Il y a 4 ans et demi au moment de conclure la chronique de « Opus Eponymous », je n'imaginais pas que Ghost allait devenir un groupe aussi important, parmi les récentes formations au potentiel certain. Entre temps, « Infestissumam » a sonné la confirmation du combo (récoltant notamment succès dans les charts et places avantageuses dans les plus gros festivals d'Europe) tandis que le public s'est montré toujours aussi divisé sur ce 'phénomène' qui perdure.

La formation masquée offre une recette musicale parfaite pour certains ou bénéficie d'un engouement incompréhensible pour d'autres, et ce n'est certainement pas avec son 3ème album, « Meliora » que les avis de chacun devraient beaucoup évoluer. Dans la forme, Ghost n'a pas vraiment changé sa formule en 5 ans, il est toutefois regrettable d'avoir une production peu organique en dépit du style pratiqué.

Concernant le fond, ce 3ème album est comme son prédécesseur, moins direct et 'tubesque' que l'Opus Eponymous, cependant la qualité d'écriture est une fois de plus remarquable : la basse tonitruante qui parcoure « From the Pinnacle to the Pit », un retour à des riffs heavy et sacrément accrocheurs (« Cirice », « Absolution », le plus dynamique « Mummy Dust »), une ballade occulte terriblement marquante (« He Is »), un titre final à la mélancolie noire certaine qui vient faire quelque peu écho à « Monstrance Clock ». Même les 2 interludes ont leur utilité, chacun en une petite minute développe des notes (acoustiques) et ambiances saisissantes (en particulier « Devil Church » et son orgue).

Le chant garde toute cette clarté, sorte de bienveillance vocale -et en réalité davantage maléfique dans les textes- et apporte le gros de la touche pop, principalement durant les refrains : « Cirice » que j'ai mis du temps avant d'apprécier un minimum ou « Majesty » qui ne possède pas non plus à mon goût le meilleur chorus de la carrière des suédois. Papa Emeritus [III] maîtrise comme jamais les lignes mélodiques à l'instar de « He Is », avec certes plusieurs couches vocales, sans oublier la présence du piano, de guitares acoustiques et enfin du clavier. Il sait à d'autres moments se transformer en un vocaliste 'vicieux' et mystérieux, à l'image de « Mummy Dust » (plus complexe que la moyenne stylistique de Ghost) ou encore « Absolution ».

« Spirit » n'est quant à elle peut être pas la piste la plus mémorable de l'album, elle plante toutefois parfaitement le décor de « Meliora », ses sons rétro réconfortant de suite l'auditeur vis à vis du déroulement à venir de l'album. Album qui au final ne comporte que 8 véritables titres et dépasse de peu les 40 minutes. En 2015, c'est une durée idéale et lorsque l'on est conquis après une écoute, refaire lecture demande peu de temps de réflexion. Si la production de « Meliora » est critiquable, je trouve par ailleurs le mixage d'Andy Wallace assez bon et équilibré, la richesse des compositions ne peut que mieux se ressentir.

Sur « Infestissumam », je trouvais qu'il y avait un peu de 'déchets', 2/3 titres plus faibles ; avec « Meliora » cette sensation n'est pas présente bien que certains refrains ne soient pas vraiment des tubes en puissance. Et je regrette de ne pas avoir droit à des soli consistants, il y a bien quelques leads de guitares agréablement placés (« Majesty », « Deus in Absentia »), ça me semble toutefois trop peu de ce côté là.
Enfin dans l'ensemble, le songwriting affiché sur ce 3ème effort de Ghost est au dessus de la mêlée, composer des titres accessibles et marquants, à chaque fois à l'identité forte, c'est du très beau boulot. Il est trop tôt pour affirmer définitivement que « Meliora » est le meilleur album de Ghost, ce qui en revanche est certain c'est que ce groupe continue de s'affirmer avec autorité et talent, et n'a pas fini de diviser les auditeurs. Personnellement, je n'ai pas changé de camp depuis 5 ans.




Rédigé par : gardian666 | 16,5/20 | Nb de lectures : 14311