GOATWHORE - Constricting Rage Of The Merciless (Metal Blade) - 23/07/2014 @ 22h35
Quand on évoque le Black/Thrash, on pense surtout à ces musicos exhibant fièrement leurs cartouchières et leurs brassières à clous plus longs que ceux de Kerry King, les fuck à l’appareil photo pour les photos promo, les discours bien Satan et 666 lors d’interviews qui suintent la bière jusque dans les pages de magazine, et la musique bien primitive enregistrée sur 4 pistes avec 3 riffs et un unique pattern de batterie en 33 minutes. Alors quand GOATWHORE est présenté comme groupe de Black/Thrash, on se pose des questions. Point de norvégiens bourrus, ici nous avons affaire à des américains venant tout droit de la Louisiane, de la Nouvelle-Orléans, du bayou qui pue le whisky et le sludge bien gras. Leurs membres n’exhibent que bien peu de clous (pas très pointus), tout au plus quelques t-shirts typiques et/ou des pentacles, et ont fait leurs armes dans des groupes affiliés au sludge (ACID BATH, SOILENT GREEN) ou à la rigueur du BM plus travaillé ou possédant d’autres influences (NACHTMYSTIUM, DOOMSDAY, ABIGAIL WILLIAMS) plutôt que n’importe quelle forme de Metal noir cracra et blasphématoire. La prod, c’est pas du 4 pistes enregistré à l’arrache, Erik Rutan (HATE ETERNAL) sonorise les albums de GOATWHORE depuis un petit moment maintenant. Les paroles sont fouillées et ne se résument pas au trident 666/bière/Satan, les morceaux semblent parfois sortir d’un générateur de titres de BM tant les thèmes sont classiques avec souvent la forme "Blabla the Truc of Machin" ou "Gnagna the Bidule of the Chouette" avec des "of" et des "the" partout, c’est bien simple depuis leur premier album The Eclipse Of Ages Into Black (2000) et en 68 titres j’ai compté 26 "of" et 24 "the", et j’aurai pu ajouter les nombreux "to" et "in". C’est très futile mais ça me fait marrer, à tel point que lorsqu’on voit la tracklist d’un nouvel album de GOATWHORE on trouve tout de suite un petit côté typique et reconnaissable rien qu’à la façon de poser les noms des morceaux…

Bref, avec sa prod à l’américaine et son background à l’américaine, GOATWHORE est bien loin d’un BESTIAL MOCKERY voire même d’un AURA NOIR, mais je ne pense pas que le groupe ait la prétention de faire du Black/Thrash bien cradingue à la norvégienne. Toujours est-il que le groupe ne doit pas plaire à certains true, et qu’on pourra aisément lui reprocher de faire du Black un tantinet « artificiel » et de manquer d’âme… Malgré des débuts plus crus, GOATWHORE est devenu assez propre dès A Haunting Curse (2006) et poursuit son chemin dans cet apparat «« moderne »» depuis. A défaut de Black/Thrash tranchant et satanique, on obtient alors une sorte de Black/Death/Thrash plutôt plaisant et efficace, sans prise de tête et sans être trop primitif. Dommage que A Haunting Curse et Carving Out The Eyes Of God (2009), malgré des départs en fanfare (le trio d’entrée du premier et les excellents "Apocalyptic Havoc" et "The All-Destroying" du second), finissaient par s’essouffler. La Putain du Bouc l’a bien compris et a alors décidé d’évoluer quelque peu pour Blood For The Master (2012), en devenant un peu plus mélodique, plus rock’n’roll encore, et en faisant plus ressortir le background sludge de ses membres, celui de SOILENT GREEN en tête. Pas forcément avec une grande réussite pour ma gouverne, le groupe m’intéressant bien plus quand il envoie la sauce et pond des riffs croustillants. Constricting Rage Of The Merciless va donc tenter de corriger le tir.

Comme d’habitude, ça commence bien avec "Poisonous Existence in Reawakening" qui fait bien taper du pied par moments et nous permet de constater que Falgoust est toujours en forme au niveau des vocaux. Sur ce disque il est souvent accompagné des vocaux gutturaux de Sammy Duet, ce qui apporte un peu de nouveauté pour GOATWHORE. Mais pour le reste, ça sera du classique, ou presque. On a donc le droit à des morceaux Black/Thrash globalement rapides plus (le plus mélodique "Schadenfreude", le final à fond "Externalize This Hidden Savagery") ou moins ("Reanimated Sacrifice") ou moyennement ("Unravelling Paradise", "Heaven’s Crumbling Walls of Pity", "Nocturnal Conjuration of the Accursed") excitants, et à des morceaux plus rock’n’roll qui font leur petit effet par leur côté roots presque MOTÖRHEADien et entraînant ("Baring Teeth for Revolt" et "FBS", étonnant d’avoir pris ces deux morceaux comme singles alors qu’ils ne sont pas forcément représentatifs ni de Constricting Rage Of The Merciless, ni de GOATWHORE en général). La seule surprise vient de ce morceau étonnamment poisseux et rampant qu’est "Cold Earth Consumed in Dying Flesh", flanqué d’une magnifique intro d’ailleurs : le résultat tranche nettement avec le reste de la musique très directe de GOATWHORE mais l’effet est garanti (surtout pour le contraste avec l’accélération centrale), et l’on peut pleinement apprécier les grunts très prenants de Sammy Duet, le background sludge/doom des musiciens du groupe est donc ici à son paroxysme.

Et voilà le travail, vite fait bien fait (37 minutes). Si vous avez aimé GOATWHORE depuis A Haunting Curse, vous devriez aimer celui-ci, à moins d’avoir été totalement hermétique à Blood For The Master. Les velléités sludge du groupe sont désormais plus prononcées que par le passé, mais ce qui prédomine c’est bien le Black/Thrash(/Death), qui comme toujours est trop propre pour vraiment faire son office de disque de BM cru et direct mais ce sont les choix du groupe. Plus vraiment de CELTIC FROST worship à ce stade de la disco du groupe mais en même temps et pour ma part, les influs des suisses chez GOATWHORE depuis A Haunting Curse, je les cherche encore… Constricting Rage Of The Merciless m’apparaît supérieur à son prédécesseur, mais je ne serai jamais un grand fan de ce groupe, qui m’est sympathique sans plus et Carving Out The Eyes Of God me semble être leur meilleur effort. Sans me la jouer trve, si je cherche du « Black/Thrash », je vais me tourner vers quelque chose de plus cradingue… (sans tomber dans les groupes primitifs que je n’aime pas non plus, un groupe du style de DESTRÖYER 666 fait largement l’affaire). Au final, Constricting Rage Of The Merciless est presque à considérer comme un bon disque de Black pour l’été. C’est sûr qu’on ne dirait pas ça d’une galette de TNBM…



http://www.goatwhore.net - 145 visite(s)


Rédigé par : ZeSnake | 14.5/20 | Nb de lectures : 13443




Auteur
Commentaire
Aucun commentaire

Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion






Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site

Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs. S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos

Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker