Il est plutôt étonnant de voir un tel groupe kroniké dans ces colonnes. Etant donné que SPV est un des rares gros labels non spécialisés à oser sortir des sentiers battus et à proposer des formations d'électro atypiques, je ne vais pas me plaindre.
Fusspils 11 (quel nom...des mycoses des pieds !) est en fait un side-project regroupant des membres de Ravenous et de Funker Vogt, deux combos d'électro allemands qui sévissent déjà depuis plusieurs années. J'en profite d'ailleurs pour recommander aux éventuels intéressés de s'aventurer dans la discographie de ce dernier, groupe assez dynamique sur scène et qui fait des ravages sur les dancefloors d'outre-rhin.
A la première écoute, j'ai cru avoir affaire à un clone de Funker Vogt. Le morceau introductif "Feiert F11 !" présente les mêmes caractéristiques que son glorieux ainé. Des beats très marqués peu à peu encerclés par des loops répétitifs limite obsédants et un côté à la fois dansant et guerrier. Ceux qui ont écouté "Survivor" de Funker Vogt sauront de quoi je parle. Pourtant dès le deuxième morceau, on s'oriente vers quelque chose de radicalement différent que je qualifierais grossièrement d'électro-pop parodique. Au milieu de quelques compositions personnelles, on retrouve un paquet de reprises arrangées à la sauce Fusspils. Si certaines peuvent être familières comme le "Für Immer" de Doro ou "Wo die wilden Rosen bluhen" qui cache le "Where the wild roses grow" de Nick Cave et Kylie Minogue, le germanophobe n'aura jamais entendu parler des chanteurs de variétoche bavaroise que sont Udo Lindenberg ou Howard Carpendale. Si j'ai la chance de les connaître par mes origines alsaciennes et par les goûts de chiottes de ma très chère maman, je conçois parfaitement qu'un public français ne se sentira pas concerné par ce délire strictement teuton. Le ton très léger de certaines chansons comme "Mein kleiner Freund", "So bist du", "Bodo Ballermann" ou "Alles" fera rendre le quatre heures de bon nombre d'auditeurs et seuls quelques rares titres plus enlevés et plutôt efficaces comme "Spielmacher", la chanson à boire "Schenk ein !" ou "Kalte Herzen" rassureront les amateurs d'EBM par leur qualités de composition et leur propension à faire bouger des popotins.
Si ce disque a parfaitement sa place dans les soirées goths et que le premier morceau a des fortes chances de devenir un incontournable des afters électro, cet album a bien trop de spécifications limitées au public allemand pour connaître le moindre succès en France. Personnellement, j'apprécie plutôt l'effort mais je ne recommanderais ce disque qu'à un public parfaitement avisé. A prendre au second degré voire plus.


Rédigé par : Loufi | 12/20 | Nb de lectures : 10545