Que faire quand le crachoir est rempli de fiel à en dégueuler? On en choppe un second! Formé en l'an de grâce 2006 suite au dépérissement de Khanate après l'enregistrement de "Clean Hands Go Foul", Gnaw est la nouvelle abomination sonore du jovial Alan Dubin, qui a su s'entourer de quelques camarades de jeu partageant son goût de la gaudriole pour nous concocter une petite sauterie entre amis. Mais les bons moments, ça se partage, c'est donc par le biais de Conspiracy Records que les New Yorkais comptent nous faire profiter de leur bonne humeur communicative. Et au passage investir une nouvelle frange du terrorisme sonore, grâce aux backgrounds assez distants des protagonistes (indus, doomsters endurcis, designer sonore...)

Parce que si Bloodkitt sonne comme du sludge/doom plongé dans un bain d'acide digital, Gnaw t'y rajoute une batterie de bagnole en guise de canard flottant. Les velléités du quintet sont très industrielles, axées sur les empilements de triturages sonores. Aussi doux à l'oreille qu'un crissement de craie, "This Face" pourrait être assimilé comme le demi-frère digital de Khanate, tant les compositions reposent uniquement sur le résultat sonore. L'amas est épais, une espèce de trou noir aspirant des tonnes de sons distordus où viennent se perdre quelques notes de piano ou de violons, rythmées par les martèlements de Jamie Sykes (ex-Burning Witch).

Là-dessus, Alan Dubin s'adonne à ce qu'il sait faire de mieux, cracher son venin dans ses si sinueuses vociférations, mais varie désormais sa manière d'expédier ses glaviots. Et ça va du limite catchy (!!!!!) "Vacant" torché en voix claire de bambin cancéreux à "Watcher", sorte d'Ehnahre version agonisante. Et à la petite guéguerre "Alan Against The Machine", nos deux combattants repartiront dos à dos, chacune des parties s'évertuant à aller taper le plus fort possible dans le dérangeant et le sournois.

Désagréable, éprouvant aussi bien physiquement que mentalement, "This Face" est fidèle aux attentes que l'on pouvait avoir d'un tel projet. Malgré une deuxième partie d'album moins prenante (à moins que ce soit mes oreilles de fillette qui manquent d'endurance), ce premier jet de Gnaw s'apparente à une vraie petite réussite et, grâce à la créativité de ses membres, laisse entrevoir de futures tortures toujours plus exquises. Tu me reverses un peu de cire brûlante sur le téton?


Rédigé par : Crown_Me | 15/20 | Nb de lectures : 10468