Souvenez-vous Gary Coleman, ce formidable petit nain black de Arnold & Willy. Mais si, il s'est même présenté pour devenir gouverneur de Californie. Bon c'était pas du jeu en face il y avait : Arnold Schwarzenegger, une actrice porno et un petit chinois à lunettes surdoué. Tout ça pour vous dire que le petit Gary a entendu toute sa vie le même refrain : "Dis donc c'est quand que tu grandis ??"... Et bien cette petite question pourrait également se poser à Fu Manchu. Car personne dans le mooooonde ne marcheuuuhh du mêmeuuuh passssss...

Et nous n'aurons pas de réponse avec le dixième opus des Californiens, le bien nommé "We Must Obey". Fu Manchu est sûrement le groupe de stoner le plus "gratuit" ou gentillet depuis son apparition avec "No One Rides For Free" en 1994. Développant un fuzzy rock parfois très punk (version skate), d'autres fois plus heavy à la Black Sabbath/AC/DC, le groupe a fini par se rapprocher de formation telle que Queens Of The Stone Age ou Unida. Ayant toujours revendiqué dans ses textes et son image l'appartenance au mouvement skate punk, surf punk et desert rock (dit en passant des textes compréhensibles même par des auditeurs assidu de MTV), le groupe n'a pas changé... Et c'est bien le problème.
La troupe mené par Scott Hill nous livre trente-six minutes de "tout pareil que le précèdent album" Start the Machine paru en 2004. Onze titres de stoner rock assez psychés, très agréables à écouter par titres séparés, mais qui s'essoufflent énormément sur la longueur. Pas de refrain digne de ce nom, des riffs groovy et fuzzy sympas mais sans plus, des solos sympas mais toujours pareils, et surtout aucun titre qui botte vraiment le cul. Le tout est très bien produit par Andrew Alekel (QOTSA, Weezer, Rancid) avec une touche au mixage final par Gene Grimaldi (Velvet Revolver, Pennywise), donc autant vous dire que ça sonne ultra pro et carré. Le problème vient des compos elles-mêmes !
C'est fait à la va-vite sans grande inspiration, alors oui ça s'écoute facilement et on tape un peu du pied, mais ça manque grandement de quelque chose (qui a dit une paire de couilles ?!). Le groupe a perdu l'âme rock'n'roll tranchant d'un "King Of The Road" ou d'un "Dardevil" qui était aussi gratuit que celui-ci mais nettement plus inspiré.

Peu de titres donnent envie d'être réécoutés, "Lesson" à la limite avec ses solos fuzz et son riff heavy voire le groovy "Between the Lines", et le rythme général nous fait limite piquer du nez. Un comble pour un groupe qui nous avait habitués à foutre le son à fond en bagnole et bomber sur les routes de Californie avec Ray Ban sur le pif et chemise à fleurs sur le dos.
Là, même pas un titre ne peut être sorti comme étendard, le pauvre Tony Hawk pourra se toucher pour la BO de son prochain jeu vidéo !!
Une reprise, "Moving In Stereo" de l'illustre groupe de new wave inconnu The Cars et surtout le mauvais "Sensei Vs Sensei" nous achèvent et déçoivent profondément, parce qu'au fond on les aime bien ces p'tits gars.

On s'ennuie donc profondément à l'écoute de "We Must Obey" qui s'avère être au final un sous Kyuss, Unida, Monster Magnet ou QOTSA (en plus punk bien sûr). Le côté psyché est toujours là, mais plus la magie. Le groupe n'a décidément plus grandi depuis le départ de certains de ses comparses pour former le génial Nebula et surtout après "California Crossing" où ils ont perdu l'homme aux mains d'or : Brant Bjork (parti faire une carrière solo). Depuis 2002 c'est Scott Reeder derrière les fûts (Souvent pris par erreur pour le bassiste de Kyuss, Unida, et Goatsnake Scott Reeder ).
Ceux qui auront envie de plus de maturité et d'inspiration iront donc directement vers le "Apollo" de Nebula paru l'année dernière. Pour les irréductibles de Fu Manchu préférez plutôt le EP "Hung Out To Dry" paru il y a quelques mois et disponible en vinyl et CD avec les morceaux : Hung Out To Dry (album version) / Between The Lines (album version) / Never Again (EP exclusive) / D.O.A. (EP exclusive, Cover de Van Halen). Cela vous coûtera moins cher et palliera à votre manque jusqu'au prochain album de Fu Manchu, qui espérons le aura grandi.

Après tout Gary Coleman peut bien se faire opérer et poser des écarteurs et tuteurs sur les os !!


Rédigé par : Layne | 11.5/20 | Nb de lectures : 12999