Il faut croire que, quelques 22 années après sa création, le death/grind médico-légal n’est pas près de rendre ses bistouris comme en témoigne aujourd’hui la sortie du deuxième album de GENERAL SURGERY.

Deux ans après un « Left Hand Pathology » des plus convaincants, l’équipe du Dr Carlsson reprend du service pour une deuxième galette dans l’exacte continuité de la première alors que GENERAL SURGERY a subi un curetage dans les règles avec quelques changements de personnel. Ainsi l’Ecossais Grant McWilliams, aussi hors norme éthyliquement que vocalement parlant, (qui restera probablement pour longtemps encore le type le plus déchenillé que j’ai eu l’occasion de voir sur une scène) de même que Glenn Sykes ont été respectivement remplacés au sein de l’équipe de praticiens par Erik Sahlström (MAZE OF TORMENT, SERPENT OBSCENE) et par Andreas Eriksson, le viking bassiste de SAYYADINA ; une arrivée relativement logique pour ce dernier puisque c’est lui qui avait poussé le père Carlsson à reprendre du service aux débuts des années 2000.

Malgré ce charcutage de line-up, GENERAL SURGERY n’a pourtant rien perdu de ses accointances toutes « carcassiennes » pour nous proposer un album savamment balancé.
Alors que CARCASS voit son statut culte se corrompre chaque jour d’avantage dans la tartufferie d’un come-back aux allures de hold-up, GENERAL SURGERY peut s’enorgueillir de pratiquer encore aujourd’hui un death/grind pathologique chargé d’authenticité.

Alors si vous n’êtes pas encore fatigué par ces groupes qui continuent d’enregistrer des épilogues à « Necroticism – Descanting the Insalubrious » sachez tout de même que le death/grind des Suédois se situe toujours sur le dessus du charnier plus de vingt ans après sa formation.
Il faut dire qu’avec son lot de véritables et vénérables vétérans de la scène suédoise, le groupe bénéficie d’un savoir-faire d’exception lorsqu’il s’agit de composer des titres qui envoient la purée. Si GENERAL SURGERY aime bien lever le pied pour planter quelques riffs plombés ou quelques lignes de guitares mélodiques, ça vire toujours autant à la boucherie en gros quand les rythmiques s’affolent pour nous envoyer du blast bien gras aux entournures.
Si Erik « Tormentor » Sahlström est un chanteur de death plus conventionnel que ne l’était Grant McWilliams, le rendu des chants souvent doublés à la mode Jeff Walker est assez inhumain : ce que GENERAL SURGERY a perdu en gamma GT (les cirrhosés comprendront), il l’a gagné en puissance et en cohésion.

Côté prod, GENERAL SURGERY reste fidèle à ses racines suédoises. « Corpus in Extremis » a été auto-produit par le groupe et dispose comme son prédécesseur du bon gros son de guitares sous-accordées qui va bien. En revanche, le groupe a confié la masterisation de la chose à un Peter In De Betou qui n’en finit pas d’avoir la cote ces temps-ci.

Avant de terminer cet article, je me dois de vous préciser que, comme c’était aussi le cas pour « Left Hand Pathology », la version vinyle sera sensiblement différente de la version CD. « Adnexal Mass” sur la version CD sera remplacé par “Excessive Corpus Delicti” sur le LP (oui je sais, c’est bizarre mais c’est comme ça).

Pour conclure, les fines bouches n’y verront peut-être pas le moindre intérêt en geignant des allégeances désuètes à « Symphonies of Sickness » mais « Corpus In Extremis: Analysing Necrocriticism » s’avère plus convaincant, authentique et viscéral (au propre comme au figuré) que ne peuvent l’être aujourd’hui ses inspirateurs.


Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 11211