Mettre un loup sur une pochette c’est kitsch. GLASS CLOUD l’avait bien compris et avait plutôt opté pour un lion pour la pochette de The Royal Thousand, son premier album sorti à l’été 2012, ce qui est plutôt original. Pourtant, GLASS CLOUD est un groupe de Djent, qui est loin d’être le genre chantre de l’originalité. Si je pensais qu’en plus de 3 ans d’existence, la scène arrêterait d’être systématiquement qualifiée de « plagiat de MESHUGGAH », les critiques continuent à ressurgir. Pourtant la plupart des groupes se sont nettement démarqués de MESHUGGAH, n’ayant gardé que le côté polyrythmique plus ou moins complexe et ayant englobé le tout dans des ambiances personnelles, souvent lumineuses. L’accusation de repompe n’a plus vraiment lieu d’être, en tout cas ce n’est pas ce qu’on aurait pu dire de The Royal Thousand, plus proche d’un Metalcore frais ou d’un Post-Hardcore (selon la définition anglo-saxonne). La lourdeur et le côté torturé de MESHUGGAH avaient laissé place à quelque chose de plus catchy et mélodique, comme la plupart des formations de Djent d’ailleurs, formations qui arrivent sans trop de mal à se distinguer de leurs congénères même si la base est souvent la même.
GLASS CLOUD nous revient donc avec un nouvel EP, et les camarades de Joshua Travis (THE TONY DANZA TAPDANCE EXTRAVAGANZA) vont à cette occasion opérer un petit retour en arrière. Pour faire du MESHUGGAH donc ? Que nenni, plutôt pour proposer une version bien plus lourde et appuyée de leur Djent-Metalcore, dans l’esprit de leurs morceaux les plus efficaces comme "If He Dies, He Dies", en plus couillu encore. On peut même dire que le groupe, qui frôlait parfois la niaiserie sur The Royal Thousand s’est racheté une groooosse paire de couilles pour cet EP dénommé Perfect War Forever. Alors peut-être qu’on se rapproche plus de MESHUGGAH, mais encore une fois au niveau des ambiances et de nombreux éléments sonores, nous sommes tout de même bien loin de ce que propose le combo suédois, aussi les accusations de plagiat (plagiat = reprendre à l’identique et faire croire que ça vient de soi) me semblent exagérées : quand bien même GLASS CLOUD « repomperait » MESHUGGAH, il n’en fait pas plus que n’importe quelle autre formation Djent qui donnerait dans la lourdeur. Le Djent s’est démarqué de la forte connotation MESHUGGAH et le célèbre groupe suédois n’est plus qu’une source d’inspiration parmi d’autres (je me souviens d’Igor d’UNEVEN STRUCTURE qui disait que MESHUGGAH avait « posé des bases sonores et règles très épurées : ça nous permet ainsi qu’à d’autres groupes de construire quelque chose à partir de cette base, on voit plus MESHUGGAH comme point de départ qu’une finalité », c’est comme ça qu’il faut voir les choses et arrêter de croire que tous les groupes cherchent à les copier pour avoir du succès ou je-ne-sais-quoi). Les clones genre FOUR QUESTION MARKS, c’est du domaine du passé mes amis, apprécions maintenant le Djent à sa juste valeur.
GLASS CLOUD va donc sortir les grosses rythmiques et le son bien fat pour 21 minutes qui vont cogner sec. Leur aspect un peu foufou laisse alors de la place à l’efficacité primaire à grands coups de gros riffs syncopés et de breakdowns épais. Rien d’original dans le genre mais Perfect War Forever est terriblement réussi. On démarre donc avec deux morceaux mid-tempo, "Trapped Like Rats" et "I Dug A Grave" (qui se ressemblent pas mal toutefois), introduisant une ambiance bien plus sombre que sur The Royal Thousand, avec Jerry Roush qui s’égosille bien même si son chant reste dans la lignée de celui de l’album. Les riffs sont écrasants et lancinants et ça fait mouche. GLASS CLOUD ne va pas non plus nous faire un Catch 33 ou un 8 et va varier son propos malgré la vingtaine de minutes de Perfect War Forever. C’est ainsi que "How to Survive Suicide" va intégrer quelques petites mélodies et un chant clair bien plus convaincant que celui de The Royal Thousand, en plus de structures plutôt entraînantes. "Soul Is Dead" est plus classique mais savoureux, et l’on retrouve les gimmicks guitaristiques de Joshua Travis qui émaillaient déjà The Royal Thousand, gimmicks qui vont réexploser pour le plus foufou "Lilac" qui replace également un peu de chant clair pour un joyeux melting-pot en guise de conclusion de cet EP très burné.
