D’un côté, nous avons Mike Patton, inutile de faire les présentations de ce personnage de la musique actuelle. Il avait jusqu’alors exploré beaucoup de genres musicaux différents mais ne s’était pas encore attaqué au hip-hop. De l’autre côté, nous avons les X-Ecutioners, l’un des trio de DJs les plus connus et respectés du monde du hip-hop, formé en 1989, composé de DJ Rob Swift, Grandmaster Roc Raida et DJ Total Eclipse. Originaires de New-York, ils ont pourtant un feeling West Coast, plus cool que l’énergique rap New-yorkais. Patton a demandé à ces trois bricoleurs de lui construire un mur de son à partir de sa propre collection de disques. Là-dessus, il a overdubbé ses voix tout seul, chez lui. Cet album est ainsi le premier entièrement fait à la maison par le chanteur, sans aide extérieure (à part le deejying des 3 lascars).
C’est donc finalement à un univers presque connu que l’on fait face, si l’on sait ce que Patton affectionne. Le beat de base est très hip-hop première période, simple et efficace, à l’instar des premiers albums de Ice T ou Public Enemy, un truc groovy qui fait mover le body (d’après J-C VD). L’album s’ouvre sur un pur clin d’œil gangsta, avec un sample de film et une sirène de voiture de flics au loin. Et puis ça part. Des kilos de scratches comme ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu (il faut dire que ma connaissance du milieu rap est à peu près comparable au vide absolu), des loops et du sampling à foison. 23 titres plus ou moins courts forment un drôle d’ensemble, à la fois complètement décousu et très cohérent. La première partie du disque regroupe des morceaux qui passent en 10 secondes du coq à l’âne, on passe du jazz sucré limite varièt’ à la country, de la musique hawaienne aux mélopées italiennes pour touristes (mandoline), où la basse sature, et où finalement la voix de Patton est carrément en retrait, laissant le sampling faire office de « voix ». Et sur les rares fois où il rappe, c’est smooth, ça coule tout seul sans agressivité. Ca fait très BO de film en fait, aidé en cela par de nombreuses incursions de dialogues de films de karaté ou de guerre. Et puis sur la fin les titres sont plus longs et plus « cohérents », et là Patton nous gratifie de quelques mélodies excellentes, je pense notamment aux superbes « !Get up Punk ! » ou « In the Hole ». Deux facettes donc. On ne sait pas vraiment où Patton veut en venir au final, je pense qu’il s’est surtout fait plaisir. L’unité du disque réside plus dans le sampling que dans une véritable direction artistique prédéfinie, mais le tout reste très écoutable et plaisant.
D’ordinaire réfractaire au hip-hop, j’ai vraiment apprécié ce patchwork sonore. Patton a su laisser la part belle aux 3 DJs qui lui ont tissé une densité sonore qui correspond bien à la folie pattonienne. Il ne faut pas se laisser abuser, ce n’est pas la merde qui passe sur MTV base, c’est un album étonnant, que les plus curieux d’entre vous peuvent écouter à l’occasion sans problème !


Rédigé par : Ocean? | Wesh c'est frais cousin !/ | Nb de lectures : 11249