Dix années séparent «Streetcleaner» de «Us And Them» (sorti en 1999, donc). Un bon moyen de faire le bilan de ce qui changé entre-temps… Une chose est certaine: J.K. Broadrick ne pouvait se contenir plus longtemps… Grâce à la réalisation de ses divers projets (GOD démarré en 1990, Techno Animal en 1991, Ice en 1993 et j’en passe…), le sieur a acquis une culture très personnelle du son… Et c’est à croire, à l’écoute de «Us And Them» que les différents projets - de Techno Animal à Godflesh - aient fini par tous s’influencer.

Alors que «Selfless» (1994) présentait une forme évoluée de Godflesh, la métamorphose s’est opérée encore plus en profondeur avec le LP suivant «Songs Of Love And Hate», dans les bacs en 1996, intégrant en majeure partie des éléments Dub (encore discrets, mais tout de même perceptibles). Pour ce LP, Justin est même allé pousser le vice jusqu’à réaliser lui-même des versions 100 % Dub de certaines plages, réunies sous l’appellation «Love And Hate In Dub» (1997).

«Us And Them» démarre sur le titre «I, Me, Mine» aux accents Dub: la rythmique s’est clairement transformée en un beat dévastateur et groovy au possible. Mais rassurons-nous, le malaise est toujours présent, les riffs de guitares aussi tranchants et dissonants qu’auparavant et le chant toujours aussi oppressant. La formule «Godflesh» dont je vous ai parlé lors de la chronique de «Selfless» est toujours présente et n’est ni masquée, ni altérée par ces éléments nouveaux. La basse de G.C. Green, quant à elle, fait montre d’un jeu assez varié alternant les passages soutenus - comme précédemment, c'est-à-dire en phase avec le rythme - avec un doigté plutôt Dub, justement. Certains compositions en deviennent même «dansantes», tant le groove et le rythme particulier sont entraînants… «Endgames» et «Defiled» sont tout simplement dévastateurs avec leur Hardcore/Jungle imparable, tandis que «Whose Truth is Your Truth?» et «Nail» explorent les contrées Hip-Hop, largement exploitées dans le cadre de Techno Animal. Ce qui surprend au final, c’est la variété d’humeurs, proposées tout au long du LP. Les deux dernières compositions sont en cela très déconcertantes, tirant plus leurs influences du côté du Post-Rock.

Bien entendu, cet album ne conviendra pas aux aficionados du Godflesh originel, certains peuvent même penser que Justin et Ben se sont perdus en chemin… Mais, ces douze titres sont si jouissifs et si uniques.


Rédigé par : DeadStar | 18/20 | Nb de lectures : 1013