Difficile de savoir si cet EP est un interlude « bastos » où annonce la future direction musicale de GLASS CLOUD, toujours est-il que pris comme argent comptant Perfect War Forever fait mal. Si le trop-plein de mélodies, d’atmosphères cotonneuses et le chant clair vous font peur dans le Djent, cet EP est fait pour vous. Il y a tout ce qu’il faut dedans, et même si ça ne va pas chercher très loin on est pas dans le mononeurone et l’efficacité est bien là. MESHUGGAH ? Oui, un peu, mais pas plus que d’autres, et pour le reste relisez mon second paragraphe. Au-delà de toutes ces considérations, on demande avant tout à ce que ce genre de musique soit efficace et Perfect War Forever en est presque un modèle. Pas de fioritures, pas de prise de tête, juste des bons gros riffs syncopés percutants et pour ça, ces 21 minutes proposées par GLASS CLOUD mettent les couilles sur la table.
J'ai kiffé le mec qui essaie d'anticiper toute critique et qui va finir par me faire ban de VS !
Je pensais que tu finirais par chroniquer cet EP et je savais, suite à quelques discussions par commentaires, que tu appréciais; évidemment je respecte les préférences de chacun même si parfois je traite dans mes commentaires. Je vais néanmoins redonner mon avis ! :)
J'ai écouté deux fois cet EP en version lossless avec du matos très correct (intras Klipsch) et j’aurais à titre liminaire cette remarque : je n'aime pas le mix et cette connerie, ça peut te gâcher un bon album - je me souviens du Discordia de Misery Index dont je détestais la batterie en 2006, et bien c’était toujours le cas lorsque je l’ai ressorti jeudi dernier.
Sur le fond : si leur full-length était plutôt sympa, pas mal foutu et frais, je maintiens qu'en l'espèce ces 21 minutes de compos (très) lourdes sont tant monotones qu’inutiles. Je maintiens également que ce genre de sortie n’est que la tentative provenant d'une poignée de hipsters (qui doivent avoir notre âge) de recracher bêtement ce que Meshuggah nous envoyait déjà en 1998, le tout sous couvert d'une prétendue originalité (musique avec une connotation scientifique), dans l’ultime but de gagner la course au plus gros manche de gratte (autrefois, c'était le championnat handisport du plus gros breakdown... je ne sais pas ce que je déteste le plus).
Petite(s) précision(s) également : si j'apprécie Meshuggah et reviens régulièrement vers Obzen et Chaosphere, je n'en suis pas non plus un mordu. Tout en considérant que ce sont des piliers, des monstres de technique et d'audace - c'est plus nuancé concernant Koloss, je leur préfère de loin un Periphery (voir ci-après) ou un Uneven Structure. C’est donc qu’au fond, je n’ai rien contre le djent (au contraire, la technique mêlée à une certaine forme de violence est l’une des choses que je cherche dans le metal !) mais contre une partie seulement du djent - incluant les groupes qui, autrefois metalcore ou deathcore ou que sais-je se « djentisent » maladroitement parce que c’est cool et ça fait gagner des fans sur FB.
