Chroniquer cet album m'a fait songer à un commentaire judicieux posté sur un sujet du forum de cet auguste webzine où certains membres émérites débattaient du bien fondé des promos reçus par les chroniqueurs. Oh que oui, il est vrai que nous sommes chanceux de recevoir le fruit de longues heures de travail gratuitement via un joli petit paquet matelassé. Mais que diriez-vous de recevoir un disque sans pochette (même cartonnée), sans tracklist, et sans biographie explicative sur le groupe. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis où GODHEAD jouit apparemment encore d'un statut particulier... L'effet de surprise et ce coup de gueule passés, petit rappel: GODHEAD a sorti son premier album en 2001 dans l'effervescence générale; signature sur Posthuman Records et donc parrainage par Marilyn Manson himself, tube "The reckoning" en vedette sur la BO de la suite de "The Blair Witch project" (pas franchement une référence) aux côtés de groupes bien plus confirmés, participation à la Ozzfest... Autrement dit, gros buzz.
Malgré cela, les ventes n'atteignent pas le seuil espéré, et le combo se voit obligé de sortir "Evolver" en 2003 dans une indifférence polie, et ce malgré le fait que ce disque soit bien plus efficace encore que son prédécesseur. La loi du business me direz-vous.
Nous voici maintenant en 2007, et GODHEAD, fort d'une signature sur le tout nouveau label Cement Shoes, (qui a, au passage, également récupéré les latinos énervés de ILL NINO) voit la naissance de son troisième bébé, "The Shadow Line".
Pour ceux qui connaissent déjà le combo, aucune surprise, on nage en eaux famillières, soit grosses guitares, production soignée, effets électroniques de bon aloi et joli brin de voix de Jason Miller. Dès l'ouverture sur "Trapped in your life", il est clair que le groupe vise le marché US friand de singles efficaces toutes grattes en avant, tout en gardant un côté propret et très pop. Et le groupe n'est pas loin de décrocher la timballe sur les très réussis "The gift" (et sa mélodie vocale doucereuse berçant le refrain), "Once before" (diablement accrocheur) ou encore le très efficace "Push". Le gang des corbeaux s'essaye même avec succès à la power ballade avec le très joli "Fall down"... Et après, me direz-vous? Ben, euh, après pas grand-chose. On notera bien l'hommage à papa Manson sur "Another day" ou le riff bien lourd (même si déjà entendu) de "Hey you", mais pour le reste, c'est le vide... C'est simple, plus rien à se mettre sous la dent après le septième titre, dur dur de se coller un "Unrequited" fadasse quand on pense aux tubes du début.
Tout comme l'album d'APRIL chroniqué précédemment par votre serviteur, ce disque souffre d'une irrégularité maladive, et aurait certainement pu faire un EP mortel amputé de la moitié de ses titres. Sinon que, au contraire des finlandais précités, GODHEAD a intelligemment placé les pistes plus que moyennes à la fin du disque... Cet album serait-il donc destiné aux gens qui zappent un disque après six ou sept morceaux?
Ce "The shadow Line" souffre donc du même défaut que ses deux grands frères, alternant eux aussi le meilleur (au début) comme le pire (à la fin de la rondelle).
Un groupe qui tourne (déjà) en rond malgré de bonnes idées et quelques tubes en puissance.


Rédigé par : Thortyir | 12.5/20 | Nb de lectures : 11903