Ils étaient foutrement attendus au tournant, comme les messies du hardcore bordélique. Comme l'un des rares élus capables de ré-insuffler au genre ses valeurs fondatrices, le fameux double H, Haine et Hystérie, face aux cohortes de suceurs du Big Four (Dillinger Escape Plan/Converge/Botch/Coalesce) qui reprennent à leur compte plans trisomiques et beuglements de dératés sans rien avoir de bouillant dans le bide à expulser. Autant ne pas ménager le suspense plus longtemps. "He Is Never Coming Back" est une amère déception. Une amère déception qui, paradoxalement, envoie de bonnes volées de gros plomb et s'écoute en heavy rotation, mais une amère déception quand même. Et les coupables sont plutôt durs à cerner.

Certes, la prod' de son kvlt prédécesseur, "I Don't Care Where I Go When I Die", hyper étouffée, était bien crasseuse mais méritait plus de patate. Ici c'est l'inverse, là où un son à la RISE OF CALIGULA aurait été le parfait point d'équilibre. Les belliqueux époumonnements de Jon tapent malheureusement bien moins dans les aigus arrachés qu'avant, mais c'est au profit de growls encore plus ogresques. Les titres sont carrément moins épileptiques, ça blaste moins dans les recoins, mais s'inscrivent désormais dans le lourd qui file droit, comme si leur synergie 2/3 CROWPATH 1/3 SWARM OF THE LOTUS avait vu ses valeurs s'inverser.

Peut-être tout simplement que le malsain feu qui cramait dans "I Don't Care Where I Die" s'est, non pas éteint, mais bien calmé. Peut-être que GAZA souffrira éternellement de la comparaison avec son tractopelle de prédécesseur. N'empêche qu'"He Is Never Coming Back" réserve son lot de titres bien fats, comme le monumental "How It Is. How It's Going To Be.", avec son riff hypra écrasant qui mange des enfants. PUTAIN D'HALLUCINANT. J'ai l'impression de pouvoir abattre des éléphants d'un coup de tête en l'écoutant. Et même si le reste n'est pas du même niveau, faute à des grattes qui se reposent sur leurs lauriers, à des plans trop répétitifs, ou à de grosses fautes de goût (c'est quoi ces gangs vocals à chier qui clôturent l'album?), ce second LP de GAZA reste suffisamment recommendable pour qui recherche sa dose de méchanceté mensuelle.

A l'image des lyrics, beaucoup plus succints, malgré les trois années qu'il lui aura fallu pour voir le jour, "He Is Never Coming Back" ne sonne pas totalement abouti. Pas fini à la pisse hein, mais trop "facile" venant de la part de gaziers comme eux. Son aspect massif et moins "disloquage de boîte crânienne" à la première écoute en fera un album plus pratique d'accès pour ceusse qui souhaiteraient se frotter aux terroristes de Salt Lake City. Reste que sur les planches, cette orientation plus directe et épaisse doit faire son petit effet, si tant est qu'ils veuillent bien traverser l'Atlantique un de ces quatre pour le constater. Oui, ceci est une bouteille à la mer.


Rédigé par : Crown_Me | 12/20 | Nb de lectures : 11592