En écoutant Perfect War Forever, j'ai eu deux réaction : la première fut l'ennui ; la seconde fut la stupéfaction, constatant le plagiat honteux des Suédois (j’emploie évidemment le terme « plagiat » en ayant conscience de sa portée), plagiat allant jusqu'aux intonations de la voix. En effet, selon mes souvenirs de 2012, les vocaux sont pour le moins différents de The Royal Thousand : plus hargneux, par moments syncopés/hachés/presque robotisés… bref ils sonnent très, très Jens Kidman ! A ce titre le morceau d'ouverture "Trapped Like Rats", et plus particulièrement la tirade presque mécanique "What did you say? Push the love away? What I feel is there forever! I thought you would know me better!", sont réellement choquants. Toi qui passe sur cette page et lis ce commentaire, va donc écouter le titre et tu verras.
En bref c'est lourd, pesant, comprimant certes, mais lourd comme le mec qui répète 3 fois par jour la même blague de cul au bureau depuis 2009. Si je veux du rouleau compresseur pour oublier une journée stressante, je me tourne vers un Wormwood de the Acacia Strain ou un Hate Eternal grand cru classé 2008... mais sûrement pas vers ce types.
Certes, la critique qui consiste à reprocher le manque d’originalité est un peu ridicule, je le concède ; elle s'applique dorénavant à la quasi-totalité des sorties metal et je suis probablement en train de perdre du temps pour rien pendant ma pause déjeuner... preuve en est, j’ai adoré le dernier Thy Art Is Murder ! Pourtant niveau originalité… hein ! On s’est compris !
Evidemment que Slayer aurait pu s’amuser depuis 10 piges à réclamer ses riffs « empruntés » (Hatesphere, Chimaira, Revocation...), oui Cannibal Corpse et autre Suffocation auraient de quoi lancer un procès de leur côté (liste trop longue), oui At The Gates pourrait suivre le mouvement et dénoncer une partie des groupes modernes !
Non Meshuggah n'est pas une déité intouchable !
Il est vrai toutefois qu’une partie des groupes de la scène "djent" a su se démarquer en fabriquant un univers réellement personnel et intéressant : Vildhjarta, que je n'aime pas mis à part un ou deux titres tout au plus, a le mérite de plonger ses compos dans une véritable ambiance qui tranche avec la concurrence. Periphery, que j'adore, m'impressionne depuis sa percée… Les Messins d’Uneven Structure sont également très forts. Et le « deathcore progressif », de son côté, a également des choses intéressantes à proposer. Mais combien de groupes sur 100 méritent réellement l'attention de VS ?
Je pense que la période creuse que traverse le métal moderne vient typiquement des sorties comme Perfect War Forever et je suis étonné que tu mettes 8/10 à ça ZeSnake. Quand un de mes étudiants répond à un problème en me faisant un copier/coller de la directive U.E. X de 2003, sans apporter ses propres éléments de réflexion et de critique, il a automatiquement moins de 4/10. Mais peut-être que je suis complètement à côté de la plaque et raisonne en vieux connard (du haut de mes 26 ans).
Et encore une fois je ne commente pas dans le but de te faire chier, j’ai juste envie de partager mon ressenti sur ce genre qui peut se révéler aussi fascinant que lamentable, selon la personne qui tient le manche et les baguettes.
ZeSnake Membre enregistré
Posté le: 02/12/2013 à 18h52 - (110223)
je crois que c'est la première fois qu'on a un commentaire plus long que la chronique même ^^
tu as ton avis et tes arguments, je pense qu'on a (déjà!) fait le tour de la question du coup, je ne vais rien ajouter vu que notre prose est complète!
je n'ai pas non plus orienté cette chronique pour faire chier quiconque, c'était juste une mise au point, comme dirait Mylène Farmer ;)
et si j'ai mis 8/10, c'est parce que j'aime bien, voilà tout! je trouve que sur cet EP, le groupe n'invente pas la poudre mais a su trouver l'efficacité nécessaire pour une faire une sortie remarquable du genre.
