Pour la première fois depuis que je les ai découverts avec « Ravenous » et sa fabuleuse reprise du cultissime « Evil Dead » de DEATH, GOD DETHRONED m’a laissé perplexe après la découverte de « The Toxic Touch », un album très mélodique et, surtout, majoritairement lent. Sheb l’avait très bien décrit dans sa kro , en 2006 les Hollandais semblaient marquer le pas en abandonnant les virulentes rythmiques qui avaient fait leur succès. En effet, GOD DETHRONED a toujours été très mélodique, mais également très brutal, le mélange des deux en faisant un groupe sinon exceptionnel, tout au moins largement au-dessus de la moyenne et surtout, garant sortie après sortie d’une qualité jamais prise en défaut.

Aussi con que cela puisse paraître, le retour de Roel Sanders à la batterie me faisait espérer un retour à quelque chose de plus agressif, espérance qui ne fut que renforcée par le thème choisi pour l’album (la Première Guerre Mondiale, à travers l’un de ses épisodes les plus meurtriers, la bataille de Passchendaele en Belgique). Attention, il n’est pas ici question de dire que le précédent album n’était pas bon, il était simplement trop éloigné de ce que la majorité des fans de GOD DETHRONED attendent d’eux… à savoir un album comme « Passiondale ». Sans revenir à la furie death/thrash de « Ravenous » ou aux atmosphères plus black de « Bloody Blasphemy », Henri Sattler a néanmoins réintégré le blast et la hargne dans sa musique, rapprochant ce dernier album d’un « The Lair Of The White Worm », les influences néo en moins.

Les fidèles du groupe ne seront pas dépaysés et retrouveront des plans en passe de devenir aussi stéréotypés qu’une cavalcade à la MAIDEN, après une superbe intro dont le texte déclamé en japonais apporte une touche de mystère qui débouchera sur la première déflagration, « Under A Dark Sky », délicieusement brutale. Le reste de l’album est à l’unisson, à savoir des tempos le plus souvent rapides ou blastés, des refrains bien efficaces à la GOD DETHRONED et quelques rythmiques thrashisantes bien senties, même si moins percutantes qu’il y a quelques années. Les Hollandais ne se sont pas contentés de resservir le même plat à peine réchauffé pour autant, et ont invité Marko Van Der Velde, le chanteur de THE WOUNDED, à poser quelques voix claires sur « Poison Fog » et « No Survivors ». Réussite totale une fois encore, avec ce chant mélancolique qui se fond parfaitement dans l’ambiance funèbre de l’album sans sonner commercial. Pour clore l’album, l’option de l’instrumental a été choisie, trois minutes pendant lesquelles une guitare pleure une mélodie rappelant le son déchirant des cornemuses jouant « Amazing Grace », comme un dernier hommage rendu aux victimes de la/des guerres passées et actuelles.

Henri Sattler a pris un parti concernant les textes, celui de n’en prendre aucun. Les paroles des morceaux de « Passiondale » sont ainsi dénuées de tout jugement envers un quelconque camp et évitent également le piège du jugement moral trop explicite type « la guerre, c’est pas bien », ce qui n’en rend l’album que plus digeste. Notons à ce propos qu’Isaac Delahaye, l’ancien guitariste, qui a indirectement inspiré Henri puisque ce dernier passait régulièrement à Passendale quand il lui rendait visite, a également fait beaucoup de recherches historiques pour l’aider à rédiger ses textes.

L’édition digipack limitée comprend un CD bonus live contenant un concert enregistré en 2005, donc très similaire à celui qu’on pouvait trouver sur le DVD bonus de « The Toxic Touch », rien de plus récent n’étant disponible. Son correct, interprétation professionnelle sans beaucoup de folie, GOD DETHRONED en live quoi.

« Passiondale » n’est pas qu’un album de plus dans la discographie somme toute très homogène des Hollandais : il est l’album qui réconciliera les fans les plus radicaux avec eux grâce à un net durcissement du propos, tout en conservant ceux qu’ils auraient rallié à leur cause avec l’album précédent puisque les mélodies sont toujours bien présentes. GOD DETHRONED confirme ainsi son statut de groupe solide et stable, sur lequel on peut compter pour offrir des morceaux qui avoinent sans sombrer dans la bestialité bête et méchante ; pourvu que ça dure !


Rédigé par : Dungorpat | 16/20 | Nb de lectures : 11659