Un automne dans le Black Atmo allemand (1/4) : Un nouvel espoir

En cet automne 2011, le calendrier des sorties en Black « atmo » allemand est quelque peu chargé. J’ai donc choisi de mettre en lumière 4 sorties de nos amis allemands, toutes typiques du son atmosphérique souvent développé outre-Rhin. Avant d’aborder des formations plus « connues » (que vous découvrirez en temps et en heure), penchons-nous en premier lieu sur un nouvel espoir de la scène qui nous livre un premier album fort intéressant…

FYRNASK est un one-man-band formé en 2008 quelque part en Allemagne. Mais bien que germanique, le projet de Fyrnd semble avoir été attiré par le grand Nord. Sa démo sortie en 2010 (démo qui allonge quand même 57 minutes) se nommait Fjǫrvar ok Benjar et comportait quelques morceaux chantés en norvégien. Et d’ailleurs, Fyrnd semblerait désormais crécher en Norvège, vu que sa localisation myspace indique Tromsø, mais je n’ai pu trouver confirmation. Et la passion de Fyrnd pour le grand Nord se situe aussi dans la musique de son projet FYRNASK, le souffle nordique étant bien présent sur les atmosphères glaciales de Bluostar. Mais l’album se situe en réalité à la croisée de plusieurs chemins, entre le vieux Black/Pagan norvégien façon KAMPFAR ou ENSLAVED, le Black/Pagan allemand façon HELRUNAR, et bien sûr les combos plus atmosphériques comme NAGELFAR, NOCTE OBDUCTA, FARSOT et consorts. Les trémolos cristallins sont également de la partie, mais aucune casquette ne se fait voir à l’horizon. Et malgré ses influences, FYRNASK arrive quand même à proposer avec Bluostar un univers tout à fait personnel.

Après la démo Fjǫrvar ok Benjar très classique mais fortement sympathique, FYRNASK a choisi avec Bluostar de travailler ses ambiances. Mais vraiment. Le projet se définit même comme faisant du « Ritualistic Black Metal ». Et on comprend mieux cette appellation dès l’intro "At Fornu Fari" qui fait presque penser à un disque de Dark-Ambient de chez Aural Hypnox. Mais le Black-Metal est bien là et se fait entendre dès "Evige Stier". L’art noir de FYRNASK est composé de longs morceaux (entre 7 et 11 minutes) qui prennent le temps de développer leurs atmosphères. Les riffs mélodiques introduisant les longs morceaux sont calmes, et ont charge de mettre en bouche l’auditeur avant les assauts blastés, accompagnés par des trémolos agressifs, et par le chant criard qui se situe bien en retrait du mix pour un effet nébuleux (un peu à la manière de FEN et AGALLOCH). Les breaks ou passages plus posés sont nombreux, parfois appuyés par des chœurs nordiques (et même du chant clair, excellent, au milieu de "Evige Stier"), et donnent à Bluostar un souffle épique saisissant. Le Black de FYRNASK est très, très atmosphérique et il va falloir y trouver son compte.

L’album est séparé en deux parties, la première chantée en norvégien et la seconde chantée en allemand, mais Bluostar n’est pas très varié et c’est un peu dommage. FYRNASK arrive quand même à nous emporter dans son voyage vers le Nord avec des morceaux prenants, bien qu’ils utilisent tous la même recette et la même structure (développement d’atmosphères et parties Black incisives), seul "Ins Fenn" est globalement plus Black. "Ein Eld I Djupna" possède une montée d’ambiance bluffante et s’avère être une sublime pièce de Black atmosphérique, même chose pour "Bergar" qui démarre avec un chant féminin divin, et "Bluostar" présente les ambiances les plus travaillées du disque. Et bien sûr il ne faut pas négliger les très bons interludes purement ambiants que sont "Eit Fjell Av Jern" et "Die Firnen Tiefen" (ainsi que l’outro cachée), bien qu’il faille aimer ce genre de musique rituelle très mystique.

Livré dans un digipack en carton rugueux fort joli (même si le livret et le disque sont difficiles à ranger une fois sortis…), ce premier album de FYRNASK est une très belle pièce de Black atmosphérique singulier, entre atmosphères « à l’allemande », souffle nordique et passages reposants à la AGALLOCH/FEN (sans pour autant verser dans le « Post » ou dans l’acoustique). Si ce Bluostar avait été un chouïa plus varié (c’est vraiment le seul gros défaut de ce disque), il aurait pu faire écho à IIII de FARSOT et obtenir aussi le trophée du « premier album tendance chef-d’œuvre ». Il n’empêche que FYRNASK est un projet talentueux avec des ambiances très réussies, et l’on n’est pas loin de tenir entre nos esgourdes une véritable révélation avec cet opus. Reste donc à savoir comment le projet va évoluer, et j’attends le prochain opus avec impatience tout en dégustant sans fin ce très bon album, magnifique et souvent jubilatoire.


Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 11790