GLASS CLOUD nous revient donc avec un nouvel EP, et les camarades de Joshua Travis (THE TONY DANZA TAPDANCE EXTRAVAGANZA) vont à cette occasion opérer un petit retour en arrière. Pour faire du MESHUGGAH donc ? Que nenni, plutôt pour proposer une version bien plus lourde et appuyée de leur Djent-Metalcore, dans l’esprit de leurs morceaux les plus efficaces comme "If He Dies, He Dies", en plus couillu encore. On peut même dire que le groupe, qui frôlait parfois la niaiserie sur The Royal Thousand s’est racheté une groooosse paire de couilles pour cet EP dénommé Perfect War Forever. Alors peut-être qu’on se rapproche plus de MESHUGGAH, mais encore une fois au niveau des ambiances et de nombreux éléments sonores, nous sommes tout de même bien loin de ce que propose le combo suédois, aussi les accusations de plagiat (plagiat = reprendre à l’identique et faire croire que ça vient de soi) me semblent exagérées : quand bien même GLASS CLOUD « repomperait » MESHUGGAH, il n’en fait pas plus que n’importe quelle autre formation Djent qui donnerait dans la lourdeur. Le Djent s’est démarqué de la forte connotation MESHUGGAH et le célèbre groupe suédois n’est plus qu’une source d’inspiration parmi d’autres (je me souviens d’Igor d’UNEVEN STRUCTURE qui disait que MESHUGGAH avait « posé des bases sonores et règles très épurées : ça nous permet ainsi qu’à d’autres groupes de construire quelque chose à partir de cette base, on voit plus MESHUGGAH comme point de départ qu’une finalité », c’est comme ça qu’il faut voir les choses et arrêter de croire que tous les groupes cherchent à les copier pour avoir du succès ou je-ne-sais-quoi). Les clones genre FOUR QUESTION MARKS, c’est du domaine du passé mes amis, apprécions maintenant le Djent à sa juste valeur.
GLASS CLOUD va donc sortir les grosses rythmiques et le son bien fat pour 21 minutes qui vont cogner sec. Leur aspect un peu foufou laisse alors de la place à l’efficacité primaire à grands coups de gros riffs syncopés et de breakdowns épais. Rien d’original dans le genre mais Perfect War Forever est terriblement réussi. On démarre donc avec deux morceaux mid-tempo, "Trapped Like Rats" et "I Dug A Grave" (qui se ressemblent pas mal toutefois), introduisant une ambiance bien plus sombre que sur The Royal Thousand, avec Jerry Roush qui s’égosille bien même si son chant reste dans la lignée de celui de l’album. Les riffs sont écrasants et lancinants et ça fait mouche. GLASS CLOUD ne va pas non plus nous faire un Catch 33 ou un 8 et va varier son propos malgré la vingtaine de minutes de Perfect War Forever. C’est ainsi que "How to Survive Suicide" va intégrer quelques petites mélodies et un chant clair bien plus convaincant que celui de The Royal Thousand, en plus de structures plutôt entraînantes. "Soul Is Dead" est plus classique mais savoureux, et l’on retrouve les gimmicks guitaristiques de Joshua Travis qui émaillaient déjà The Royal Thousand, gimmicks qui vont réexploser pour le plus foufou "Lilac" qui replace également un peu de chant clair pour un joyeux melting-pot en guise de conclusion de cet EP très burné.
Difficile de savoir si cet EP est un interlude « bastos » où annonce la future direction musicale de GLASS CLOUD, toujours est-il que pris comme argent comptant Perfect War Forever fait mal. Si le trop-plein de mélodies, d’atmosphères cotonneuses et le chant clair vous font peur dans le Djent, cet EP est fait pour vous. Il y a tout ce qu’il faut dedans, et même si ça ne va pas chercher très loin on est pas dans le mononeurone et l’efficacité est bien là. MESHUGGAH ? Oui, un peu, mais pas plus que d’autres, et pour le reste relisez mon second paragraphe. Au-delà de toutes ces considérations, on demande avant tout à ce que ce genre de musique soit efficace et Perfect War Forever en est presque un modèle. Pas de fioritures, pas de prise de tête, juste des bons gros riffs syncopés percutants et pour ça, ces 21 minutes proposées par GLASS CLOUD mettent les couilles sur la table.
Rédigé par : ZeSnake | 8/10 | Nb de lectures : 30468