Véritables tueurs à la scène comme sur disque, GHOULUNATICS occupe une place de choix dans la scène québécoise depuis tant d’années que le groupe n’a désormais plus rien à prouver. Respectant, une nouvelle fois, leur rythme de travail qui leur fait accoucher d’un album tous les deux ans, les GHOULS sont de retour pour un cinquième album studio plein de surprises

Là où d’autres groupes, ayant trouvés la recette du succès, se contenteraient de continuer sur leur lancée en dupliquant leurs standards à l’infini, GHOULUNATICS se remet en question en prenant des risques calculés. Si le groupe avait toujours revendiqué sa francophonie en incluant presque à chaque fois une toune en français ou, au minimum une paire de phrases comme c’était le cas dans « Sabacthany », c’est la première fois qu’il propose à son public, un disque entièrement dans la langue de Voltaire. Un choix audacieux que la quasi-totalité des groupes français auraient bien eu du mal à faire si l’on en croit la suprématie de l’anglais dans le métal hexagonal.

Cette décision a pour conséquence d’avoir modifié quelque peu la façon dont Pat Mireault posait, jusqu’alors, ses braillements éraillés de goule. Pas facile pour Pat de faire sonner le français de la même façon qu’il pouvait le faire avec la langue de Shakespeare. D’autant plus difficile lorsque les textes ne sont pas systématiquement construits en rîmes.
Le résultat est assez surprenant au prime abord ; d’autant plus que les paroles sont comme d’habitude parfaitement intelligibles. Mais on s’y fait très rapidement au bout de quelques écoutes. Et justement puisque nous y sommes, les paroles, parlons-en. Pour l’occasion GHOULUNATICS délaisse sensiblement ses inspirations horrifiques issues directement d’un cinéma bien kitch pour aborder des sujets plus sociaux comme la séparation, le divorce, le suicide, l’intolérance religieuse. Il est clair que sous la plume de Pat Mireault, fossoyeur à la vie et poète morbide à la scène, ces thèmes prennent une tournure parfois inattendue, voir même militante.

Du côté de la musique, les Ghouls restent fidèles à leur Rot’n’roll concocté sur la base de rythmiques bien accrocheuses qui harponnent littéralement l’ouie. Mêlant ses influences punk thrash et death dans un cocktail déjà éprouvé sur leurs albums précédents, les Ghouls ont toutefois sensiblement ralenti les tempos de leurs morceaux pour obtenir un résultat plus « groovy », plus lourd.

Ce côté plus heavy est parfaitement cristallisé par une production encore une fois signée Pierre Remillard (ex-OBLIVEON mais également connu pour son travail en studio avec CRYPTOPSY, ANONYMOUS, MARTYR). Pour l’anecdote, les Ghouls furent l’un des premiers groupes à avoir étrenné le pittoresque Studio Wild du sieur Remillard ; un studio dans un chalet perdu dans la nature qui porte parfaitement son nom.
Bénéficiant d’un son assez énorme, « Cryogenie » s’inscrit dans l’exacte continuité de ses prédécesseurs. On remarquera le choix judicieux d’avoir totalement dissocié de part et d’autre les deux lignes de guitares.

Au final « Cryogenie » se positionne peut-être légèrement en deçà de « Sabacthany » ou de l’excellent « King of the Undead » mais il n’en reste pas moins que le temps qui verra les Ghouls à cours d’idées n’est pas encore venu.

Sachez enfin qu’après avoir conquis le Québec, les GHOULUNATICS s’apprêtent à investir la France dès le 9 novembre pour une série de dates en compagnie de TAGADA JONES.
Vous, je ne sais pas mais moi j’y serai.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 12520