Deux ans après «Pure» (une longue attente qui aurait pu être prise pour un mauvais présage), apparaît tardivement «Selfless» (1994) renforçant la formule établie par Justin K. Broadrick (aux guitares, au chant et aux machines) et par Ben C. Green (basse), puisque le combo se retrouve à nouveau sous la forme d’un duo (exit Robert Hampson et Paul Neville). «Selfless» représente une transformation naturelle de Godflesh, qui réussit à introduire quelques éléments étrangers à son propre canevas sonore.
Pas de doute, les choses ont évolué depuis «Streetcleaner»… Là où «Pure» représentait la voie la plus Indus que pouvait prendre le binôme, ce troisième album en date est considéré comme le plus Rock et le plus Heavy de toute la discographie. Plus groovy et surtout plus «organique», il garde néanmoins l’essence même de Godflesh : les titres restent aussi sombre et sont d’esprit toujours aussi nihilistes. D’aspect répétitif, les machines ne cessent de marteler de leurs rythmes presque martiaux (même si la boîte à rythmes est utilisée plus comme un membre à part entière, car plus vivant que sur «Streetcleaner» et «Pure»), accompagnés par les riffs dissonants de guitares de Justin et de la basse au son et à l’attaque si particulières de Ben. Il est à noter que la basse a souvent été déconsidérée, par beaucoup, dans Godflesh et prise comme un élément mineur. Grave erreur : on se rend compte ici, à l’écoute de l’ensemble des compositions, que la basse est responsable de la profondeur et de la texture du son… Par sa régularité de jeu, elle permet aussi à Justin de se laisser aller à quelques envolées de grattes (à coups de larsens bien dosés) encore plus dissonantes, par instants presque Noise.
«Selfless» montre que Justin dans son effort de composition a largement progressé, se servant de différentes atmosphères et ambiances pour faire varier ses montées en puissance, ses breaks écrasants et ses accalmies bienfaitrices. Le planant «Black Boned Angel», au tempo particulièrement lent, en est le parfait exemple : on finit en effet par s’oublier au milieu du morceau, car emporté par l’aspect récurrent de la musique. La caractéristique importante de ce troisième LP reste la notion de dynamique, présente tout au long de l’album. Grâce à l’alternance de titres lourds et oppressants («Empyreal», «Mantra» ou «Black Boned Angel») et de compositions plus pêchues, plus rentre-dedans aux riffs très Heavy («Anything Is Mine», «Toll» et le plus connu «Crush My Soul», au format assez Rock), «Selfless» présente un agencement de titres particulièrement bien pensé. De nombreux titres forts parsèment l’album, ceux-ci restant des pièces maîtresses de l’échiquier Godflesh. Ce sont pour l’essentiel «Body Dome Light» au riff moteur entêtant et presque narcotique, «Bigot» et «Heartless».
Le chant de Justin, quant à lui, reste aussi présent que par le passé (c'est-à-dire placé çà et là et quelque peu en retrait), et prend ici des intonations de plus en plus lyriques.
C'est sous forme d'un prologue que le titre bonus «Go Spread You Wings» (sur CD exclusivement) long de plus 24 minutes - montrant qu’à l’époque le combo n’avait rien perdu de ses velléités bruitistes et industriels - vient clore un album incontournable, à découvrir ou à redécouvrir pour saisir la métamorphose de Godflesh en Jesu…
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Pas de doute, les choses ont évolué depuis «Streetcleaner»… Là où «Pure» représentait la voie la plus Indus que pouvait prendre le binôme, ce troisième album en date est considéré comme le plus Rock et le plus Heavy de toute la discographie. Plus groovy et surtout plus «organique», il garde néanmoins l’essence même de Godflesh : les titres restent aussi sombre et sont d’esprit toujours aussi nihilistes. D’aspect répétitif, les machines ne cessent de marteler de leurs rythmes presque martiaux (même si la boîte à rythmes est utilisée plus comme un membre à part entière, car plus vivant que sur «Streetcleaner» et «Pure»), accompagnés par les riffs dissonants de guitares de Justin et de la basse au son et à l’attaque si particulières de Ben. Il est à noter que la basse a souvent été déconsidérée, par beaucoup, dans Godflesh et prise comme un élément mineur. Grave erreur : on se rend compte ici, à l’écoute de l’ensemble des compositions, que la basse est responsable de la profondeur et de la texture du son… Par sa régularité de jeu, elle permet aussi à Justin de se laisser aller à quelques envolées de grattes (à coups de larsens bien dosés) encore plus dissonantes, par instants presque Noise.
«Selfless» montre que Justin dans son effort de composition a largement progressé, se servant de différentes atmosphères et ambiances pour faire varier ses montées en puissance, ses breaks écrasants et ses accalmies bienfaitrices. Le planant «Black Boned Angel», au tempo particulièrement lent, en est le parfait exemple : on finit en effet par s’oublier au milieu du morceau, car emporté par l’aspect récurrent de la musique. La caractéristique importante de ce troisième LP reste la notion de dynamique, présente tout au long de l’album. Grâce à l’alternance de titres lourds et oppressants («Empyreal», «Mantra» ou «Black Boned Angel») et de compositions plus pêchues, plus rentre-dedans aux riffs très Heavy («Anything Is Mine», «Toll» et le plus connu «Crush My Soul», au format assez Rock), «Selfless» présente un agencement de titres particulièrement bien pensé. De nombreux titres forts parsèment l’album, ceux-ci restant des pièces maîtresses de l’échiquier Godflesh. Ce sont pour l’essentiel «Body Dome Light» au riff moteur entêtant et presque narcotique, «Bigot» et «Heartless».
Le chant de Justin, quant à lui, reste aussi présent que par le passé (c'est-à-dire placé çà et là et quelque peu en retrait), et prend ici des intonations de plus en plus lyriques.
C'est sous forme d'un prologue que le titre bonus «Go Spread You Wings» (sur CD exclusivement) long de plus 24 minutes - montrant qu’à l’époque le combo n’avait rien perdu de ses velléités bruitistes et industriels - vient clore un album incontournable, à découvrir ou à redécouvrir pour saisir la métamorphose de Godflesh en Jesu…
Rédigé par : DeadStar | 18/20 | Nb de lectures : 922