Tiens, si on m’avait dit un jour que Northern Silence signerait un combo ricain, je crois que je me serais fait une belle trace de pneu dans le slop. Mais tout évolue et même aux States, on apprécie les ballades au fond des bois humides. Gallowbraid est constitué du petit Jake Rogers qui nous vient tout seul comme un grand de l’Utah le pays des mormons. Histoire de se présenter, il nous offre en guise de carte de visite ce premier EP (une demi-heure tout de même !) composé de quatre titres. En définitive, l’auditeur potentiel aura le droit à deux véritables titres longue durée et deux autres intitulés "Autumn I" et "Autumn II" s’apparentant plus à des interludes.

Du fait de sa provenance, il semble inévitable de ne pas avoir à l’esprit Agalloch puisque M.Rogers traîne ses guêtres dans un Black/Folk fortement progressif. Mais c’est un autre groupe américain qui se profile à l’amorce du premier titre avec sa rythmique simple et dansante et ses riffs hypnotiques. C’en est même surprenant voire destabilisant ce petit côté Post-Punk/Indus que Nachtmystium a déjà exploré sur "Addicts". Mais l’ampleur du morceau va nous permettre de découvrir d’autres facettes. Plusieurs mouvements vont se succéder alternant Folk accompagné de chœurs masculins, passage progressif proche de Ludicra, un chant féminin très Heavenly et plus étonnant, un crescendo épique très Power/Heavy.

Le premier "Autumn" comme le second est entièrement acoustique. On s’aventure à travers les sentiers boisés d’un Ambient Folk avec flûte et chorale virile qui rappelle un peu les atmosphères planantes d’un Wardruna même si les Norvégiens se font plus atmosphériques.

Le deuxième long périple habillé d’arpèges acoustiques et d’un Black alternant mid-tempo et blasts furibards nous emportera au pays des lacs dépeints par October Falls. Le voyage se verra ponctué de parties Folk aussi bien médiévales que celtiques qui rehaussées par ces chœurs de guerriers rappelleront immanquablement le collègue de label qu’est Belenos. Un morceau assez poignant qui une fois de plus nous fait le coup du petit passage épique bien Heavy.

La texture sonore sied parfaitement à cette déambulation forestière. Les guitares grésillent comme il se doit, les moments acoustiques possèdent la limpidité d’une source d’eau vive et une rudesse tellurique imprègne l’ensemble.

Une fois sorti des bois, il faut bien constater que mis à part ce démarrage Post-Punk bondissant, on est en terrain connu et exploité maintenant par de nombreux groupes notamment chez Northern. Mais par rapport à certains, on ressent un petit côté décomplexé et iconoclaste chez ce cher Jake qui ne se pose pas de réelles barrières en termes de style et forcément on revient au point de départ et à l’influence d’Agalloch dans son aspect sans limites.

Un hors d’œuvre fort plaisant possédant quelques belles lignes qui risquent de vous faire chavirer. En tout cas, cet EP est tout à fait prometteur et j’attends donc au fond de la forêt le premier véritable album de M.Rogers pour définitivement me faire une idée claire.


Rédigé par : Dark Rabbit | 7,5/10 | Nb de lectures : 13653