Dans la famille « j’ai vraiment rien pour moi », je voudrais le cousin américain. « Présent ! », répondent Gnostic, qui pourraient presque avancer comme excuse à leur pâle figure que ce n’est pas de leur faute s’ils ont trouvé à se faire signer… Car si un label de nos contrées (Ordealis) a choisi de donner sa chance à ce groupe de black pur jus aux immanquables relents thrash, les raisons de l’investissement sont ingénieusement cachées. Oh, pas que cet album soit un déshonneur en soi : après tout une bonne débauche de sueur rageuse et sans détours se justifie toujours d’elle-même, et je ne chercherai pas à contester qu’en affichant une remarquable constance dans son affiliation au type rudaud et méchant, « Evoking the Demon » s’écoute sans trop tortiller le nez, pourvu qu’on ait le cerveau en stand-by le temps d’engloutir sa petite demi-heure dans un fichier de matière grise en surface qui sera vite écrasé et relayé soit par le rictus éclairé d’Eric Pujadas annonçant trivialement la dernière hécatombe civile au Proche-Orient, soit – les jours de profonde vacuité intellectuelle – par un morceau d’In Flames. Avec pour tout signe distinctif des leads atrocement désaxés qui établissent de nouvelles conventions dans l’autisme musical, les morceaux nagent une petite brasse dans les eaux vaseuses où les plongent un combi basse-batterie grumeleux plus proche d’une centrifugeuse prise dans un cocon ouaté que d’une section rythmique un tant soit peu présentable. Mais honnêtement, même une production aux petits oignons n’aurait pas servi à accomplir des miracles : le spectre des compositions est beaucoup trop étroit, leur exécution navigant entre le faible et le modeste, et à aucun moment le groupe ne parvient à insuffler ne serait-ce que l’illusion de pouvoir faire sentir sa morsure par-delà le medium de l’enregistrement, sans parler bien sûr d’élever son niveau de jeu. Bref, une petite escarmouche sans frais qu’un public conséquent dépréciera à sa juste valeur.


Rédigé par : Uriel | 06/20 | Nb de lectures : 8413