissance, GOD DETHRONED semble avoir troqué ses défroques sataniques primaires pour s'orienter vers des horizons un peu plus élégants, plus évolués serais-je tenté de dire… Après avoir tenté de fissurer les fondations de la chrétienté, nos Hollandais violents ont fait cap sur des thématiques plus variées pour finalement se fixer dans la boue des tranchées. A l'instar de "Passiondale", "Under The Sign Of The Iron Cross" se veut être la mise en musique de la plus incroyable boucherie industrielle de l'Histoire. Pari risqué, mais pari remporté grâce à l'immense puissance de feu déployée par GOD DETHRONED sur ce nouveau chef-d'œuvre qui vient éclairer les cieux d'une discographie inégale... Des merveilles ("The Grand Grimoire", "Bloody Blasphemy", "Ravenous"), des gadins ("Into The Lungs Of Hell", "The Toxic Touch") et des albums sympas-mais-sans-plus ("The Lair Of The White Worm", "Passiondale")...

Avec cette nouvelle galette, GOD DETHRONED retrouve sa rage d'antan ainsi que sa fureur, on oublie toutes les malencontreuses aventures mélodiques molles à l'inspiration douteuse pour plonger dans un bain de hargne pilonnée par une intensité qui ferait passer l'artillerie lourde de la Triple Entente pour un pétard mouillé. Ici, tout n'est que brutalité et férocité... Les voix sont rageuses, habitées par la violence de la musique et le père Riton possède toujours ce grain inimitable qui vous transperce et vous secoue entre gros Death Metal CENTURIANesque et gros Black Metal MARDUKien. Les textes qui ont toujours été remarquables chez ce groupe sont encore une fois bien travaillés, on suit ainsi le destin tragique de millions de soldats massacrés, déchiquetés et trahis par leurs Nations et Empires dirigés par des idéaux grotesques. L'album suit le fil de l'histoire, les débuts sont ouvertement belliqueux et glorifient la guerre, puis vient le temps du désenchantement et la confrontation avec la répugnante réalité qui mène fatalement à la désolation la plus totale. Ces étapes sont admirablement bien illustrées par la musique de GOD DETHRONED.

On traverse des champs de bataille lacérés de riffs tranchants et l'on court sous le feu nourri de la batterie qui martèle sans discontinuer des flots de blast beats. Les hymnes de guerre tartinent aveuglément et sont presque dénués d'humanité, GOD DETHRONED écrase tout ce qui a le malheur de se présenter dans le viseur de ses mitrailleuses, les chants sont monolithiques, imposants, froids... morts. A mesure que "Under The Sign Of The Iron Cross" progresse, on y décèle de plus en plus de mélancolie… de "feeling".

Lorsque les sulfateuses s'apaisent, on découvre le second versant qui a permis à GOD DETHRONED d'être un groupe "à part", un aspect plus mélodieux, plus épique qui met en lumière les textes de ces neuf chansons. Le souffle épique vous défrisera les bigoudis lorsque l'album suivra le "Red Baron", il se métamorphosera en aura amère sur le grotesque des officiers nés sous le signe de la croix de fer et deviendra ouvertement morbide sur le titre le clôture de cet album ô combien impressionnant.

Il s'agit sans doute là de l'album le plus prenant de GOD DETHRONED depuis "The Grand Grimoire", la furie, la bestialité sont omniprésentes mais toujours piquées de pointes mélodiques finement ciselées... Ce groupe a la classe, et il faudrait être complètement miro pour pas s'en rendre compte!

On peut écouter cette galette à différents niveaux: en mode bas du front, on prend son panard à se faire tartiner la tronche de blasts... ou en mode plus sophistiqué en se délectant du raffinement de cet album en tous points excellent.

Si le panache de GOD DETHRONED a subi quelques revers par le passé, ce nouvel album redore le blason de ce grand groupe, et je ne puis que vous encourager à y jeter une oreille, les plus sceptiques ne pourront qu'être éblouis par la qualité du travail accompli par ce groupe...

Seul regret: "Under The Sign Of The Iron Cross" aurait mérité une pochette signée Otto Dix.


Rédigé par : Cobra Commander | 17/20 | Nb de lectures : 16139