Grind et Humour ont souvent fait bon ménage.
Et même si on est loin de l’humour à la Desproges, ça ne fait jamais de mal de se détendre un peu les maxillaires avec des pointes de légèretés et de second degré.
Pour leur 1er album, les Suisses de Gerbophilia ont sorti toute la panoplie de gentils trublions :
Nom de groupe équivoque, évoquant les fins de soirées animées.
Noms de chansons dignes d’une compilation des meilleurs sketchs des UltraVomit, comme 'Bass Thon' ou 'Cowboys from Miel'.
Pochette redoutablement Gore, avec une photo de famille de Nounours et ses cousins, incluant dans le livret les preuves du carnage de peluches.
Totalement adéquate pour un album de Grind Core.

Et le groupe pousse même le vice jusqu’à faire croire à un split du groupe sur leur myspace...! Ahah, trop drôle ces Suisses ! Ah, non, c’est pas une blague ?
Eh bien en fait, non, le groupe a en effet cessé son activité musicale à l’été 2005... pour la reprendre une année plus tard... Dire que la publication de cette chronique est considérablement en retard n’est donc pas exagéré.

Et c’est plutôt une bonne nouvelle que le groupe ait repris ses déambulations musicales, car 'Militeratogène' illustre un groupe dont le potentiel est sensiblement variable, mais réel.
Sous couvert d’une approche résolument violente, mâtinée de Grind Core assez efficace, le groupe nous offre 40 minutes de musique extrême plutôt variée. Entrecoupés de délires, interludes ou variations vocales déjantées, parfois un peu redondants, les 21 titres sont globalement tous énergiques et racés. Pas purement Grind, loin de là, les influences du groupe sont plutôt variées, allant du Death au Grind/Power violence.
Assez proche de l’éponyme des GrosNénés, ou d’un 'Kebabized At Birth' d’Ultra Renvoi, auquel on pourrait ajouter des lampées de Brutal Death US et des pointes de Sayyadina, 'Militeratogène' démontre le savoir-faire d’un groupe qui ne se pose pas de question, et qui ne se fixe aucune limite - tout en restant plus ou moins dans le giron d’un Grind plutôt Core.

Tempos variés, allant du break mid-tempos au blast-beat furieux. Morceaux variés, tant de par les rythmes que de par les riffs. Panel vocal varié, tapant allègrement dans tous les beuglements existants dans le Metal Extrême, entre cris gutturaux, growls pitchés, hurlements aigus (voire stridents), cris de jeune vierge effarouchée, beuglement HxC.
Les gaillards ont de l’énergie et des idées en pagaille, et ne se privent pas pour associer différents styles ou influences au sein d’un même morceau.

Malheureusement, tout n’est pas parfait dans le meilleur des mondes…
Le problème de cet album n’est pas vraiment l’humour, puisqu’excepté la 'thématique' visuelle et certaines paroles (la plupart du temps incompréhensibles), la musique demeure majoritairement pertinente et construite.
En revanche, 'Militeratogène' souffre d’un réel défaut de cohésion ou de cohérence musicale. On est ballotés en permanence d’un Grind Core à un Death Brutal, en passant par de la musique traditionnelle helvète, du Punk/Grind à la Japanische Kampfhörspiele, et des petits délires musicaux variés. Pas rédhibitoires en soi, mais pas facile à suivre par moments.

En sus de cette sensation de patchwork décousu, il faut bien reconnaître que la durée de vie de cet opus est assez limitée. Plutôt plaisant, 'Militeratogène' ne supporte pas très bien le cap des 20 écoutes, et a tendance à légèrement lasser l’auditeur sur la durée...
Néanmoins, loin d’être anecdotique, ce prometteur opus des Gerbos est plaisant, et devrait sans souci plaire aux amateurs de Grind/Death un peu original.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 12/20 | Nb de lectures : 12615