Gloria Morti est un groupe finlandais qui sort son premier album sur un label japonais : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! Si cette maxime s’applique à l’aspect business elle peut également s’appliquer à la musique du groupe qui se nourrit d’une multitudes d’influences. Puisque Gloria Morti prend un malin plaisir à brouiller les cartes en multipliant les emprunts à divers courants au sein même d’un morceau nous le caserons dans la grande famille des groupes extrêmes mélodiques. Certes le black prédomine largement mais cette étiquette aurait été trop réductrice aussi bien sur le plan vocal que sur le plan musical.
En effet, le groupe conjugue le chant au pluriel avec quatre types différents qui se dégagent nettement et qui contribuent à la diversité de l’album. Tout d’abord des grognements bien caverneux du style gros death qui tache. Ensuite du chant standard estampillé death mélodique : criard mais pas trop. Et enfin deux types de chant black. Le premier à la Dani Filth : cri suraigu digne d’un canard qu’on farcirait sans avoir pris la peine de lui tordre le cou avant ; le deuxième dans la veine d’un Maniac : bien vomitif. Ce mélange des genres vocaux s’effectue au grès de l’évolution des morceaux, chaque type de chant venant se poser au mieux sur des parties musicales variées qui s’enchaînent avec comme objectif l’harmonisation entre agressivité et mélodie. Patchwork de plusieurs styles : death, black et thrash, la musique de Gloria Morti n’appartient pas à une école précise. Ses références sont sans conteste à chercher dans l’extrême, mais elles sont toutes fusionnées dans la quête d’une certaine originalité.
Un début thrash/death suivi d’une envolée black avec de légers synthés en arrière plan font du titre d’ouverture « Xanadu » une parfaite mise en bouche. D’ailleurs lorsque la batterie le permet les synthés peuvent prendre un peu d’espace avec des sonorités futuristes accentuant le sentiment d’oppression propre aux passages les plus bourrins ou alléger le propos avec quelques notes de piano. Les autres titres ne sont pas en reste et proposent des mélanges aussi incongrus qu’efficaces comme ce solo subtilement mélodique sur « The EnNightenment » précédant une débauche de violence death. Les clins d’œil au thrash sont nombreux, jamais sur l’ensemble d’un titre mais juste le temps de placer un riff bien puissant du genre briseur de cervicales « Pulchritude of Rotting ». Le true black fait également son apparition suivant le même principe « In their dreaded Howling ». Notons également une petite incartade dark au piano en intro de « Cliffs of Geburah » pour boucler le tour des influences. Le seul reproche que je ferai concerne la batterie qui est à mon goût un poil trop linéaire dans les passages frénétiques mais à part ça, ce jeune groupe maîtrise bien son sujet quand il s’agit de faire du « bruit structuré ».



Rédigé par : Dark Tranquilou | 15/20 | Nb de lectures : 10356