Gernotshagen est le nom d'un ancien lieu situé dans les ténèbres d'une sombre forêt allemande, près de Trusetal en Thuringe. C'est également le nom bien tortueux dont se sont affublés les anciens Grafen von Gleichen en 1999, réalisant peut-être qu'ils avaient opté pour trop compliqué. A noter au passage que le line-up qui sera composé au moment de ce renouveau est toujours le sextet actuel, une stabilité record. La formation enregistre son premier album autoproduit Wintermythen en 2002. Puis la bande s'adonne à la maçonnerie pour créer son propre studio où elle accouche de son second opus, dont je ne me risquerai pas à prononcer le titre sans échauffement. Compagnons de route de Menhir, Odroerir, XIV Dark Centuries ou plus récemment Heidevolk, la formation n'en est pas à son coup d'essai et il ne manquait plus qu'un label talentueux comme Trollzorn pour nous dégoter cette nouvelle perle teutonne.

Ah merde, j'ai parlé de Trollzorn. J'en vois déjà la moitié qui ricane. Hélas, Gernotshagen est tombé dans les filets du label à piou-piou et ce n'est pas un hasard. Revoici encore un combo de folk metal avec le piou-piou bien en avant. C'est fou le nombre de groupes allemands qui sont en capacité de reprendre "The Final Countdown" au pied levé. Il est toutefois plaisant de voir les progrès réalisés par le groupe depuis son premier opus plus orienté black à synthé, délaissant son influence Dimmu Borgir et ayant appris à maîtriser ses instruments. Qui a dit dans l'air du temps?

Malgré un travail d'écriture et de mise en place long, l'enregistrement ayant débuté au printemps 2005, Märe aus blabla se contente de rabâcher ce qui existe depuis fort longtemps en viking/folk metal. Rythmiques heavy pâlichonnes qui se contentent plus que de raison de suivre le synthé, utilisation d'un chant hargneux typé black et d'un chant clair, leads mélodiques d'une guitare qu'on imagine tendue vers le ciel comme un zizi. Tout l'arsenal du viking allemand est de sortie, sans jamais laisser transparaître une réelle personnalité. Pour se démarquer un peu, Gernotshagen tente bien des passages atmosphériques sur fond de piano, mais ces derniers s'avèrent... assez chiants. A ce titre, la fin de l'album est pénible et j'avoue avoir eu hâte que ça se termine à chaque écoute.

Niveau production et exécution, c'est du bon niveau. Je reste agacé par la présence castratrice d'un synthé qui prend trop les devants dans le mixage. Mais ce sont finalement les thèmes développés par le piano qui se retiennent le mieux (même s'il y a parfois repompe sur le thème de "L'Exorciste"). Je parle bien de piano, les autres sons de synthé étant plus proches d'une new wave qu'il est préférable de rapidement oublier. Point positif, les chants clairs passent très bien, alors que le vocaliste n'a pas cédé à la facilité et se permet quelques envolées osées.

Donc, un album qui serait mieux si la moitié de la scène allemande n'avait pas sorti son demi-frère. Märe aus Wäldernen Hallen n'apporte rien et ne pourra intéresser que les plus fervents défenseurs du style, attirés par un groupe qui suit la mode. Encore une sortie dont la seule profondeur sera de donner envie d'une bière fraîche. Je crains pour eux que ça ne me donne la même impression en live. Pas de quoi se Märe, en tout cas.


Rédigé par : Prince de Lu | 08/20 | Nb de lectures : 11025