GODFLESH - Pure (Earache) - 19/03/2005 @ 13h35
3 ans après l'étouffant et inovateur "Streetcleaner", et après 2 EP méconnus ("Cold world" et "Slavestate"), Godflesh revient et accouche de ce qui restera pour moi et pour beaucoup le meilleur album de Godflesh (peut-être pas le meilleur de Justin, Jesu remontant la barre très haut...)

Quels sont les changements et l'évolution ? Tout d'abord le son est beaucoup plus lourd, plus puissant. La boîte à rythmes, véritable pilier de ce disque, est très en avant, et martèle sans cesse des rythmes industriels mais variés tous aussi oppressants et prenants les uns que les autres. La basse, accordée au ras du sol, comme toujours chez Godflesh, est en parfaite harmonie avec les martèlements et claque bien comme il faut. Les guitares, quant à elles, sont d'un froid clinique effrayant et les riffs sont typiques de Justin, à savoir peu complexes, mais extrêmement accrocheurs, simplement grâce à quelques notes et pas mal de distortion. Le chant varie quant à lui entre l'aérien bourré d'écho et le hargneux. Les samples et bruitages sont impeccablement incorporés et présents pour renforcer cette lourdeur fracassante.

Tous les morceaux sont variés, oscillant entre 4 et 10 minutes ("pure II" étant à traiter à part), aucun n'est à jeter, que ce soit "Spite" et "Mothra" avec leurs riffs calés sur le rythme des machines, leur chant haché et rageur, "Monotremata", lent et oppressant, "I wasn't born to follow" et son chant aérien, "Predominance" très industriel et compresseur, ou encore (je vais pas tous les faire) "Don't bring me flowers", l'un des meilleurs morceaux, avec ce passage où la basse claque au rythme des machines, et la guitare distordue nous transporte. Les riffs et les rythmiques se retiennent en quelques écoutes, et malgré la longue durée de l'oeuvre (80 min), on ne s'ennuie pas un seul instant, les morceaux empruntant des schémas et des structures différents à chaque fois, avec breaks, accélérations (mid-tempo), guitares hachées, étirées, ou dissonnantes, etc.
La fin du disque est quant à elle très particulière (on a déjà eu droit à 48 min et 8 titres), grâce à 2 morceaux. "Love hate" tout d'abord, presque drone au début, un tempo très lent faisant son apparition, un riff étrange répété à l'infini, un chant lointain et pas très humain, le tout pendant 10 minutes, pour enchaîner sur "Pure II", soit un joyaux de 21 minutes de drone/dark ambient : une guitare sonnant au loin, pleurant sa souffrance, des percussions et grondements abyssaux et atroces ponctuant ce voyage, et ces nappes indus qui nous enveloppent malgré nous. Impossible d'échapper à cette descente au fond du gouffre, une immense cavité d'un noir total où il est impossible de distinguer la nature et la provenance de ces sons effrayants. Ecoutez donc ce morceau à fond, au casque et dans le noir complet, et vous comprendrez de quoi je veux parler...

Il ne fait aucun doute à mon avis que "Pure" est LE classique de Godflesh à posséder à tout prix, étant le plus lourd (grâce aux machines) et le plus torturé (dernier morceau inoubliable) de toute la carrière du groupe. L'artwork est d'ailleurs à l'image de la musique, glauque et inhumain. Lorsqu'il a composé ce disque, Justin Broadrick devait vraiment être dans un état totalement à l'opposée de celui qui lui a permis de nous présenter "Jesu". Une pierre angulaire de l'indus.


Rédigé par : Hallu | 19/20 | Nb de lectures : 1316




Auteur
Commentaire
Hasmodees
Invité
Posté le: 30/03/2005 à 00h32 - (14550)
Chaque album de Godflesh est une nouvelle révélation: toujour ses rythmes terrassants, ses guitares dissonnantes, ses ambiances froides, mélancoliques ou illuminées, remaniées différamment selon les albums.

Mais en effet, cet album est celui que je conseillerais à quelqu'un qui voudrait découvrir Godflesh. Il est à la fois indus, rock, hardcore, complexe et direct, beau, accessible et difficile d'accès.

Nostalgie

Je me souviens d'un interview lue dans Metal Hammer à l'époque de sa sortie dans laquelle Broadrick disait: "L'auditeur souffre toujours autant, mais de manière plus agréable je trouve!"

Je me souviens d'une de ces glauques fin de soirées arrosées et métalliques, dans une vieille cuisine sombre, sentant les relents de bière reversée, à la lueur blafarde de la simple lumière d'un four, écoutant Pure avec un de mes acolytes (anonyme). A la fin du morceau Pure II, nous nous cognâmes la tête l'un contre l'autre, étants persuadés qu'il fallait changer la face disque.... Alors qu'il s'agissait d'un CD.

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