Règles, concessions, pitié? 'Connaissent pas.

Pourtant affiliés à la scène Holy Terror, faisant du Cleveland des années '90 le bastion d'un hardcore particulièrement porté sur l'Apocalypse et à la portée plus que séminale (au bas mot, 95% ce qui se fait de haineux en hardcore depuis 15 ans), Gehenna n'a jamais atteint la popularité d'un Integrity, d'un Starkweather ou d'un Catharsis, malgré une aura non-négligeable. Et ce probablement parce que Mike Cheese est un branleur doublé d'un connard fini. Faut savoir que derrière ses aboiements de clébard trachéotomisé après s'être cogné un marathon, se cache un personnage à la réputation assez peu reluisante. Habitué à casser des nez aux concerts, s'en prenant au public (un couteau se serait malencontreusement logé dans un spectateur), comme aux groupes Babylissés ayant eu le malheur de partager la scène avec son groupe (Atreyu ou Eighteen Visions), l'ex-vagabond (et son crew de chapardeurs de matos) se sera vu blacklisté de nombreux clubs, désamour qui aura poussé les rats qui l'entouraient à quitter le navire.

D'où une discographie assez elliptique, et un son qui a bien évolué depuis leur hardcore souillon des débuts. C'était pourtant l'âge d'or du groupe, vu qu'ils se sont mis en tête de crassouillo-thrashiser leur hardcore par la suite, perdant en ambiance cramoisie ce qu'ils gagnèrent en rapidité. Eh bien voilà qui tombe à pic, puisqu'A389, label du hurleur de Pulling Teeth réédite en LP "The War Of The Sons Of Light And The Suns Of Darkness", introuvable en CD depuis des lustres, et qui consiste en une compilation de leurs débuts (era 1994-1996), 11 titres tirés de 7'', splits, demos et autres lives.

A l'époque la Gehenne tapait donc dans un hardcore plus fielleux que toute ta discographie de chevelus qui n'ont rien dans le bide, mêlant les riffs d'un Unbroken aux ambiances de Jugement Dernier dégagées par un Catharsis. Et même si les compos sont pas bien épaisses, la puissance qui en émane est, elle, dantesque. Même avec une tracklist inégale, un son à la roots, et un Mike Cheese est à la rue, la sentence est la même: va y avoir des dents qui vont sauter et de la bile déversée sur le dancefloor. Puisque s'y trouvent quelques ouailles parmi les plus empestées de souffre qui aient jamais existé: la triplette "The Birth Of Vengeance/Swarm/Dead Shell" et le final quasi sludge "Cave In", qui finiront toutes sur ton podium personnel pour "vos morceaux préférés pour aller éclater du clochard à la batte". Malaise instantané.

Voilà l'occasion rêvée de se laisser contaminer par les nocives psalmodies d'un des groupes les plus infréquentables que le hardcore ait jamais porté. Pas étonnant donc que l'on en retrouve des germes au sein du grand favori pour l'album le plus violent, haineux et nauséeux de ces dernières années. A l'heure où les postures pseudo-subversives pullulent, nivellant l'anti-conformisme par le bas, Gehenna est et restera bien involontairement l'incarnation de la misanthropie musicale. Puisque ces gars étaient LIBRES, ne s'étant jamais souciés de rien ni de personne, et surtout pas de l'image qu'ils pouvaient renvoyer. Et l'on découvre ainsi que leurs giclées de haine n'existaient que pour pudiquement dissimuler leur profond dégoût d'eux-même. Un vrai coup de poing dans le bide.



Rédigé par : Crown_Me | KVLTKVLTKVLT/ | Nb de lectures : 13546