Aaah, Gloomy Grim. Voilà un groupe qui m'apporte le double effet Kiss Cool. D'abord, il me ramène dix ans en arrière, à une époque où je me suis fait saisir par la promo d'un Holy Records qui avait encore le feu sacré. Comme beaucoup (enfin, disons certains), j'avais été alléché par les pubs pour Blood, Monsters, Darness, avant de rapidement déchanter devant son pseudo black théâtral au son de baril de lessive lavant du synthétique. Si j'ai ri par la suite au solo de tronçonneuse de Gloomy Grim, c'est uniquement chez des amis, sans investir un kopeck de plus chez les Finlandais. Voire même en évitant soigneusement les side-projects comme Soulgrind (rires). Et c'est justement le second effet Gloomy Grim chez moi: quand on évoque le groupe, je ne peux pas contenir un large sourire, une banane comme c'est pas permis. Imaginez carrément mon rictus carnassier à l'idée de pourfendre le (déjà) cinquième opus de la bande. Miam, on va bien se fendre la gueule...

Hé ben, en fait, pas tant que ça. Gloomy Grim reste moisi, mais dans les limites acceptables pour arriver à séduire une brebis voulant frissonner au son du black metal. Leurs morceaux à trois riffs grandement repompés chez Dimmu Borgir ne peuvent pas tromper longtemps un auditeur de black sympho. Mais l'ensemble a un côté tellement maladroit et naïf qu'on se prendrait presque d'affection pour ce groupe de division d'honneur. Gloomy Grim, c'est le tonton grossier et bien beauf qui nous fait honte aux réunions de famille, mais on ne peut pas l'éviter pour autant.

Gloomy Grim a l'avantage d'un son de gratte dense et de compos faciles à retenir. Niveau désagrément, les riffs sont simplistes au possible dans des morceaux composés essentiellement au clavier. Rien à faire, ça s'entend trop. Ca sonne comme des guitaristes qui accompagnent les lignes de clavier et jamais l'inverse. De toute façon, c'est le même problème depuis le début chez ce groupe. Piou piou pouet pouet. Et vas-y que je te blinde d'interludes l'album et que je colle du piano partout pour me donner une contenance. Et vas-y que je m'auto-repompe tellement je manque d'idées (écoutez l'extrait sur le site).

Et je passe sur le lyrisme de la chose, faute d'infos. Si on rigole encore aujourd'hui à l'évocation du texte de "Blood", les "Hokus Pokus" répétés par Agathon sur cet album me donnent une envie furieuse de découvrir plus avant les paroles (que je n'ai pas, c'est horrible). Ils mériteraient sûrement une parodie avec un refrain scandant "Au cul, l'opus". Cette fois, le concept semble calendaire, avec chacun des douze titres associé à un mois. Je ne sais pas si ça va plus loin que cet artifice, car le mois de juillet porte le titre étrange "Cold Fingers". Peut-être une analogie avec un James Bond assez ensoleillé.

Bon, je vais être sérieux au moins pour la conclusion. Gloomy Grim livre un album faiblard, comme à son habitude, qui joue beaucoup de sa production pour séduire le chaland. Si vous n'avez jamais entendu Dimmu Borgir, vous pouvez vous laisser abuser par cet album (dans tous les sens du terme). Sinon, vous avez sûrement d'autres choses à acheter que la nouvelle fournée des Finlandais qui nous resservent la même soupe froide depuis dix ans. Putain, dix ans.


Rédigé par : Prince de Lu | 07/20 | Nb de lectures : 11769