Les goules, c’est fini...
Même si l’on continue de ne pas trop y croire après leur ultime concert le 8 novembre dernier à l’occasion du Trois-rivières Metalfest 2008 aux côtés de VOIDVOD et CRYPTOPSY, le gang québécois a définitivement raccroché après 14 ans de bons et loyaux services au service d’un métal aussi groovy qu’atypique.

Il est plus que probable que cette fin prématurée pourra paraître totalement anecdotique pour nous autres Français. Car si les "Ghouls" avaient fait l’effort de venir tourner en Europe une paire de fois, leur renommée ne s’est que, timidement, faufilée hors des frontières nord-américaines. L’annonce de cette séparation aura donc dans l’hexagone autant d’impact que le dixième come-back de TRUST pour les métalleux des ghettos péruviens ou qu’une verrue plantaire sur une jambe de bois.
Pourtant, il est fort à parier que la triste nouvelle aura des proportions bien différentes chez nos cousins d’outre-Atlantique.

Premièrement parce que les GHOULUNATICS avaient réussi à se forger une réputation de groupe de scène véritablement exceptionnelle. Mais aussi parce que le groupe a accompagné toute une génération métal aujourd’hui trentenaire qui, du coup, se retrouve un peu en carafe devant cette conséquente carrière qui se termine en eau de boudin.

C’est donc en toute logique que cette aventure se termine sur l’épitaphe d’une compilation sortie par Eric Galy, leur ami de toujours. Un « Beast of » qui retrace, l’épopée des « ghouls » en l’espace d’une vingtaine de titres pour plus d’une heure de musique. L’occasion de redécouvrir le fameux « Rotten Roll » qui faisait la spécificité du groupe ; ce mélange d’accords simples, rentre-dedans et pourtant si accrocheurs, d’énergie punk et de feeling death/thrash, ce chant éraillé et familier (qui avait cédé une part de plus en plus importante au français au fil des albums) éructé par un Pat Mireault invariablement aussi cinglé que possédé.

Comme à leur habitude, les goules nous proposent ici un travail soigné accompagné d’un visuel d’inspiration comics et d’un chouette livret en papier recyclé (mode écolo « off ») retraçant leur discographie complète sans oublier producteurs et quelques anciens membres perdus en cours de route. Histoire de ne pas faire comme tout le monde, encore une fois, le groupe a bizarrement opté pour une chronologie erratique des morceaux mélangeant copieusement les albums et les époques. Pourtant, « The Beast of » conserve une parfaite cohésion prouvant au passage que les sensibles évolutions qui avaient ponctué chaque galette des GHOULUNATICS n’avaient pas entamé la forte personnalité du groupe.

Si vous découvrez aujourd’hui ces goules, cette compilation est sans doute le meilleur moyen de parfaire votre éducation musicale, d’autant plus que certains de leurs albums n’ont pas été réédités, mais pour tous ceux qui, comme moi, n’avaient jamais vu le groupe sous les projecteurs, c’est irrémédiablement cuit. A moins qu’ils nous fassent un jour, le fameux coup de la reformation si prisé depuis quelques années.

Des dizaines de tournées, des centaines de concerts, des hectolitres de sueurs, assez de bière pour remplir plusieurs piscines olympiques, des kilomètres de cordes de guitares, assez de baguettes pour équiper tous les restau chinois du XIII arrondissement de Paris, 23786 médiators, un nombre substantiel de gueule de bois, des dizaines d’adultères et probablement quelques enfants illégitimes, cinq albums studio et un cercueil (offert à une fan lors d’un concert d’Halloween) plus tard, les GHOULUNATICS s’en vont voguer vers d’autres horizons. Mais on susurre déjà dans l’underground montréalais que quelques anciens membres auraient déjà posé les bases d’un nouveau projet stoner/southern. L’histoire est décidément un éternel recommencement.

Pas d’adieux donc, mais juste : à bientôt…


Rédigé par : Tonton | Beast of/ | Nb de lectures : 10590